Loin de New-York, de ses gangsters et de leurs acolytes éternels les policiers, voici au début du XXème siècle, la bonne société anglaise, d’abord aperçue en Irlande (ils se croient partout chez eux ces gens-là…) et ses officiers militaires, avec parmi eux, un homme différent auquel on refuse la place qu’il mériterait.
Cet homme intelligent et loyal envers son pays est habité, hanté par un désir qui le dépasse, qu’il ne sait pas nommer, qui a un rapport avec la grandeur d’âme, la générosité vitale, le sentiment d’un destin à accomplir. Il saura de quoi il s’agit lorsqu’il y sera. C’est-à-dire au moment où expédié dans la jungle bolivienne à la frontière avec le Brésil, enveloppé de virginité verdoyante, chaude et dangereuse, déjà fasciné, il remonte le fleuve et apprend de la bouche d’un indien (qui disparaîtra juste après la révélation, comme il se doit) l’objet de sa quête, de ce qui va constituer l’appel de sa destinée et le conduire au bout de lui-même y entrainant son fils ainé, la cité mythique de Z.
Z comme l’instant zéro, le retour à la source juste avant le point A. Le père et le fils vont s’y engloutir, hallucinés et, j’en jurerais, heureux. On retrouve les questionnements du réalisateur sur la filiation, la transmission, et sur le couple. Ici, quelle épouse ! Belle, généreuse, émouvante sans pathos, un grand rôle ! Et puis, cela fait partie de l’Histoire : la révélation de l’horizontalité de l’humanité, aucune civilisation ne peut se prétende supérieure à une autre, vérité confondante qu’il est encore si difficile de faire admettre, hélas ! Ce film rappelle ceux de Werner Herzog évidemment, mais aussi Térence Mellick sur certains aspects élégiaques, et « Apocalypse Now » pour la remontée du fleuve, ses boucles boueuses, ses méandres, par quoi l’on s’initie aux mystères de l’espace (de plus en plus primitif) et du temps (originel).
L’aventure humaine n’en finit pas de nous interroger, c’est, au fond, le seul sujet qui vaille.