Entre Nick Cave et Tom Waits, Mark Lanegan s’impose un peu plus à chaque album comme une figure noire et fascinante du rock’n’roll.
Il est imprévisible Mark Lanegan. Sa marque de fabrique c’est sûrement d’être imprévisible mais parfaitement identifiable. Né artistiquement avec le grunge, le chanteur s’est échappé de tous les styles pour renaître à chaque fois en un corbeau hanté, rock’n’roll et passionnant.
Il sait faire dans la tendresse comme dans le rock lourd. Sa voix rauque a donné quelques unes des plus ahurissantes chansons de Queens of the Stone Age. Il s’est montré délicat avec sa collaboration avec Isobel Campbell. Il jongle avec les genres pour mieux s’affirmer.
Sa radio fantôme est bizarrement orientée. On pense aux eighties et ses sons synthétiques. Les fantômes de la musique populaire apparaissent sur des balades mélancoliques avant que le chanteur naisse avec le succès des Screaming Trees. Il a donc monté son nouvel album avec une application de son téléphone et des boites à rythmes.
Cela n’empêche pas le disque d’être habité malgré quelques froideurs mélodiques. Les démons du chanteur sont toujours là. Ils se lovent autour des idées farfelues et quelques guitares acérées. On pense aussi à John Mellencamp avec sa voix de plus en plus éraillée mais de plus en plus aventureuse.
Le prêcheur s’amuse avec de nouveaux jouets. C’est déconcertant quand on tente suivre le bonhomme mais il ne se trahit jamais même en bidouillant des sons nouveaux. Malgré les artifices, on devine la vulnérabilité et la beauté. Malgré des défauts, cette radio émet malgré tout de bonnes ondes.
PIAS – 2014