« Sirènes » naît d’une écriture collective de la compagnie LA PART DES ANGES, d’après le projet de sa metteur en scène Pauline Bureau. C’est son second spectacle accueilli au Rond-Point (son premier, intitulé « Modèles » explorait le thème de l’identité féminine). « Sirènes » sonde les secrets de famille, l’héritage (féminin et masculin cette fois) conscient et inconscient d’une génération à l’autre. La sirène, c’est une chimère, une porte d’entrée dans un monde de l’esprit où la réalité est ambigüe, où ce qui devrait se dire, se tait et où éclate le non-dit, toujours déplacé.
Le point de départ de cette introspection (cette enquête?), le voici: Aurore, chanteuse, perd sa voix en plein concert. Un médecin spécialiste, ne trouvant rien à lui diagnostiquer, l’oriente vers un psychanalyste, avec qui elle va évoquer ses manques et ses terreurs. Cette histoire donne à voir les ricochets d’un drame (la désertion soudaine du père de famille) sur trois générations; une scénographie habile rend intelligibles les trois époques tandis qu’un ingénieux système de cadre dans le cadre isole certaine scènes lointaines (en Chine précisément).
C’est aussi l’histoire d’une révolte (contre une certaine loi du silence) où l’énergie du rock, légitime, s’exprime en un concert live nerveux et débridé de chant, guitare électrique, basse et batterie.
La distribution est étonnante et efficace: Marie Nicolle explosive en Aurore, Géraldine Martineau (la mère d’Aurore, enfant), Catherine Vinatier (la fragile mère d’Aurore, adulte), l’élégant et sobre Yann Burlot, l’excellent Nicolas Chupin (tour à tour inquiétant et drôle), Philippe Awat (l’oncle inconnu / retrouvé) et Anne Rotger (la grand-mère d’Aurore) sont à applaudir au Théâtre du Rond-Point (salle Jean Tardieu) jusqu’au 6 décembre.
Jusqu’ au 6 décembre 2014 (relâche les lundis),
à 15h30 le dimanche et à 21h les autres jours.