Houla, je regrette pour la nouvelle génération ce petit plaisir de fouiller dans de vieux disques et de les écouter à nouveau. La dématérialisation, ca n’a pas que du bon. Une petite visite au fond d’une cave et ca réveille des souvenirs. De l’odeur même de la pochette jusqu’aux riffs qui restent coincés dans nos mémoires.
Nous sommes donc quelques mois avant la déflagration du grunge et du metal. Metallica se met en retrait pour composer son black album. Les morveux de Seattle commencent doucement à se faire entendre. Les Guns doivent confirmer leur succès.
Au milieu de tout cela, il y a déjà Motley Crue pour défendre le rock qui en a dans le pantalon. Ils ont des tatouages. Ils ont une libido de repris de justice. Ils ont de vilaines habitudes qui défraient la chronique. Ils sont entre le grandiose et le burlesque.
En matière de sexe, de drogues et de rock’n’roll, on ne fait pas plus stéréotypé que nos solides gaillards californiens de Motley Crue. Déjà au sommet, Dr Feelgood vient donner le change à ceux qui les pensaient finis.
Il y a du gros riff. Le hard reprend sa place aux mises en scènes et aux looks pour le moins improbables. Le groupe ne s’éparpillent pas dans les faits divers. Il convoque Bob Rock, le producteur de The Cult, pour mettre de l’ordre dans leurs chansons.
Elles se succèdent avec une redoutable efficacité, qui peut annoncer tout le bruit et la fureur qui va suivre à l’entrée des années 90. Derrière la beauferie, il y a bien une rage qui va plaire à tous. Tommy Lee et ses compagnons ne veulent pas se laisser faire. Ils finiront par plier dans le ridicule par la suite mais ce Dr Feelgood a encore de la tenue et joue parfaitement son boulot de Madeleine de Proust. L’auteur et Motley Crue dans le même article, c’est aussi ca la magie de la musique!
Elektra – 1989