J’étais sur les pistes de ski. Je venais de recevoir le dernier disque d’Hadouken. Je me suis dit : « allez, on va se marrer un peu ». J’ai mis mon casque sur les oreilles… J’ai failli me tuer.
Hadouken revient avec For the masses. Produit sur son label Surface Noise Recordings, le disque confirme les premiers ressentis du premier album qui a fait un tabac : Music for an accelerate Culture.
Dès le premier titre, on sent qu’Hadouken veut s’adresser à une foule dansante qui veut un son puissant pour clamer sa rage de vivre. Le son rock moderne alterne beat de rap et guitares métal hurlantes. Disto saccadée sur samples inspirés de tecno transe, un mélange des genres qui ne vise qu’une seule chose : vous faire sauter sur place le poing en l’air. Orgiaque. De l’interprétation des raves…
Ce jour-là, j’ignorais tout. Hadouken… Bizarre comme nom. J’ai lancé mon lecteur, les basses ont fait bondir mon bonnet ancré sur mon crâne, la musique m’a soudain fait croire que j’étais un super-héros de la glisse, un athlète local recalé pour les JO de Vancouver par manque de reconnaissance. Hadouken vous transcende.
La piste rouge ne devient qu’une piste de luge. Masque devant les yeux, bâtons serrés dans les mains, me voilà projeté en avant par des chœurs carl-offiens s’élèvant d’un bas-fond métallique. Me voilà descendant tête en avant la piste rouge. Ouch ! A 2’00 pétantes le beat vous assomme et me voilà slalomant entre trois mémés chasse-neigeantes et un lacet de bambins suivant une canne habillée de rouge. Un moniteur probablement, je n’ai pas eu le temps de le voir.
« Turn the lights out » débute… Une phrase scandée qui relance le tout. Hum ! Et on regrette de ne pas à être à un concert pour sauter. On va se lancer sur la prochaine bosse…« You can’t stop this » « I don’t know where we are » chante James Smith. C’est un peu vrai mais ce n’est pas grave, on y va quand même. Tête baissée on ferme les yeux et on prie pour que les genoux tiennent…
« Evil » clame maintenant « I won’t go, I won’t go »… Et un regret vous prend le cours d’un instant. Quel bien fait cette satanée musique ? Pourquoi ai-je pris cette bosse ? Le réveil ne va-t-il pas être douloureux ? Pas de réponse car les gimmicks successifs de « House is falling » ne vous laissent pas le temps de réfléchir. Une alternance de rythmes qui enfonce des portes ouvertes et qui ne révolutionne pas le genre mais qui vous amuse avec une auto-dérision assez rare dans le genre. C’est tout simplement bien fait. Jouissif pour la dépense d’énergie. Les genoux ont tenu.
« Mic Check » est un must dans le genre, montée en puissance, rupture, beat puissant et voix violente qui dégueule « Check one check two one mic ckeck ! » De quoi faire chauffer la piste et faire fondre la neige… La descente s’accélère.« Bombshock » « I’m gonna run get my feet on the floor » me lance James Smith. Il me voit skier! Du coup, plus de carre. Ca glisse… Je fonce, je suis un danger parmi les dizaines de skieurs évités… Un mono, une mémé, un papi, un surfeur, un panneau ralentissez, un enfant, une balise, le panneau ralentissez ?…Je suis hors-piste. Puis le vide. De l’air. Le vent. Le beat dans les oreilles. Jusqu’à « Lost » le dernier morceau de l’album. Un pisteur m’accueille au bas des pistes… Hadouken ? me lance-t-il.
Allongé, endolori, je lui dis : Hadouken !
A consommer avec modération…
http://www.myspace.com/hadouken
Tournée en France :
17/03 – Cabaret Electrique, Le Havre
18/03 – La Maroquinerie, Paris
19/03 – La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand
20/03 – Le Marché Gare, Lyon
Sébastien Mounié © Etat-critique.com – 10/03/2010