Les petites publications de Rockyrama sont de grosses sucreries pour les amateurs d’un cinéma populaire et rigolard. Les rédacteurs de cette publication ont le bon goût de rappeler l’importance de la série B et son influence. Mais nous sommes au delà de la culture pop qui fait régner l’ordre. Chez Rockyrama, on étudie le fond et la forme pour en sortir une quintessence de jouissance. Celle d’aimer des films qui se laissent aller ou qui ne se doutaient pas de leur grande intelligence.
Ce qui fut le cas de Last Action Hero, bide mémorable dans la carrière de Arnold Schwarzenegger et bizarrerie dans la carrière du cultissime John McTiernan. Les deux hommes ont connu un grand succès avec Predator.
L’acteur a enchaîné les succès. Le réalisateur a totalement réinitialisé le cinéma d’action américain avec Piège de Cristal et L’Octobre Rouge. Et Predator reste encore un maître étalon en matière de série B totalement maitrisé et infalsifiable.
Tout est réuni en 1993 pour que le box office soit à la gloire de l’Autrichien qui continue de jouer de son image de gros bras. Hélas, Last Action Hero sortira la même année que Jurassic Park (et Les Visiteurs chez nous). Le plantage sera catastrophique. Le film sera méprisé. Il est jugé vulgaire et idiot.
Le temps fait son œuvre et Aubry Salmon rend enfin un hommage juste à une œuvre bancale mais totalement jouissive. Même les défauts du film deviennent touchants. McTiernan s’imagine réaliser un conte de fée et il est vrai que le film profite d’un concept simple et virtuose qui plaira à tout amoureux du cinéma: rentrer dans un film.
Woody Allen l’avait déjà fait mais ici, on est sur de la grosse locomotive. Le livre raconte comment le rêve de deux scénaristes un peu tendres va devenir un blockbuster cinglé, capable de fulgurances métaphysiques et de grosses blagounettes scatologiques. C’est à n’y rien comprendre.
Et c’est bien normal quand on découvre comment fut produit le film. Finalement, tous les artisans du film sont contents et un peu désespérés d’être là. Schwarzie adore le concept mais son égo le travaille. McTiernan s’emballe dans sa mise en scène ironique mais se prend pour un mercenaire. Et c’est tout le scénario, malaxé par un nombre incalculable d’auteurs qui se modifie vers un magma de compromis qui n’ont plus aucun sens.
Ce qui rend d’ailleurs le film très intéressant aujourd’hui. Car il est tiraillé par tout ce qui fait le charme et l’imbécilité d’Hollywood. Le film ressemble à une guerre d’égo avec des victoires et des défaites. Cela se lit comme un thriller qui va mal finir pour tout le monde. Bref, une lecture idéale en cette période de fêtes!
Paru le 24 septembre 2024
chez RockyRama
105 pages | 9,90€