Voilà pour le moins un texte étrange.
Étrange, grinçant, amusant et cinglant, mais aussi dérangeant.
Cette fable métaphorique met en scène un groupuscule religieux minoritaire dans la New York d’aujourd’hui, en plein Brooklyn. D’ailleurs, pourquoi Brooklyn ? Sans doute parce qu’une autre y est installée, ou est-ce la même ?
Ici il est nécessaire de jouer des coudes pour déceler la métaphore.
Le fond de cette pièce raisonne comme le poids des dogmes sur la conscience, et c’est cela le dérangeant.
Shalom Auslander pose le doigt, et même la main entière, sur un aspect récurrent des religions ; jusqu’où doit-on accepter, adopter, adhérer, aux Écritures dictant les règles de l’ouaille bigote ? La question est de taille.
Avec Maman pour le dîner, l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère. En effet, l’un des commandements de la secte « cannibalo-américaine » est l’assimilation des défunts par les descendants. Entendons nous bien, assimilation signifie, manger, bouffer, bref, se repaitre de la chair de l’être disparu.
Alors oui, la question se pose, mais surtout elle interroge partout, dans toutes les religions du monde, l’application aveugle des commandements, la peur de transgresser jusqu’à inhiber la libre réflexion.
L’humour de Auslander fait sourire, sursauter, mais aussi, réfléchir.
Paru le 19 janvier 2023
chez 10/18
312 pages / 8,90€
Traduction: Catherine Gibert