Cinéma

La tour infernale

Parfait pour un film du samedi soir, le film catastrophe de John Guillermin est aussi un gros film qui soulève la question de la frustration sexuelle américaine. Et pourquoi pas?

Il faut dire que ce n’est pas anodin dans un film sur la plus grande tour du monde, monument phallique, véritable érection architecturale qui déchire ici le ciel californien. Depuis la tour de Babel, on le sait: il ne faut pas défier trop la hauteur. D’ailleurs il n’y a pas que la taille qui compte, la qualité du travail bien a son importance.

Mais quand vous êtes un impénitent dragueur, vous oublierez de respecter la qualité d’un cable électrique qui bien entendu va mettre le feu à la tour infernale. Mari infidèle de la fille du promoteur, ce type odieux sera la cause du désastre et responsable d’un incroyable chef d’oeuvre, trop long, trop cher, trop drôle.

Car finalement on y voit que des types se dépatouiller avec un colossal incendie mais aussi avec leurs histoires de cul. Le héros joué par Paul Newman est le seul type épanoui dans l’histoire avec son épouse: il a de la chance, elle est belle et brillante puisque jouée par la sensuelle Faye Dunaway.

Autrement c’est la débandade. Richard Chamberlain joue le vilain époux qui n’arrive pas à se tenir à carreau au point de provoquer la chute de la tour. Robert Wagner, bien peigné même face au feu, couche en secret avec sa secrétaire (ils seront tous les deux punis par le feu). William Holden joue le promoteur, seul au sommet d’un empire. Une femme aurait peut être calmé ses ardeurs et sa folie des grandeurs. Le vieux Fred Astaire interprète un petit escroc à la recherche d’une riche un peu flétri. OJ Simpson n’a pas encore tué sa femme mais est encore un chic type au grand coeur dans ce film. Il a bien changé depuis.

Au milieu de toutes ses solitudes, se promènent de beaux pompiers menés par Steve McQueen, fantasme ultime accepté par tous. Ils ont tous des soucis sexuels dans ce film. Que le feu punira. Bien entendu, on exagère en disant cela mais c’est un film bigger, stronger, faster! Un divertissement haut de gamme qui n’hésite pas à trop en faire, avec une certaine ironie qui se cache dans les interprétations quasi fonctionnelles des deux stars géantes et mythiques que sont Paul Newman et Steve McQueen.

ON voit aussi devant nos yeux se construire les conventions d’un genre qui reviendra en force grâce aux effets numériques, à partir du milieu des années 90. Un peu plus tard dans sa carrière, John Guillermin s’intéressera à la libido d’un autre mythe du cinéma avec King Kong 2, film miteux mais vraie pépite pour amateurs de film du samedi soir à partager entre amis avec quelques bières…

Avec Paul Newman, Steve McQueen, William Holden et Faye Dunaway – 20th century fox et Warner Bros – 1974

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