Quel rapport entre Adelante! de Rey et Giroud et le Flagellant de Séville de Paul Morand?
Les 2 tomes de Adelante de Rey et Giroud m’ont immédiatement ramené au roman de Paul Morand publié en 1951 intitulé « Le flagellant de Séville ». Dans les 2 cas nous sommes transportés dans l’Espagne sous l’occupation napoléonienne. Après l’espoir qu’avait suscité les idées révolutionnaires, les espagnols se rendent compte qu’ils sont simplement passés d’une oppression à l’autre. Le frère de Napoléon règne sur le trône d’Espagne et le courant de liberté parait bien loin.
Chez Morand on commence par la fin. Qui est ce pénitent qui se flagêle depuis des années? Pourquoi s’inflige-t-il de tells souffrances? Chez Rey et Giraud le récit est linéaire commençant par une embuscade contre les forces françaises. Au cours de cette altercation, les interrogations arrivent: quelles sont les motivations du jeune Talavera, surnommé par ses hommes « el libertador »? Quels sont ses rapports avec la noblesse résistante? Qu’espère-t-il? Qui est ce prètre qui l’aide dans son combat?
Le propre de la collection « Secrets » des éditions Dupuis est bien de faire remonter des secrets enfouis dans le passé. Giroud sait mener ses intrigues et maintenir le suspens dévoilant peu à peu les mystères qui entourent les personnages. De plus, Giroud scénariste confirmé, spécialisé dans les intrigues historiques sait associer la grande et la petite histoire. Le couple qu’il forme avec le jeune dessinateur Rey fonctionne parfaitement illustrant le propos avec rigueur et clareté.
Giroud comme Morand part du constat que l’Espagne du début de XIX ème siècle est fascinée par les idées novatrices venues de l’autre versant des Pyrénées. Comme Morand, il montre aussi le désanchentement amené par la façon dont le pays passe vite d’une situation de libération à un nouvel asservissement. Sans compter la description des calculs que font les grands au détriment du peuple.
Le héros de Morand mettra longtemps à être lucide face à la présence française tandis que Talavera aura à gérer sa situation personnelle et son regard sur le monde qui l’entoure et sa soiffe d’égalité. 2 beaux récits historiques plein d’aventures et de romantisme. Mais ces récit ont tous deux un fond assez cynique car les 2 héros perdront tout dans leur combat: Les gens qu’ils aiment, comme leurs convictions. A lire et à méditer en gardant à l’esprit la fameuse maxime de Brassens: « Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente… »