Comment décrire cet objet sans modèle, ce jamais vu, ce spectacle inouï de la jeune compagnie chilienne LA RE-SENTIDA ?
La scène est immense, sans coulisses, les acteurs répètent sur le plateau quand les spectateurs entrent, on y voit une tombe (bien que les livres, la table et les chaises suggèrent que nous sommes à l’intérieur d’une maison, et le mur du fond de scène est tapissé, sur une surface impressionnante et sur toute sa hauteur, de papier griffonné de notes, de feuilles, dessins, photos… autant de matériau collecté par les personnages au cours de quatre années d’enfermement et de réflexion…
C’est l’histoire de cinq camarades passionnés de théâtre, exilés volontaires (dans une cave?) d’une société totalitaire et injuste (ce n’est pas de la science-fiction, ça nous parle d’aujourd’hui et de maintenant) qui tentent de faire du théâtre, ou plutôt de créer LE spectacle ultime qui réveillera les spectateurs et la société entière de leur torpeur, un spectacle révolutionnaire au sens propre.
Ils invoquent Brecht, Artaud, Grotowski, les idées fusent, excentriques, les débats surgissent, sur la communauté (la création collective a-t-elle besoin d’un leader?), la culture (la place du théâtre dans la société), la politique (qu’est-ce-qu’une véritable démocratie?), mais les acteurs / personnages interprètent également des extraits de leur répertoire dans un style explosif, jusqu’à ce que des nouvelles surprenantes arrivent du monde extérieur, qui remettent en question l’engagement collectif et individuel de ces fous d’artistes extrémistes.
Ce qui est intéressant aussi c’est que ce spectacle nous vient précisément du Chili, une société qui a traversé 17 ans de dictature et qui essaie de se reconstruire depuis 1990.
C’est fou et censé à la fois, c’est dingue dans la forme et plein d’autodérision, c’est une expérience à partager
jusqu’au 19 octobre 2014
une comédie satirique par la compagnie chilienne LA RE-SENTIDA, en espagnol sur-titré
au Nouveau Théâtre de Montreuil (arrêt Mairie de Montreuil, métro ligne 9)
Par la même compagnie, à voir aussi: « LA IMAGINACION DEL FUTURO » du 3 au 11 décembre au Théâtre de la ville, Abbesses, Paris.