Voilà du rarement lu. Une écriture violente, scindée, brillante, et surtout, nouvelle.
Une jeune américaine, noire, vit une sexualité débridée, trop insuffisante à son goût. Des sentiments forcés comme si elle avait besoin de se prouver que celui-là est le bon, après une pléiade de coup foireux qui lui coûteront son poste. Celui-là, c’est Éric, un homme bien plus âgé qu’elle, marié, mais d’une union libre, parait-il.
A la demande voilée de l’épouse, notre héroïne s’en va squatter chez son amant, et apprendre à connaitre leur fille adoptive, elle aussi afro-américaine. Situation on ne peut plus décalée, qui engendre des conflits non-dits, des silences qui en disent longs.
J’ai aimé la forme, et surtout la forme. Absolument surprenante. Beaucoup d’arrêts sur images, de celles spontanées comme un déclencheur photos en rafale nous offrant un regard sur la rue, un magasin, une chambre à coucher, Raven nous colle les pieds là où elle se tient, nous oblige à dupliquer son regard de fureteuse. C’est d’autant plus facile qu’elle emploie la première personne, et nous invite dans sa nébuleuse crânienne.
Pour le fond, mieux vaut être armé d’une certaine culture américaine, new-yorkaise, et même « Manhattanaise ». En apprécier les codes, les principes, la pensée, savoir les traduire et les interpréter.
Je comprends que ce texte ait réalisé un carton à sa sortie, dans sa ville, mais pour moi, provincial du vieux pays de Gaule, il me manque un interprète.
Pour les amateurs d’outre-Atlantique, et les curieux d’écriture qui secoue.
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Cherche Midi Éditions
Paru en poche chez 10/18
le 03 février 2022
237 pages, 7,50€
Traduction Nathalie Bru