Regard intime sur trois générations de Palestiniens dans un camp de réfugiés au Sud-Liban. Poignant. Révoltant. A voir.
Mahdi Fleifel, jeune Palestinien vivant à Londres a côtoyé deux mondes. La vie libre et protégée à Dubaï ou au Danemark et l’été au camp d’Ain el Helweh. Là, il partageait le quotidien de sa famille réfugiée, des voisins exilés, des combattants animés d’un espoir de retour en Palestine. Comme un pont entre les deux, il a voulu donner à voir une réalité cachée, pour beaucoup ignorée.
Tout est parti de l’obsession de son père pour l’image. Sa caméra toujours en main, il filmait sa famille, les vacances au camp, les anniversaires à Dubaï, l’installation au Danemark. En découvrant toutes ces vidéos d’archives, Mahdi s’est rendu compte du trésor. Avec un brin de nostalgie et d’humour, il les a visionnés, y a ajouté ses propres vidéos et après deux ans de montage en a tiré A world not ours : une fenêtre ouverte sur un monde caché.
Avec finesse et sensibilité, A world not ours montre le quotidien au camp fait de moments de joie devant les matchs de foot et d’ennui au milieu du chaos. Dans les yeux du réalisateur alors enfant, Aïn el Helweh avait des allures de décor de cinéma avec ses héros et ses armes à feu mais sa voix off d’adulte perd de son innocence. Place à la lucidité.
Conscient de sa chance de ne faire que passer dans le camp, il dresse les portraits de ceux qui y résident. Comme Said qui fait diversion de son enfermement en s’occupant de ses oiseaux en cage, son ami Abu Iyad et son rêve d’ailleurs, son grand père pour qui partir reviendrait à abandonner son droit de retour. Alors les questions jaillissent. Comment vivre enfermé dans un camp dans l’attente d’un retour sur sa terre? Comment les réfugiés perçoivent-ils les accords d’Oslo? Comment l’espoir laisse place à la désillusion? Comment vivre quand le droit de travailler, de circuler librement est nié ?
Récompensé par de nombreux prix en festival, ce documentaire entre autobiographie et message universel a une portée remarquable. Mahdi Fleifel ouvre nos yeux sans jugement au quotidien de ses frères palestiniens, à leur fierté désenchantée. Le succès du 12e festival du film des droits de l’homme repose sur la projection de films engagés suivis de débats. Source d’éveil des consciences, le cinéma aux côtés de ceux qui luttent sonne juste.
http://www.festival-droitsdelhomme.org/paris/
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De Madhi Fleifel – Eurozoom – 13 decembre 2013 – 1h30