Est ce bien nécessaire de faire une suite au polar noir et solaire de Denis Villeneuve?
L’élément féminin du premier film a disparu. Il reste le sombre tueur (Benicio Del Toro) et l’agent manipulateur (Josh Brolin). Les deux hommes doivent de nouveau copiner lorsque la frontière mexicaine est de nouveau le coeur des violences les plus abjectes.
Ce n’est plus de la cocaïne qui passe la frontière mais des hommes et des femmes… mais aussi des terroristes. Ca ne peut plus durer. Donald Trump n’a plus le temps de construire son mur en béton. Les barons des Cartels font dans le trafic humain et ce n’est pas du gout du duo de justiciers, qui ne connaissent aucune loi pour faire régner l’ordre.
La frontière mexiciaine est donc le symbole de cette ambiguité des lois, de la violence, de la justice. Le bien et le mal s’entremèlent. Les maux de la Terre se compriment sur cette ligne. Et le spectateur est une nouvelle fois interrogé sur son rapport à la violence, l’action et le « fun »!
Villeneuve n’est plus à la barre. Stefano Sollima se débrouille lui aussi pour nous jeter de la poussière dans les yeux et nous demander ce que l’on pense de la violence. Moins évaporé que Villeneuve, ce second volet reste avant tout un néo western toujours crépusculaire.
Del Toro est toujours charismatique et Brolin a toute son énergie pour nous embrouiller dans un projet de vengeance nationale plus que casse gueule. Le film avance sans se retourner, se permet quelques facilités agacantes, mais continue de creuser une apreté que l’on connait peu. Et juste pour cela, cette suite est loin d’être indigne et vaut un petit détour…
Avec Benicio del Toro, Josh Brolin, Isabella Moner et Jeffrey Donovan – Sony – 2018