Art-scène, Théâtre

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, Musset, Eric Vigner, Montansier

(c) jean_michel_ducasse_ville_de_pau

Thibault de Montalembert arrive par la salle, une bougie à la main. Ce clair obscur est assez joli. Il prend la parole et ce qu’il dit est assez obscur, aussi. Il parle de l’amour, de la passion, comme un poète, c’est-à-dire comme un mec qui aime aimer plus que l’être aimé.

Son costume est épouvantable, comme sa coupe de cheveux digne des années 90. Le comédien fut jadis Sociétaire de la Comédie Française, et cela s’entend. Il articule et surjoue la diction ampoulée du théââââtre classique.

Puis entre en scène sa partenaire, Christèle Tual. Tout deux, ils prennent des poses improbables, elle garde un bras grand levé pendant de longues minutes (mais pourquoi ? Un plaisir sadique de metteur en scène ? L’ambition de nous faire rire?). Montalembert se lance soudain dans une marche saugrenue. On se croirait alors dans le sketch « Ministry of silly walks » des Monty Python, sauf qu’ici le public n’est pas mort de rire.

A la quinzième minutes quelques spectateurs quittent la salle. Ma voisine ne peut réprimer un « j’ai envie de faire pareil ! », mais je lui bouche le passage. Les lycéens au fond de la salle attendent sagement que cela se passe. Le public semble plongé dans une douce léthargie. Pour ma part, j’avais envie de rire très fort, mais j’étais au Montansier à Versailles, pas au théâtre de la Ville de Paris.

Et puis, vers la moitié du spectacle, je suis comme bercé par le texte d’Alfred de Musset qui se révèle intéressant. Le Comte déclare sa flamme à la Marquise et elle lui répond « Mon Dieu que vous m’ennuyez » ! L’auteur moque les hommes qui se ressemblent tous quand ils font la cour, qui mentent, qui enjolivent et prennent leur proie pour une gentille imbécile.

« C’est donc parce que je me suis trouvée seule que vous vous croyez tout à coup obligé, oui, obligé, pour votre honneur, de me faire cette même cour, cette éternelle, insupportable cour, qui est une chose si inutile, si ridicule, si rebattue. Mais qu’est-ce que je vous ai donc fait ? »

Il m’a semblé qu’Eric Vigner n’avait pas trop su comment monter ce texte spirituel (dans le sens d’à la fois intelligent et amusant). Je regrette que le metteur en scène n’ait pas davantage fait confiance à ce texte, et qu’il se fut senti obligé de demander à ses comédiens de jouer « comique ».

Sincèrement, je ne vois pas trop comment on aurait pu monter cette pièce, et je me dis qu’au moins Eric Vigner s’y est colleté. J’ai donc fini par apprécier ce spectacle assez déroutant, à l’image du texte. Manifestement, je n’étais pas le seul car, à la fin de la représentation, les applaudissements étaient nourris,

Jusqu’au 05 octobre 2024
Théâtre Montansier Versailles
1h15 | de 15€ à 32€

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