La presse aime Radiohead. On aime tous Radiohead. On adore le parcours de ce groupe de Brit pop qui a glissé vers une musique beaucoup plus baroque. L’expérimental est devenu la norme pour ce groupe toujours en mutation… de plus en plus abstraite. Jusqu’à l’implosion en plein succès !
Thom Yorke est devenu un étrange chanteur capable de tout, échappant toujours aux conventions. On l’a redécouvert, il y a trois ans, plus abordable avec The Smile, trio formé avec le guitariste de Radiohead, Jonny Greenwood et le batteur de jazz, Tom Skinner.
Le premier album était prometteur et rapidement le trio revient avec ce Wall of Eyes qui rend la presse hystérique. Parce que l’on entend Yorke jouer avec différents registres, s’essayant même au jazz.
La musique est encore en mode “tête chercheuse” versant dans la même chansons sur des styles différents… et déroutants. Finalement c’est encore un peu la même chose et c’est un peu la déception. On sait à quoi s’attendre même si ça peut être du n’importe quoi progressif. Les genres sont mis à mal mais les musiciens sont coutumiers du fait donc on s’ennuie poliment malgré de très beaux passages et des arrangements effectivement complexes.
Un peu de simplicité ne ferait pas de mal. D’ailleurs, profitons de la sortie de ce nouveau projet pour parler ce disque de reggae qui reprend l’intégralité du plus gros succès du groupe, OK Computer.
En 2006, les chansons sont donc reprises par des stars du reggae et cela donne un album aussi envoûtant que l’œuvre initiale. C’est assez rare pour le remarquer mais le reggae conserve toute l’intensité quasi dramatique de l’original. On n’est pas dans le folklore arriviste.
La structure est conservée et la richesse du reggae profite aussi des chansons denses de cet album assez dantesque. Radiodread propose un monde alternatif où le plaisir du reggae se confondent avec l’exigence d’une musique electro bidouillée d’une exigence discrète. La chaleur qui se dégage de l’album est peut-être ce qui manquait à OK Computer.
D’ailleurs si Radiohead reste un groupe majeur, on a presque oublié qu’il s’agissait au début d’un groupe de rock aux guitares agressives. C’est ce que l’on entend sur le second effort, The Bends de 1995 , œuvre mal aimée par ses auteurs et les fans. Pourtant, c’est un excellent disque qui débroussaille le rock à la même époque que Nirvana ou Pearl Jam.
Effectivement le ton est incisif. Remis du succès du tube Creep, le groupe veut échapper à la redite et cherche le dépouillement malgré la présence de claviers et de discrètes expérimentations. C’est pourquoi le disque semble à vif et extrêmement vivant. On devine que les tripes sont sorties et les mélodies sont primordiales pour tenir une succession de morceaux radicaux et peut-être plus impressionnants encore que tous les bidouillages sonores qui feront la renommée du groupe. Alors on ne va pas vous dire que “c’était mieux avant” mais profitez du bruit de la presse pour réécouter les œuvres différentes inspirées par un groupe qui reste influent.