« Berlin Kabarett »: que voilà un titre intéressant et prometteur. J’imaginais déjà le monde interlope de l’entre-deux guerres, sous la république de Weimar, les dernières années fastes avant la haine nazie. Homosexuel(le)s, hétérosexuel(le)s, tout le monde voulait s’amuser de façon effrénée. Bref, on pouvait espérer passer un bon moment. Ou, tout au moins, intéressant. Hélas, le spectacle est décevant.
Certes, les décors sont réussis, une prouesse dans cette petite salle en sous-sol qui se prête davantage aux monologues ou aux dialogues. De la lampe de bureau à la TSF en passant par les téléphones et les tentures, on s’y croirait.
La mise en scène offre aussi quelques bonnes trouvailles. Jeux de lumières qui évoquent le cinéma burlesque mais aussi enregistrements de bombardements et de discours d’Hitler… On reconnaît également la patte d’Alma de Villalobos, la chorégraphe des « Caramels fous ».
Mais… Car il y a un mais. Voire plusieurs. Le texte, tout d’abord. Chaque scène pourrait être réussie. Des petites filles habillées en tyroliennes (Eva Braun ?) à l’hommage à « L’ange bleu », en passant par « Cabaret » et « Portier de nuit », on éprouve un sentiment de « trop ». Trop long. Redondant. Pourquoi insistent-ils donc ainsi, rajoutant des phrases qui nuisent à l’effet ? Résultat : la fin de presque chaque scène tombe à plat. Mauvaise chute. On aurait envie de dire : « Mais non, arrêtez-là, enfin, c’est lassant ». Voire lourd.
Quant aux voix, elles n’envoûtent pas, ne charment pas, hormis celle du pianiste, Fritz (Stéphane Corbin). Victor, le fils de Marisa Berenson (interprété par Sebastiàn Galeota) chante ou trop fort ou pas assez, et sa voix est parfois un peu terne. Dommage, car l’interprète a une réelle présence.
Marisa Berenson (Kirsten) est peu crédible en femme sans scrupule qui couche avec les nazis parce qu’il le faut bien. Son jeu manque de relief et d’inventivité. On ne croit pas une seconde à la haine qu’elle éprouve à l’égard de son fils. Et sa voix ne convainc pas. Ses longues stations assises au bureau à feuilleter quelques papiers, fume-cigarettes à la main, auraient pu se transformer en saynète touchante de femme murmurante, se penchant en voix off sur ses erreurs passées.
Outre ces remarques, on s’interroge sur un autre comportement récurrent : quel besoin de mimer à tout moment la sodomie ? Quel intérêt ? On se doute bien que dans ces lieux, les garçons ne s’adonnaient pas au tricot ou à la belote. Au bout d’un moment, ça devient ennuyeux et surtout vulgaire. Bref, une fois encore, il y a redondance.
L’auteur Stephan Druet précise qu’il a écrit « Berlin Kabarett » en quelques semaines. Peut-être aurait-il dû prendre plus de temps.
Jusqu’au 15 juillet 2018
Du jeudi au samedi 21H. Dimanche 17H30.
Tél. 01 45 44 50 21
75, bd du Montparnasse, 75006 Paris
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