Après Le temps de l’indulgence de Madhuri Vijayun, je continue d’explorer la littérature indienne contemporaine avec Fuir et Revenir, de Prajwal Parajuly. Autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas été particulièrement emballé par ce roman.
L’histoire est simple. A l’occasion de son quatre-vingt-quatrième anniversaire (une célébration particulièrement importante en Inde, Chitralekha, une vieille dame à la poigne de fer reçoit chez elle ses quatre petits-enfants qu’elle a élevés. Chacun d’eux a quitté le pays à l’âge adulte, et tourné le dos aux traditions du Sikkim, l’état indien situé au cœur de l’Himalaya, dont ils étaient originaires.
» La vieille femme (a) des comptes à régler avec tout le monde. » (page 134)
Chacun a un secret honteux qu’il veut cacher aux autres, par peur de leur jugement. Bhagwati – qui s’est mariée avec un homme d’une caste inférieure – n’a pas trouvé la fortune aux États-Unis d’Amérique où elle est réfugiée. S’il a réussi professionnellement aux USA, Agastaya, lui, n’assume pas son homosexualité. Manasa a fait de brillantes études et un beau mariage, mais elle a dû renoncer à sa carrière à Londres pour jouer la garde malade auprès de son beau-père. Ruthwa, quant à lui, a commis un acte impardonnable en écrivant un roman où il a dévoilé un secret de famille.
Seule Prasanti, la « domestique demi-genre (…) persécutrice née » (page 109), est restée auprès de la matriarche dont elle fait figure de fille adoptive loyale mais irrévérencieuse.
Dans ce livre, tout semble à la fois survolé et très long. L’auteur, Prajwal Parajuly, se lance dans des pistes prometteuses qui n’aboutissent jamais réellement. Par exemple, le dévoilement du secret révélé par Ruthwa dans son livre tombe totalement à plat ; peut-être parce qu’on l’a trop attendu…
La lecture de ce livre n’est pas inintéressante en ce que le roman est exotique et dépaysant. Ainsi, j’ai appris quelques choses sur les dissensions qui traversent l’Inde, et sur le poids des traditions et des religions. Oui mais voilà, je n’ai pas été touché par l’histoire. Les parcours de vie des protagonistes, leurs états d’âmes, ne m’ont pas ému, ne m’ont pas touché. Surtout, je ne me suis jamais attaché aux personnages qui ne sont ni sympathiques ni pour autant le genre d’anti-héros qu’on adore.
Parution le 18 août 2022
en poche chez 10/18
Éditeur originel: Emmanuelle Collas Éditions
Traduction Benoîte Dauvergne (Anglais, Inde)
384 pages / 8,50€