Pépites, joyaux et perles rares illuminent cette très intelligente rétrospective (1969-1993). Pour approfondir ou pour découvrir l’œuvre d’un sertisseur de génie.
C’est comme si on pénétrait dans un musée.
Premier tableau : la toute première demo du mythique Space oddity, enregistré dans sa chambre par David Bowie, en compagnie de John Hutchinson, d’une guitare douze cordes et d’un stylophone (curieux instrument électronique au son nasillard…).
Dernier tableau : une très dure version live (Amsterdam 1997) du très free Pallas Athena tiré de l’album « Black tie white noise ».
Entre deux, le parcours musical d’un génie, retracé avec une acuité et un à propos absolument formidables. Car contrairement à la plupart des compilations, le choix des titres n’a pas été déterminé en fonction de leur succès commercial, mais par rapport à leur importance dans la carrière de l’artiste, qu’il s’agit ici d’illustrer de façon logique et cohérente.
Et une fois les morceaux choisis, on privilégiera leur édition dans des versions rares ou alternatives. Le résultat est, bien entendu, tout à fait épatant pour un gros fan comme moi. Mais la visite devrait également passionner les hommes et femmes de goût, curieux de découvrir et de comprendre l’itinéraire artistique d’un créateur qui vient assurément d’ailleurs.
On passe de salle en salle, des œuvres de jeunesse aux œuvres de sagesse, sans contourner les périodes creuses, les égarements et les moments de faiblesse. Tout est intéressant quand il s’agit d’appréhender une œuvre dans sa globalité.
L’énigmatique et indispensable The Bewlay brothers est là. Le dernier enregistrement avec Mick Ronson et les Spiders from Mars aussi (1984/Dodo). Rebel rebel est présenté dans une version rare où Bowie joue tous les instruments (chant-guitare-basse-batterie !). La langue allemande donne une force supplémentaire au pourtant déjà très poignant Heroes (Helden), période Berlin 1977. Et la progression de cette version live de Station to station ! Et la froide sensualité de Cat people dans sa version du film « La féline »…
On passe de salle en salle jusqu’au pied du Buddha of suburbia, bande son d’un film oublié.
Pour être parfaitement complet, on aurait sans doute dû rajouter un gros cinquième CD correspondant à la période 1995/2003 où cinq très bons albums ont vu le jour dans les mains d’un David Bowie en plein regain créatif.
Les véritables artisans de ce magnifique travail sont les canadiens de chez Rykodisc, qui avaient élaboré le premier coffret Sound + Vision fin 1989. Rapidement épuisé, cet objet était devenu pièce de collection bowiephile.
Alors il y a dix ans, EMI a récupéré le bébé, l’a luxueusement relooké, agrémenté de quelques titres plus récents et puis ressorti sous cette forme, qu’on peut encore s’offrir avant qu’il devienne collector à son tour.
Hormis un poster sans intérêt (et plié en douze, donc inutilisable), le superbe livret bourré de belles photos rares, l’intéressante histoire parallèle (en anglais) et les cinq heures de voyage au pays du caméléon feront de vous une fois encore des enfants (du rock) gâtés-pourris.
Et puis, tenez : cet excellent reportage en cadeau-bonus :