Piers Faccini sort Two grains of sand, troisième album du folk man à la voix d’ange. Un album lumineux musicalement et sombre par le fond. A écouter.
Entrez dans l’univers de Piers Faccini. Voix proche du micro, Piers navigue dans un monde qui laisse exprimer une douce désillusion. on comprend mieux pourquoi le chanteur s’inspire d’ambiance gospel, de blues malien ou d’harmonies médiévales.
Plus blues que rock, la rêverie est en marche avec cet album de douze titres qui laisse tinter ses cordes sous toutes formes. Vincent Ségal, réalisateur d’un de ces précédents albums est repassé par là pour encorder certains morceaux et cela donne une jolie cohésion à l’ensemble. La guitare est présente dans tous les titres. La proximité du duo guitare-voix nous laisse parfaitement imaginer l’écrivain Piers penché sur sa guitare pour élaborer des mélodies aux courbes plus que séduisantes. Piers a quasiment produit l’album tout seul.
Piers ne cherche pas à en mettre plein la vue mais à l’oreille suffisamment fine pour nous étonner avec des morceaux d’une étonnante efficacité. « Two grains of sand » ouvre l’album sur des phrasés vocaux qui nous rappellent un certain Benjamin Fincher. D’autres l’apparenterait à Sufjan Steven, Ray LaMontagne ou Bonnie Prince Billy. Qu’importe, les voix doublées s’entremêlent, alors quand la deuxième s’envole à la tierce, le frisson est garanti.
D’autres morceaux penchent naturellement dans le rock. « A storm is going to come », rappelle la grille d’accords du « A l’envers à l’endroit » de Noir Désir mais si Canta plonge la structure dans une répétition martelée et rock, Piers la fait basculer dans une marche à l’harmonica qui relancera “the thunder has begun” et qui sent bon la version concert. On sent déjà les impros venir à grand pas. … Une boucle pour simplement dire encore. Le morceau dure 5’33’’ mais on ne s’en lasse pas. Une harmonie qui percute.
D’autres s’inspirent du blues malien d’un Ali Farka Touré, notamment dans les intros, « Your name no more » ou « time of nought » qui reprend des structures orientales pendant le morceau. L’art de transformer la guitare en luth !
Dans la douceur, Piers est imbattable. Quand il rappelle à la mémoire la disparition d’un être cher emporté par une overdose (Who Loves The Shade) à travers une ballade nostalgique et lucide. Quand il clôt l’album avec « My Burden is light », une complainte qui termine avec simplicité et dénuement l’album.
« Two grains of sand » est à découvrir au calme. Les couleurs et les différentes textures vocales incitent à la rêverie et séduiront à coup sûrs vos oreilles. Apaisant et charmeur. A écouter.
Tot ou tard – 2009