Cela débute par un accident de voiture. La conductrice meurt. La famille, les amis et son parrain se réunissent. Les souvenirs remontent soudainement à la surface et permet un beau portrait de femme, perdu entre l’Amour et l’Histoire.
Car le réalisateur Corse Thierry de Peretti ne s’attarde pas sur le deuil mais bel et bien sur la vie. A travers la vie d’Antonia, il décrit une génération corse sacrifiée aux causes passionnées de l’indépendantisme. La violence se glisse derrière leurs rires et leurs joies de jeunes adultes.
Cela pourrait être terriblement didactique et dénonciateur. Le réalisateur, qui adapte un roman de Jérôme Ferrari, préfère scruter les émotions avec un joli sens rétro de la narration. Il y a une voix off pour nous guider dans cette histoire dramatique, où les hommes sont des pantins, tandis que les femmes subissent le chaos.
Cependant ce n’est jamais tragique. Les années de plomb de la Corse sont montrés par un habile montage qui vient constamment se heurter à la rayonnante jeunesse symbolisée par Antonia, femme curieuse et courageuse.
Le combat va au-delà des armes et des altercations avec la police, la lutte se fait par des émotions plus complexes et désormais romanesques. Le réalisateur applique pour l’occasion une belle évocation du métier de photographe. Antonia, comme un peu chaque Corse, témoigne et prend sur elle pour comprendre les maux de son île.
Tournés avec des inconnus, les convictions de chacun explosent dans des discussions amicales et la politique s’immisce dans chaque fait et geste de chacun. La densité de l’âme corse se propage partout. Impossible d’être un innocent. Difficile de ne pas se sentir à un moment ou à un autre, coupable.
La description d’une simple destinée devient une fresque à laquelle on s’attache rapidement, emporté aussi par cette réflexion sur l’importance de l’image, du souvenir et de l’art finalement. Avec des moyens humbles, le cinéaste calme les outrances de l’histoire pour remettre l’humanité au centre d’un récit plein de surprises. A Son Image évoque, suggère et fait une part belle à la sensibilité. On devine souvent ce qu’aurait pu être ce film sur un sujet grave. A la place, on a droit à une œuvre luxuriante.
A l’image de l’île !
au cinéma le 04 septembre 2024
1h 53min
Pyramide Distribution