Vraiment désolé pour cette si longue absence, je vais bien, juste très pris entre différentes activités un peu folles, un peu de repos loin des bornes Wifi mais me revoici, me revoilà.
A l’image d’un Renaud, en moins vieux et surtout moins marqué par des années de vies de litres d’alcool anisé dans le fond d’un bar chic, je suis bel et bien toujours debout, toujours la banane, etc…oui, je sais, plus personne ne peut entendre cette chanson qui, à son écoute, à demi-mot, grince au niveau des tempes tellement la voix de l’ami Renaud a morflé…
Mais nous ne sommes pas là pour parler du come-back fulgurant, et espérons le durable, du vieux renard dont tout le monde reste profondément morgane de lui.
Non, cette semaine, je voudrais vous parler de ma banquière. Brave femme d’une cinquantaine d’années, l’allure pimpante et ma foi de bons conseils, mais qui était presque les larmes aux yeux, un lendemain de « Cash Investigation, spécial Panana Papers », tellement elle en prenait plein la tronche depuis le matin. Bien sûr, il me serait facile et populaire de lui cracher mon venin de gauchiste de bas étage sur son bureau laqué de bois de Suède et partir en vrille en suivant la meute hurlant d’un même organe sa vox populi anti banquiers.
Après en avoir fait leurs cibles préférées et les désignant comme à l’origine de tous les maux de la planète, nos journaux télévisés, mais aussi et surtout les « magazines d’investigation », aiment à fusiller sur la place publique médiatique…les banques, les banquiers, les méchantes cravates toutes vilaines et par ricochet leurs humbles salariés.
Donnant, à chaque « affaire » la parole à des phœnix beaucoup moins talentueux que Renaud, type Mélenchon ou Kerviel, dont chacun sait qu’ils ont apporté à la France et au Monde autant d’idées et d’avancées qu’un labrador nain peut en apporter à un cercle de scientifique débâtant sur les origines de la vie (oui il n’y a aucun rapport mais ça pèse le poids de la contribution des Heckel et Jeckel invités stars de BFM TV à chaque débat post sujet sur le sujet) ; nos chaînes infos mais aussi nos bons vieux JT n’en finissent plus de prendre la vague du désormais follement populaire « ouais les banques c’est que des méchantes qui volent aux pauvres pour donner aux riches, pour voler aux riches, pour garder pour elles ».
Assez curieusement d’ailleurs, à en lire les commentaires déchainés (et accessoirement bourrés de fautes de français qui font vomir les pupilles) sur les forums ou des posts desdites chaines ou émissions sur les réseaux sociaux, un enfant de 5 ans supérieurement intelligent et sachant lire pourrait tendre à penser naïvement que Hitler, Pol Pot, Mussolini et Staline étaient membres du conseil d’administration d’une fameuse banque rouge et noire, que cette même banque a fait assassiner Frantz Ferdinand en 1914 pour volontairement provoquer la 1ère guerre mondiale, qu’elle a exigé de créer Daesh histoire de foutre le bordel dans l’occident avec des bombes et rendre le moyen orient aussi joyeux et accueillant qu’un mouton de poussières dans un western, qu’elle avait formé aux pilotages 6 tarés fous de dieux en vue du 11 septembre 2001, que si un mec qui n’a rien branlé de sa vie, picole, tape sa femme et accessoirement aime bien toucher sa fille dans les bas fond de notre France profonde…et bah, oui, ma bonne dame, je vous le donne en mille, et bah c’est de la faute des banques, car elles ont un super pouvoir pour créer des méchants qui font des méchancetés à des gentils, c’est comme ça, c’est la vie, et d’ailleurs comme ils le disent à la télé, bah ça doit être vrai et comme en plus Tonton Dédé, qui fait rien depuis 25 ans, à part jouer au PMU, bah c’est dégueulasse car les banques bah elles ont pas voulu lui prêter de l’argent pour sa nouvelle voiture…bah c’est encore plus dégueulasse.
Ces dernières semaines, est donc en ce sens sorti d’à peu près nulle part, mais relayé en mode 24/24 partout où un écran se trouve dans nos barraques, le désormais célèbre Panama Papers. Si l’on oublie de préciser que ladite affaire a été le fruit journalistique mandaté par le Consortium des journalistes d’investigations aux USA (soutenue par différents grands truck US comme Kellogs, Ford, RockFeller…jamais mis en cause assez curieusement dans leurs enquêtes…drôle…), il a été de bon ton de dégommer des jours durant tous qui a de près ou de loin l’allure d’une banque, de surcroit, si, comme celle où j’ai mes comptes, elle a hébergé Jeckel (J. Kerviel donc) pendant quelques années.
Evidemment, si cela est vrai, et ne nous trompons pas dans mes propos, il est bien sûr abjecte de voir des millions d’euros ou de dollars partir sous le soleil des Bahamas, enterrés sous le sable chaud, quand ceux-ci auraient pu/du, une fois encaissés sous forme d’impôt, aider au mieux vivre de la Société…en général. Néanmoins, aux vues des réactions outrées à base de grands yeux écarquillés de tous nos gentils journalistes et de la fameuse voix populaire, il semble se confirmer que nombre d’entres eux habitent dans des maisons en forme de champignon dans des forêts avec du coton et des nuages partout, ont des Bisounours pour animaux de compagnie, que Bambi vient les réveiller tous les matins en leur léchant le lobe de l’oreille et que quand quelqu’un dit un gros mot dans la rue bah ils pleurent à chaudes larmes en hurlant « maiiiissss c’esssstttt malllll de dire des gros mots, c’est passss biennnnn, le monde est teeellleeeemmmeeennttt moche, à coup sûr c’est de la faute des banques ça s’il dit un gros mot lui ! » ; oui, ils découvrent que des gens très très très riches, des fois, ne sont pas nécessairement philanthropes, voire que s’ils le sont, très riches, c’est qui le sont rarement, philanthropes.
Dans cette affaire du Panama Papers, sorte de PQ puant et délateur de méchants, un magazine a brillé, « Cash Investigation ». Depuis une 15aine d’années, la télé, de surcroit publique, aime à rappeler sa totale indépendance d’esprit, et c’est tant mieux, mais, semble tirer de plus en plus à gros trait ce côté « ouaaiiiissss nous les journalistes on est des gentils qui dénoncent les méchants de la planète, parce que nous en plus d’être des gentils et bah on est intelligents en plus », dans une sorte de camouflage et de dédouanement à enfanter par lot de 50 des émissions aussi somptueuses que « Les anges de la télé réalité », « Super Nanny » ou encore qui mettent en avant la vie du peuple en les faisant pleurer à l’antenne comme juste après le JT de 13h sur France 2 dans « Toute une histoire ».
Il convient par ailleurs de rappeler que le journaliste de télévision publique est en terme d’éthique et de morale ce que l’Abbé Pierre ou Sœur Thérésa sont à la planète, des êtres bien évidemment parfaitement irréprochables, qui n’ont jamais fauté de leur vie, sont fidèles en amour, reversent 85% de leurs revenus à des associations caritatives, passent leur dimanche à ramasser les déchets sur les plages de Bretagne, sortent le soir donner des couvertures chaudes à des SDF, en hébergent pour la plupart, accueillent les migrants venus de Syrie dans leur humble appartement parisien, demandent à ne pas bénéficier de réduction d’impôts quand ils emploient des femmes de ménages ou des gardes d’enfants, profitent de leurs vacances pour rejoindre l’Afrique pour faire de la prévention contre le SIDA, ne disent du mal de personne à part les méchants, n’ont bien sûr jamais bu d’alcool, fumé un splif, pris de la coke, eut la tentation de foutre un baffe à un gamin qui hurlait dans un supermarché, ont des mômes qui ne font pas de conneries, ont 20/20 dans toutes les matières, et sont programmés pour faire Gandhi comme métier quand ils sont plus grands.
Parmi eux, Elise Lucet. J’avoue, plus jeune, avoir eu un faible pour la belle Elise, mode yeux bleus sourire ravageur, moins tendance que Claire Chazal, moins gay friendly Pop culture mais cool quand même, ce genre de charme que l’on croise aux détours d’un resto routier quand on est producteur de ciné perdu en rebord d’A6 un dimanche de pluie et que tes yeux s’arrêtent sur une bougresse à la vie pas simple à force de servir dans une jupe et un polo Malboro trop serrés des pichets de rosé qui suintent la coopérative viticole du coin. J’aimais aussi ses éclats de rire en recevant Jamel ou Luchini dans la fameuse tranche d’ITW de fin de JT 13h, elle sentait bon le naturel. Oui mais voilà, à la tête de « Cash Investigation », Elise se transforme, elle est gentille jusqu’à 13h45, puis soudain, elle pénètre dans les bureaux de son émission de creusé de sujets chauds et elle devient morpion à petites pattes griffues, elle n’est plus la même, elle met des lunettes de prof de science nat de 4ème B qui fait peur même aux rebelles du collège, alpague les méchants qui n’ont pas d’éthiques, qui aux contraires de ses équipes, ne sont pas fidèles en amour, ne reversent pas 85% de leurs revenus sont fidèles en amour, ne passent leur dimanche à ramasser les déchets sur les plages de Bretagne, ne sont jamais sortis le soir pour donner des couvertures chaudes à des SDF, n’en hébergent d’ailleurs aucun, n’accueillent les migrants venus de Syrie dans leur très grands appartements parisiens, font exprès d’employer des femmes de ménages ou faire faire des gardes d’enfants pour bénéficier de réduction d’impôt, disent du mal tout le monde, boivent de d’alcool, fument un splif et prennent sans nul doute de la coke. Et ça, Elise, bah elle aime pas ça et du coup elle leur fait bien comprendre…
Quoi ??? Vous avez l’impression qu’elle sur-joue la Robin des bois de la morale sociétale ? AH bon ? Qu’on ne la reconnait plus au point qu’elle en deviendrait carrément détestable ? Ah boooooonnnnn ? Qu’elle en fait des caisses dans le mode, attention moi je suis une gentille qui dénonce les méchants du grand capital ??? AH booonnn ? Ok, Elise n’a pas été épargnée par la vie en perdant son mari, jeune, très jeune, elle a vécu l’enfer quand deux de ses potes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier ont été séquestrés par des grands malades en 2009…mais merde Elise, arrête de faire la méchante, c’est pas toi, nous aussi, on trouve ça moche le monde, mais arrête, sois toi.
Allez, j’vous embrasse.