Ayant terminé mes études il y a très longtemps, cela devait bien faire au moins 20 ans que je n’avais pas vu un match de Roland Garros.
Autant vous dire que je me fous complètement du tennis, et que je ne suis pas allé voir « 5ème set » pour son sujet, mais plutôt pour son interprète, Alex Lutz. Et grand bien m’en a pris car le comédien porte le film avec le talent qu’on lui connait.
L’histoire: Thomas Edison (Alex Lutz, donc), un ancien petit prodige du tennis français rêve, à 37 ans et alors qu’il a un genou en vrac, d’accéder à la finale de Roland Garros qu’il avait laissé échapper sur une balle de match lorsqu’il avait tout juste 18 ans. Personne ne croit en lui et l’on se demande bien où il trouve la force, ou la folie, ou l’abnégation, de continuer à se battre. Quand tout le monde autour de lui se résigne à abandonner la compétition, lui pense qu’il n’en a pas fini avec les tournois.
Avec qui ou avec quoi a-t-il des comptes à régler ? Avec son impitoyable mère ? Avec sa femme protectrice ? Avec le jeune homme qu’il fut jadis et qui trébucha ? Avec son corps vieillissant qui le lâche ?
Tout cela, et plus encore, se mêle pour donner un film sobre mais prenant. Alex Lutz est extrêmement juste et suscite chez le spectateur une véritable empathie avec son personnage. On souffre avec lui et l’on a envie d’y croire, tout en n’y croyant pas (mais Thomas Edison y croit-il vraiment, au fond ?).
Le film ne tiendrait pas sans Alex Lutz, c’est sûr. Mais il faut aussi saluer les seconds rôles qui nous font croire à cette histoire aussi improbable qu’émouvante : Ana Girardot (Eve, sa femme), Kristin Scott Thomas (Judith, sa mère), Quentin Reynaud (son entraîneur, qui est aussi le réalisateur du film) ou encore Tariq Bettahar (un chauffeur compatissant mais pas téméraire).
La réalisation est honnête et parfois même trop didactique (le gros plan sur la cicatrice au tout début du film…). La direction d’acteurs est bonne (sauf pour Jürgen Briand qui appuie un peu trop le côté prétentieux et arrogant du jeune rival de notre héros). Le réalisateur (ancien tennisman) se fait plaisir en donnant un voir un match « comme à la télé ». J’ai l’air de critiquer comme ça, mais j’avoue que je me suis laissé prendre avec plaisir à cette rencontre épique qui m’a presque donné envie de regarder Roland Garros l’année prochaine. J’espère juste qu’Alex Lutz sera qualifié !
Sortie le 16 juin 2021
Un film de Quentin Reynaud
Durée 105 minutes