Après les vampires, l’indépendant Jim Jarmusch se mesure aux morts vivants. Le résultat est évidemment particulier.
Car le cinéma rock’n’roll de Jim Jarmusch est déjà un genre en soi. Un espèce de cinéma sur le spleen existentiel. Son cinéma tourne autour des marginaux ou des gens trop ordinaires pour être des héros. C’est le cas du duo de « guerriers » de The dead don’t die.
Deux policiers. Un vieux et un jeune. L’un semble ailleurs et l’autre semble plus intéressé par le cinéma que par son métier. A Centerville, il fait bon vivre. Seul un ermite gène le quotidien très calme, presque éteint de cette toute petite ville perdue.
On y retrouve le fermier facho, le vieux solidaire, le petit geek ou les adolescents têtes à claques. Des clichés dans le film de zombie, il y en a des tonnes et Jim Jarmusch les embrasse avec cette impression de jemenfoutiste élégant.
D’ailleurs son film ne va pas prendre vraiment en compte le raz de marée autour du genre, de L’armée des Morts jusqu’à Walking dead en passant par World War Z. Jarmusch remonte à la source, au cinéma de Romero bien sûr mais aussi Ed Wood et quelques bisseries mythiques où l’on peut croiser Bela Lugosi.
Alors il ne faut pas chercher un spectacle efficace. Non, Jarmusch refuse le sérieux mais entreprend de faire un film presque social, entre son sens du cadre assez fascinant sur une ville déjà morte, et des créatures perdues dans la société de consommation.
Pour lui, nous sommes tous des zombies, des pantins. La nonchalance peut agacer mais elle a le mérite de prendre du recul sur tous les clichés du genre. Trop malin, Jarmusch n’est pas tout à fait à l’aise avec ces monstres mais le résultat est évidemment singulier et ce n’était pas gagné puisque le genre est presqu’une norme désormais!
Avec Adam Driver, Bill Murray, Chloe Sevigny et Tilda Swinton – Universal – 14 mai 2019 – 1h40