Cette semaine ce sont de vieilles connaissances qui font l’actualité. On le sait désormais : le rock est aussi un truc de vieux ! On aime bien la décharge post-adolescente des premiers albums. On reste dubitatif sur des albums qui se mettent à se répéter mais, de temps en temps, les rockeurs trouvent le moyen de se refaire et retrouver le mojo !
Quand il ne se moque pas de son frère, Noel Gallagher est capable d’écrire de bonnes chansons. On en trouve un certain nombre sur son quatrième album solo, Council Skies.
Le soupçon sur l’artiste : vouloir ressembler à l’un de ses idoles, Paul Weller. Comme lui, l’aîné des Gallagher aime bien triturer son genre de prédilection pour en sortir quelque chose d’original. Ça a donné des trucs parfois psychédéliques ou un peu fumeux. Cette fois-ci il fait dans la douceur. Son disque est tendre, à l’inverse de ses interviews belliqueux.
Avec une pointe de soul music, il fait une fois de plus évoluer son style. Ça fonctionne bien. De Manchester, avec son groupe High Flying Birds, il continue d’étudier et décomposer la musique d’Oasis. Mais il le fait sans mélancolie et avec une vraie amabilité qui s’entend au fil des titres.
Il y a aussi de beaux sentiments dans le onzième album des Foo Fighters. On se demandait comment le groupe allait réagir après la disparition de leur batteur, Taylor Hawkins. But Here We Are est donc la réponse à cette épreuve.
Après la disparition de Kurt Cobain, Dave Grohl s’est fabriqué une âme de guerrier du rock avec les Foo Fighters. Il devient ici une sorte de sage qui affronte la mort une fois de plus avec une énergie brute et lyrique.
On ne change rien mais ça change tout. Avec la tragédie les chansons sautillantes ont évidemment une autre saveur. Le groupe continue de dérouler son savoir faire. Riffs ravageurs, batterie malmené, chant protéiforme… Grohl semble lutter contre les mauvais esprits et résiste de la plus belle des manières ! Le rock des Foo Fighters est mainstream mais particulièrement touchant au fil de ces nouvelles chansons.
Ben Folds ne fait plus depuis longtemps dans le rock (faussement) sauvage. Dans les années 90 avec le Ben Folds Five, il avait fait le lien assez fou entre le grunge et Elton John!
Et le résultat était original. En solo, le chanteur pianiste est devenu l’un des plus convaincants disciples de Brian Wilson, héros torturé des Beach Boys. Il a donc beaucoup freiné le rythme et s’est pris de passion pour les arrangements.
Ses disques sont tous atypiques et souvent passionnants. Son petit dernier (après six de silence) ne renouvèle pas la formule. Une fois de plus elle est peaufinée par Ben Folds.
Tout est donc d’une finesse réfléchie. On adore aussi sa façon de croquer les petites choses de la vie avec ce goût pour la nuance et la mélodie. Il y a peut être un peu trop de nostalgie dans What Matters Most mais sa vision de la musique est quelque chose de rare donc précieux. Comme les autres briscards, leur expérience commence à faire la différence et dans ces trois cas cela réussit bien à leurs nouvelles aventures musicales qui pour une fois ne font pas dans la redite ronflant.
Noel Gallagher’s High Flying Birds – Council Skies
The Foo Fighters – But Here We Are
Ben Folds – What Matters Most