Ce fut l’événement de cet été : les concerts de Blur ! Damon Albarn retrouve ses copains pour nous faire remuer dans tous les sens et rappeler le sens aigu du show à la sauce brit pop. Le retour du groupe était inattendu tellement les membres semblaient bien occupés chacun dans leur coin. Mais voilà, ils étaient de retour et ont mis le feu dans de nombreux festivals.
Et en plus, ils sortent un album, The ballad of Darren. Et là, un problème se pose: peut-on apprécier le temps qui passe et use les stars de notre enfance ? Au début des années 90, la brit pop donnait un coup de fouet au monde de la musique, après les effets morbides du grunge. Les dandys prenaient le pouvoir. L’humour anglais s’immisçait dans des mélodies juteuses. Les lads de Manchester voulaient se battre avec les bourges de Londres. Les quatuors qui devaient bousculer l’Angleterre étaient si nombreux…
On adorait cela et maintenant qu’est ce qui nous reste de ses gloires passées? Les vestiges de cette époque sont-ils encore solides? Les meilleures recettes sont-elles dans les vieux pots du Royaume-Uni. Il vaut quoi finalement le dernier Blur ? Honnêtement, ce n’est pas un album qui fait sautiller. Les quinquas ont peut être des problèmes de hanches aujourd’hui et Blur ne veut pas se laisser aller à une fausse jeunesse retrouvée.
Au contraire, les paroles sont mélancoliques et le rythme est nettement moins rigolard. A l’image de la pochette signée Martin Parr, tout se fait dans les contrastes. On retrouve les guitares très capricieuses de Graham Coxon, toujours ravi de vriller sur des morceaux discrètement maîtrisés par Alex James et Dave Rowntree. Mais une certaine tristesse résiste.
Le disque est en demi teinte. On entend Blur mais ce n’est vraiment plus le groupe de Parklife. Les retrouvailles sont empreintes de nostalgie. C’est beau mais pas totalement convaincant.
On est plus heureux finalement de suivre le parcours du Teenage FanClub qui continue un parcours chaotique mais vraiment généreux. En tout discrétion, ce qui est un peu une honte. Nirvana adorait le groupe et pourtant Norman Blake et ses amis ne sont pas arrêtés à une pop énervée. Au contraire, le groupe est devenu un disciple d’un son scintillant, doux amer et aux harmonies irréprochables. En 1997, le groupe signe peut être un sommet du genre : Songs from Northern Britain.
On a souvent enterré le groupe mais avec les années, Teenage FanClub est devenu un groupe sage, qui ne se laisse pas aller. On les devine toujours à la recherche de la mélodie ultime ou de la chanson pop dégraissée.
Rien n’est éternel mais les Écossais rêvent d’un disque apaisé qui offre un havre de paix à tout auditeur qui passe. Nothing Last Forever n’est pas un chef d’œuvre mais on a l’impression de retrouver de vieilles connaissances que l’on trouve plutôt en forme et prolixes.
Ce qui n’est vraiment pas le cas de Slowdive, groupe disparu en 1995 et qui a fait sensation en 2017 en signant un puissant quatrième album sorti de nulle part. Phénomène du shoegazing, on peut voir leur retour car le genre est revenu à la mode. Le groupe de Rachel Goswell n’a rien perdu de sa superbe. Il impressionne après un si long silence et cela se confirme avec leur nouvel album : Everything is Alive. Ils sont donc plus bavards que My Bloody Valentine mais leur son est rare…
Ils sont bien vivants et connaissent leurs classiques: guitares virevoltantes, synthés roublards et voix éthérées. Ça plane dans un bouillon électrique du plus bel effet. On retrouve le style et c’est vrai que l’on trouve le groupe très contemporain, à l’aise dans son époque.
Leur musique est un possible ailleurs ténébreux mais jamais effrayant. C’est le spleen ordinaire du groupe mais il nous fait du bien car il emprunte un labyrinthe sonore toujours aussi captivant.
Avec les années, certaines vieilleries possèdent un éclat toujours aussi intrigant. Il faut profiter des vestiges du passé, pour apprécier les petits plaisirs sonores du présent !
Blur – The ballad of Darren
Teenage FanClub – Nothing Last Forever
Slowdive – Everything is Alive