Dario Fo, célèbre dramaturge italien et prix Nobel de littérature 1997, est l’auteur de cette pièce assez irrévérencieuse sur François d’Assise, ce fils de grands bourgeois qui au XIIème siècle a renié la richesse de ses parents (allant jusqu’à se mettre nu dans un église pour tout rendre à son père, même ses vêtements!) afin de vivre dans la pauvreté avec ses compagnons.
A une époque où seuls les prêtres étaient autorisés à dire l’évangile, dans leur église et en latin, François d’Assise a voulu raconter la vie de Jésus en tout lieu et en italien. Il fascine les foules en leur narrant la Bible à sa façon.
« Quelle bonne religion nous avons là! » dit la foule quand Jésus transforme l’eau en vin ou lorsqu’il multiplie les poissons (désarêtés, s’il vous plait) !
A l’image de François qui est revenu à l’épure de l’évangile pour mieux lui donner sa dimension pleine et entière, le metteur en scène Claude Mathieu revient à l’essentiel du Théâtre pour mieux le magnifier. Pas de décor. Une table pour tout accessoire. Un seul comédien (pour une vingtaine de personnages). Et quel comédien !
Il y a quinze ou vingt ans, Gallienne m’apparaissait comme un artiste talentueux. Puis, je trouve qu’il s’est un peu perdu dans une forme de caricature de lui-même, que ce soit dans « Guillaume et les garçons, à table! » ou, pire, dans « Ça peut pas faire de mal » sur France Inter. Gallienne faisait alors du Gallienne et c’était lassant.
Gallienne montre ici l’étendue de son talent. Lorsque commence la pièce, l’on est un peu décontenancé ; mais on ne sait pas trop par quoi au juste. Il m’aura fallu un certain temps pour réaliser que Guillaume Gallienne, de la Comédie Française, ne déclame pas, mais qu’il parle. Tout simplement. Et pourtant, on l’entend, même à l’autre bout du théâtre. Et pourtant il joue, sans aucun conteste.
Avec François, la Bible est une histoire accessible à tous. Avec Guillaume, la vie de François est un conte, l’histoire d’un homme complexe à la fois bourgeois et pauvre, indépendant mais pistonné, drôle mais tragique, illuminé mais visionnaire.
Et je me suis senti comme un enfant qui écoute avec délice et fascination son père qui lui raconte une histoire passionnante, drôle et tragique. La vie, quoi !
Jusqu’au 03 octobre 2021
Théâtre Montansier, Versailles
1h30 – de 5 à 39€