La Libération de Paris, de Gaulle arrive à négocier avec ses alliés anglais et américains que ce seront les français qui entreront les premiers dans Paris. Alors, le général Leclerc entrera fièrement dans la capitale française à la tête de sa division blindée.
Ce que nous apprend cet épais ouvrage de 300 pages fort bien documentés, c’est que parmis les soldats qui accompagnaient le général figurait une compagnie composée d’anciens républicains espagnols. Là est l’intérêt de ce livre qui fait ressortir un épisode peu connu.
Celui qui met cette histoire en avant est un auteur dont les précédents ouvrages traduits en français ou pas sont toujours riches et intelligents, même s’ils peuvent parfois être un peu didactiques. J’ai pour ma part une préférence pour » Le phare », « Rides » devenus par la suite « la tête en l’air » qui eu droit à une belle adaptation en dessin animé et quelques autres titres tout aussi fameux.
Un bémol pour « l’hiver du dessinateur » un peu sec à mon goût, mais il est vrai que j’avais voulu faire le malin en le lisant dans la langue de Cervantes…Voilà ce que c’est de vouloir plaire à son épouse espagnole…
Pour en revenir à l’album qui nous occupe, on notera un procédé narratif assez ressemblant à celui d Art Spieglman dans « Maus ». Aller-retour entre présent et passé. A la différence qu’ici, le passé est en couleur et le présent monochrome.
C’est le fil rouge du livre, le procédé qui permet à Roca d’humaniser son histoire, de lui donner de la profondeur. Paco Roca, en l’illustrant différemment avait déjà utilisé ce procédé dans « l’Ange de la Retirada ».
L’histoire débute donc en couleur et en 1939,en mars exactement sur les quais du port d’Alicante. Aux propos des protagonistes, on comprend vite qu’ils sont républicains; à leur empressement à monter à bord du bateau on comprend aussi que la guerre est perdue que l’on est en pleine débâcle, assez proche finalement du destin que connaitront bon nombre de français quelques mois plus tard…
Puis on trouve Paco Roca en France, qui cherche à se rendre chez un espagnol. Aux personnes rencontrées, il explique le but de son voyage. Et voilà, le livre est monté entre flash-back sur le destin de ses réfugiés et dialogue entre ces 2 hommes.
Paco Roca sait humaniser avec brio ses récits, comme lorsqu’il aborde la maladie d’Alzheimer dans « Tête en l’air », ou déjà la guerre, mais celle d’Espagne au travers du destin de ce jeune soldat républicain de 17 ans qui cherchait lui aussi à passer en France dans « Le phare ».
« La Nueve » est un magnifique récit qui aménera ces hommes de l’Afrique du Nord où ils rallient la France LIbre, jusqu’à la libération de Paris.
Alors, même si cette compagnie ibérique n’a pas fait basculer la guerre dans un sens ou dans un autre, ce livre est d’une grande actualité à l’heure des prochaines élections européennes; à l’heure où certains cherchent à diviser les pays européens. On se souvient qu’enfin, les espagnols ne furent pas rancuniers à aider la France qui avait laché le gouvernement républicain et enfermé bons nombre de ces représentants dans des camps comme ce fut le cas à Rivesaltes bien que dans une moins grande mesure que ce qui avait été envisagé au départ, lors de la Retirada.
Et voilà la boucle est bouclée. Mais sutout si vous m’avez trouvé donneur de leçon un peu sentencieux, ne vous arrêtez pas là, « La Nueve » est un bon livre d’aventure qui a l’avantage d’avoir du fond, alors plongez-y avec plaisir. En plus 300 pages pour 29€, ils y en a qui vont encore dire que les espagnols cassent les prix…
Delcourt – 312 pages