Michael Bay, le gros bourrin du cinéma américain, fait dans la géo stratégie et les conflits au Moyen Orient. Mine de rien, son film est une bonne surprise
Michael Bay représente à peu près tout ce que l’on peut détester du cinéma hollywoodien. Des histoires faméliques. Des dialogues de cours de récréation. Des acteurs qui servent d’accessoires. Des effets pyrotechniques qui se mesurent à des effets spéciaux démesurés. Des bimbos qui s’installent sur les gros plans inutilement. Des montages épileptiques. De la musique assourdissante. Des drapeaux américains qui flottent au ralenti.
Bref, dans le genre, la boursouflure filmique est la marque de fabrique de Michael Bay. Sa saga des Transformers est une bouillie sans fin d’images ineptes et crétines. Mais Michael Bay a des velléités auteurisantes. Avec No Pain No Gain, il se moque lui même de son cinéma, de son style et de ses comédiens!
Désormais, il veut se frotter à un genre sans le violer: le film de guerre. Il se veut (et 13 Hours les cite ouvertement) quelque part entre Alamo et La Chute du Faucon Noir. Et ce n’est pas faux: pour une fois, Michael Bay respecte des règles de cinéma en respectant le temps et le lieu, deux données essentielles dans les films d’assaut!
Bonne surprise car 13 Hours n’est pas si réactionnaire qu’on l’imagine. Bay observe 6 mercenaires qui pour le compte de la CIA assure la protection d’une base secrète à Benghazi en Lybie, un des endroits les plus dangereux au Monde.
Les gars font les marioles jusqu’à ce qu’une bande de terroristes décident d’attaquer les lieux protégés. Le combat n’est pas équilibré et c’est ce qui fera la grandeur de ces six types armés jusqu’aux dents! Car ils vont tout faire pour défendre une bande de gratte papiers insolents et des directeurs d’agence qu’on jetterait bien au milieu de djihadistes défoncés!
Leur professionnalisme fait que ce désastre géo stratégique devient un beau fait d’armes, raconté avec une verve beaucoup moins hystérique que d’habitude chez le réalisateur d’Armaggedon. Bien entendu les hommes sont très virils mais les comédiens (dont l’excellent John Kasinski) sont bien choisis. Evidemment il y a de l’action et des explosions. Il y a aussi des facilités narratives qui agacent. Il y a aussi des effets visuels mais ils n’embellissent pas la guerre. Jamais!
Récemment Des Larmes et du Sang d’un autre bourrin,le réalisateur Peter Berg, faisait lui aussi dans le fait de guerre qui va au delà des idées reçues et qui n’est pas forcément glorieux pour l’Amérique. 13 Hours est une autre variation du « Seul contre tous » militaire. Bay y découvre que le temps peut être allié pour le récit. Il fait d’autres découvertes: on a bien l’impression qu’il se rend compte de ce que peut être le cinéma. La preuve: le drapeau américain qui vole au ratenti prend très cher dans ce film plutôt convaincant et saisissant!
Avec John Krasinski, James Badge Dale, Max Martini et Pablo Schreiber – Paramount – 30 mars 2016 – 2h24