La petite araignée du quartier continue son petit bonhomme de chemin sur l’autoroute des blockbusters standardisés avec une certaine réussite. Ce nouveau volet défie le passé, le présent et le futur.
Du passé, Peter Parker va devoir affronter une grande partie des ennemis vus dans les autres films. A cause d’un tour de magie du mystérieux et rigolard Dr Strange, Peter Parker découvre les Multiverses avec leurs dimensions différentes et leurs destinées diverses. Il se retrouve, entre autres, face au machiavélique Bouffon Vert (sublime Willem Dafoe) venu des films de Sam Raimi ou l’homme électrique aperçu dans le diptyque de Marc Webb. Jon Watts secoue tout cela pour son troisième film qui clôt avec plus ou moins de bonheur une nouvelle trilogie, plus jeune, légère et sympathique.
Ce cinéaste a bien appuyé sur l’humilité du super héros, défenseur de New York, adolescent romantique perdu dans le monde moderne et incroyable acrobate pour coller des bourre pifs à des monstres terrifiants. Aidé par son casting, il a réussi à faire de Spider-Man, une chronique cruelle sur ce passage vers l’âge adulte et la fin de l’innocence. Tout en restant spectaculaire.
Car ce nouvel épisode est bien un blockbuster marqué par Marvel. Ça dure trop longtemps. Il y a des scènes d’action incroyables. La musique est un accessoire trop peu respecté. Le film continue de nous entraîner dans le révisionnisme ambigu de Marvel qui réécrit les films de genre, l’histoire américaine et révolutionne encore Hollywood par ses liens narratifs entre tous les films de ce studio omnipotent. A la différence des deux précédents épisodes, celui-ci est un peu fatigant.
Car ce film a l’ambition de préparer le futur. Si l’ambiance de ce film est très agréable (un oscar de la coolitude éternelle pour Marisa Tomei s’il vous plait), on a le droit d’être un peu sceptique devant un scénario trop tortueux pour être honnête. Il cherche simplement les conditions idéales pour préserver le super héros, poule aux œufs d’or du studio et pouvoir encore justifier d’autres films sur le personnage. L’entreprise est arriviste et ne s’en cache pas du tout.
Ce No Way Home pourrait donc être insupportable mais reste bizarrement attachant. Son charisme et sa mythologie résistent visiblement à tout et on trouve même de très jolies scènes avec de l’émotion. C’est ce semblant d’humanité qui fait peut être la différence avec tous les autres films de super-héros. C’est ce qui fait la valeur de ce film pas nécessaire mais très plaisant.
Au cinéma le 15 décembre 2021
Sony Pictures