Ne vous fiez pas au titre: le premier album de Pomme est hyper travaillé. C’est tout à son honneur.
Haute de sa petite expèrience, la jeune Pomme pousse très vite vers les hauteurs. Sa voix est impressionnante. Elle va chercher ouvertement vers la forêt folk et elle a observé les vieux chênes que sont Joan Baez ou Karen Dalton. C’est désuet. C’est surtout courageux de chanter de cette manière car les harmonies sont osées et pas si vieillotes que ça!
Le grain de voix a quelque chose de vintage. Il est clairement inspiré par l’Amérique mais la demoiselle est bien française. Comme beaucoup de chanteuses ces derniers temps, elle n’a pas honte de faire dans la variété française sans renier ses petites particularités.
Pomme a la bonne idée de ne pas abuser de l’héritage des années 80 mais profite des structures limpides de la variété avec des histoires d’amour déçues et des petits moments poésies innocents, très doux. C’est tout le charme de la demoiselle. Les morceaux d’A peu près échappent ainsi à la mode.
Dans un monde qui va vite, où l’on doit découvrir une artiste française majeure par semaine, ce tempo plutôt calme et détendu fait toute la différence. Pomme impose son rythme. Elle grimpe en haut du panier. Car elle est franche et fraiche. Elle met toute son âme dans son chant. Les orchestrations sont délicieuses. La fragilité du personnage jure parfaitement avec le style folk moderne qui montre les bases très solides de l’artiste. Il y a quelques moments creux mais A peu près est maîtrisé et plutot fascinant.
Polydor – 2018