Bizarrement, Ridley Scott pourrait être la référence de Black Coal, humble production chinoise. Des délires futuristes de l’auteur de Blade Runner, on retrouve cette ambiance urbaine et poisseuse. L’homme est écrasé par un décor massif, sombre, flippant ou les seules lumières sont artificielles.
L’inspecteur Zhang semble touché par cet environnement déprimant. En 1999, il enquête sur un meurtre ignoble dans un ville minière, balayé par la neige. Traumatisé par la mort de ses collègues durant l’opération, Zhang quitte la police pour devenir une ombre de la cité ouvrière. Cinq ans plus tard, de nouveaux meurtres similaires inquiètent la police qui fait appel de nouveau à Zhang. Les révélations vont toucher l’ex policier…
Black Coal nous plonge dans un quotidien affreux, sale et méchant. Yinan Diao, l’auteur du film, filme tout cela avec une virtuosité qui se confond avec de l’intelligence. Sans grand moyen, le réalisateur transcende son décor glauque pour le transformer en labyrinthe métaphysique. Les plans séquences, le découpage ou les ellipses servent cette prise de hauteur. Il fait du Ridley Scott avec le prix du fauteuil de tournage du réalisateur anglais.
Le film social, le polar froid et le drame amoureux se mélangent habilement. Il y a bien quelques longueurs dans le développement des personnages mais l’air de rien, avec une simplicité déconcertante, le film prend la tangente et se révèle subversif et imprévisible.
Bien entendu il est question de condition humaine, son abusrdité, mais le réalisateur cherche aussi à faire du cinéma, à défendre l’humanité par une vision désespérée, naturaliste mais esthétique malgré tout. C’est beau, envoutant, un peu trop défaitiste mais rares sont les polars avec une telle profondeur.
Avec Lun Mei Gwei, Fan Liao, Xue Bing Wang et Jing Chun Wang – Memento – 11 juin 2014 – 1h46