L’illustre Alfredo Arias était à Paris du 4 au 8 mars avec un spectacle haut en couleurs: la mise en scène d’un mélodrame de l’auteur italien Raffaele Viviani (1888-1950), entrecoupé de chansons, en italien surtitré. S’il est encore besoin de le rappeler, Alfredo Arias est un metteur en scène argentin originaire de Buenos Aires; il a commencé sa carrière dans les années 60, a quitté l’Argentine en 1968 avec sa troupe TSE; a mis en scène et contribué à faire connaître en France son compatriote, l’écrivain Copi (avec Eva Peron, La femme assise, Loretta Strong, Le frigo…). Il a dirigé le CDN d’Aubervilliers, monté des classiques, avant de se tourner vers l’Opéra et le music-hall. Il a reçu 2 Molière (notamment pour Peines de cœur d’une chatte française) ainsi qu’un Molière d’Honneur et a été nommé Chevalier, Officier et Commandeur des Arts et Lettres.
Raffaele Viviani est un caricaturiste, chanteur, acteur et auteur napolitain. Il a décrit avec respect et humilité le milieu des petites gens. Ici, il évoque la vie précaire d’une troupe de cirque et semble parler d’expérience. Le spectacle se passe dans les coulisses et s’intéresse à la vie de gens simples, à la recherche du bonheur. Précarité, solidarité, persévérance du désespoir (le spectacle doit continuer malgré la faim, la peur de l’abandon ou de la chute) sont illustrés ici. Dans le premier acte, le drame couve. Tous répètent, mangent ou se détendent: l’acrobate trompe sa femme (la dévouée Zenobia) avec la fille du patron, tandis que la femme du clown triste (le pauvre Samuele) organise sa fuite avec le dresseur de chevaux. Dans le second acte, le drame est consommé: Samuele et Zenobia (tous deux abandonnés) se retrouvent par hasard et se racontent le temps passé depuis la fin du cirque Sgueglia.
Tristesse, nostalgie, injustice sont évoqués ici. Mais pas seulement. On y rêve, on s’y débat, on cherche une explication. Et on donne à rêver au spectateur, avec des images belles et surréalistes, comme dans cette scène où le caniche acrobate descend directement des cintres et semble une vision…
La troupe d’acteur est exceptionnelle: ils sont acteurs, chanteurs, acrobates… Le jeu est aussi physique, précis et stéréotypé que dans la comedia dell’arte. Il faut préciser que des musiciens (piano, vents, percussions, guitares et mandoline) interprètent leur partition depuis la fosse.
La mise en scène d’Alfredo Arias règle cette pantomime comme le papier à musique d’une opérette baroque. C’est un régal. Même si cela n’empêche pas la compréhension de la fable, on peut regretter que les paroles des chansons ne soient pas traduites en simultané: celui qui ne parle l’Italien ou le Napolitain en ressentira une certaine frustration!
Un très beau spectacle musical à revoir en tournée.
spectacle en italien surtitré en français
texte et musique Raffaele Viviani
mise en scène Alfredo Arias
du 4 au 8 mars 2015 à l’Athénée-Théâtre Louis Jouvet
du 10 au 12 mars à la Comédie de Picardie à Amiens
les 18 et 19 mars au Théâtre Montansier à Versailles
le 21 mars au Théâtre de l’Olivier à Istres
du 26 au 29 mars au Théâtre national de Nice