Sortie estivale du chef d’oeuvre de Wim Wenders de 1984. L’occasion de redécouvrir la force évocatrice américaine. Et la musique de Ry Cooder!
C’est peut être elle la vraie star de la Palme d’Or en 1984. Cette musique lancinante écrite par Ry Cooder, tête chercheuse de la musique, future héros de la world music. Ici il creuse les racines du blues et de la folk.
Inspiré par le style du pionnier Blind Willie Johnson, la musique tourne autour de la slide guitar et électrise doucement l’émotion. Dans les années 80, Cooder travaille beaucoup pour le cinéma mais décroche lui aussi sa Palme d’or avec Paris, Texas. C’est une référence ultime en matière de musique. Il brise le son synthétique des eighties. L’humanité explose dans ses accords simples et d’une beauté lyrique incroyable.
En tout cas, aujourd’hui encore, le travail musical sert le rêve américain de Wim Wenders, heureux de travaillé sur une scénario de Sam Shepard, autre héros américain. Tout son film erre autour des grands mythes yankees.
Il y aura donc les grands décors du western. Les paysages immenses qui écrasent un héros mutique dans un premier temps. Nettoyé et numérisé, le film est encore plus évocateur trente ans après. On découvre à quel point il a marqué les rétines de plusieurs générations: c’est un film charnière, entre désenchantement culturel et modernisme artistique!
Wim Wenders retrouve donc dans son film toutes les figures qu’il aime dans le cinéma américain: le héros solitaire, la blonde séduisante, l’enfant innocent et tous les seconds rôles porteurs d’espérance. Il les installe dans une Amérique des années 80, triste et belle en même temps. Ces stéréotypes hollywoodiens ne sont pas de ce monde mais Paris Texas leur invente une vie dans la réalité, dur et cruel.
La restauration nous plonge un peu plus dans cet espace infini et fantasmé puis cet état des lieux si difficile. Le grand et le petit. Le grandiose et la petitesse. La démesure s’imprime dans les décors avant que le romantisme prenne le dessus et embrasse une tragédie contemporaine.
C’est un mélo flamboyant que l’on revoit sur grand écran. On admire l’érotisme des acteurs: le couple Harry Dean Stanton et (évidemment) Nastassja Kinski est sublime. Wenders réalise son rêve à l’époque. Trente années plus tard, on reste hypnotiser!
Avec Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell et Aurore Clément – 1984