Ecouter un disque de Bjork revient aujourd’hui à regarder un film de science fiction ou lire un bouquin qui regarderait très loin dans les espoirs de l’humanité. De la musique d’extraterrestre.
Depuis son premier disque, on le sait: Bjork, l’Islandaise discrète à la voix d’acier, ne vit pas vraiment sur la même planète que nous. Au fil des albums, on a bien remarqué que la distance entre nous et elle devenait de plus en plus conséquente. La star brillait toujours mais on la percevait de moins en moins capable de s’adresser à nous, pauvres mélomanes qui regardions dans le ciel si Bjork, étoile qui file ne voulait pas freiner un peu sa course.
Visiblement elle a remis un pied sur terre la petite Bjork mais a bien changé: suffit de voir la très « bis » couverture de son neuvième album, Utopia. Bjork serait donc le croisement désormais de Diana Ross et de l’étrange créature du lac noir!
Pourquoi pas? En tout cas, elle assume sa nature extraterrestre que l’on soupconnait depuis son disque Debut en 1993. La mignonne Islandaise aux yeux de biche a muté en un étrange personnage protéiforme qui communique avec une flute, des ordinateurs, des choeurs et un producteur, le Vénézuélien Arca!
Cela donne un disque très dense, très long, sans hit et sans mélodie franchement marquante. Pourtant, il y a de l’ambiance. Utopia est une oeuvre plutôt littéraire, classique mais travaillé avec des sons actuels et des bidouillages qui nous font voyager dans un autre monde.
Tel Peter Pan, elle nous charme avec sa flute et nous emmène dans un univers élégiaque, jeune et fascinant par ses surprises. Les animaux y sont l’inspiration mais l’interprétation broie la mécanique des ordinateurs avec l’organisme d’instruments classiques. La voix fera le lien. La formule est connue. Mais Bjork devient une narratrice hors pair. Elle nous perd certes dans sa contrée sauvage mais la promenade a un charme atypique. De nouveau, on veut bien décoller avec elle! Where no man has gone before!
One little Indian – 2017