Tout le monde connaît BB, l’icône des Trente Glorieuses, la « femme la plus belle du monde ».
Initials BB, tel était le titre de Serge Gainsbourg, qui lui a écrit aussi Harley Davidson, un scopitone sexy où la jeune femme était en combinaison de cuir sur une moto. Sans oublier la fameuse chanson Je t’aime moi non plus, dont elle demanda l’interdiction.
Bref, BB, c’est tout ça. Mais Brigitte, qui est-elle donc ? Issue de la grande bourgeoisie française, elle grandit dans une famille où tout le monde se donne des surnoms, tous plus mignons les uns que les autres. Ainsi, son grand-père, c’est « Le Boum », et sa sœur, « Mijanou ».
L’auteur de cet ouvrage, Michel Goujon —même s’il n’est pas le premier — offre un regard réellement différent sur la femme, que le star system dérangeait, elle si sauvage déjà.
Pas étonnant donc que, dès les débuts des années 1970, BB devient Bardot. Adieu les feux des projecteurs et le grand écran, seule la télévision va lui servir, mais comme outil nécessaire à son combat. Loin des hommes désormais, elle est en effet le défenseur des animaux. Tout le monde se souvient des bébés phoques. Mais au fur et à mesure des années, ce combat s’élargit à de nombreuses espaces animales en danger. Grâce à sa fortune, elle crée la Fondation Brigitte Bardot. Son existence à La Madrague tourne également autour de ses bêtes. Celle qui était déjà végétarienne depuis longtemps a opté pour leur compagnie et dit adieu au show bizz. Et c’est là que l’angle choisi par l’auteur du livre prend tout son sens. Bardot s’est isolée délibérément et ne sort de son silence que pour quelques déclarations parfois dérangeantes. C’est toute sa quête de spiritualité, son besoin de sens, que Michel Goujon souligne aussi avec justesse et sensibilité. Ses échanges avec l’écrivain Marguerite Yourcenar en font partie.
Mais ce livre est bien plus que ça. Le style est littéraire, souvent poétique et élégant, et l’auteur retrace avec justesse le parcours de vie de cette femme hors normes. Un être énigmatique sur lequel Michel Goujon s’attarde avec élégance et subtilité.
Bardot est aujourd’hui une vieille dame, mais la jeune fille au franc-parler surprenant n’est jamais loin.
La recluse, Michel Goujon, éditions Plon, 420 pages