Un homme, deux femmes et un site porno ! Bienvenue dans la vie romantique du début de siècle !
Le constat est le même depuis une certaine chanson d’Alain Souchon : l’ultra moderne solitude. Plus on communique, moins on se parle ! L’étreinte n’est plus qu’une application qui mène à des histoires sans lendemain. On reste seul devant son écran et on rêve très fort… mais il ne se passe rien car on est coincés sur les réseaux, labyrinthe dangereux pour ceux qui veulent aimer.
Jacques Audiard, défaitiste et formaliste, ne pouvait que faire ce constat comme de nombreux autres auteurs de cinéma. Mais à notre grande surprise, il a décidé d’en rire et même d’espérer. L’Amour triomphe à la fin. Audiard a donc l’envie d’une comédie romantique, mais à sa manière !
Donc nous allons circuler dans le marasme affectif de trois personnages pilotés par leur solitude et leur besoin sourd d’amour. Le trio est jeune et contemporain. Il est un peu paumé dans une société qui évacue rapidement tout sentiment.
Alors ils font pareils pour ne pas être délaissés. La chaire est triste dans un premier temps. Le merveilleux noir et blanc du film transcende les corps qui finalement se cherchent, s’emboitent mais ne se trouvent jamais.
Les comédiens donnent tout à l’image. Ils sont justes et assez burlesques finalement. C’est souvent beau car Audiard, comme à son habitude, scrute minutieusement les corps pour comprendre ce qu’il y a dans la tête. Il trouve un humour particulier certes mais on ne lui connaissait ce coté presque « fleur bleue ».
Il y a certes des drames intimes qui pourraient plomber l’ambiance et toujours une tendance moralisatrice mais le réalisateur du Prophète, ne regarde pas les hommes tomber, cette fois ci. C’est bien la grande qualité de cette visite étonnante et souvent déroutante de ce 13e arrondissement si exotique et si proche de nous. Pourquoi ces rivières/soudain sur les joues qui coulent/ dans la fourmilière? se demandait Souchon. Audiard cherche la réponse!
Sortie le 03 novembre 2021
Page 114 Productions
105 minutes