Ceci est un cliché: le metal est une passion de viking nordique ou de redneck cramé à la bière. Pourtant le genre s’est bel et bien mondialisé avec des groupes qui apparaissent de contrées inattendues pour des résultats pour le moins exotiques.
Cette chronique va commencer par un groupe qui ne touche pas vraiment à cette musique de chevelus et adeptes des sons extrêmes. Al Qasar fait plutôt dans le psychédélisme chaud du Nord de l’Afrique.
C’est un bon moyen de casser les clichés et c’est ce que font les autres groupes dont nous parlerons. Car Al Qasar est un exemple de la mondialisation heureuse. Né à Paris, ce groupe mélange les guitares électriques et les sons orientaux.
Le résultat ressemble à un melting pop surpuissant et joyeux. On croise dans ce souk musical, Lee Ranaldo des Sonic Youth ou Jello Biafra des Dead Kennedys. On est clairement dans un beau moment de rock’n’roll. Il y a des envolées planantes et des refrains hypnotiques.
On savait que les touaregs avaient une passion pour les guitares électriques mais vers l’Atlas, le courant passe et inspire des musiciens en transe, ravis de jouer avec les subversion du style, du blues à des choses plus corsées.. Who are we est une surprise qui donne de l’espoir sur l’échange entre les peuples… c’est un peu stéréotypé comme propos mais c’est un espoir tellement bon.
Mais revenons à notre sujet: le metal exotique avec les Indiens de Bloodywood. Là, ça ne rigole plus: il y a de la guitare malmenée, de la batterie en douleur et des hurlements gutturaux qui servent de cri de rassemblement pour pogo festif. Tout ceci dans une ambiance virile et correcte.
Vous entendrez donc des flûtes, des sitars et des tambours de New Delhi: il y a donc deux chanteurs qui se prennent pour Linkin Park, des samples assez 90’s et des guitares qui s’enragent autour de tout le décorum local.
D’abord entreprise parodique, Bloodywood s’est pris au sérieux avec une série de chansons musclées qui nous changent des comédies musicales. Ils ont bien compris le genre et le triturent avec aisance dans les traditions indiennes. C’est une espèce de catapulte sonore qui nous embarque dans une autre Inde, révoltée et consciente de tous ses problèmes de cette nation haute en couleurs et cela s’entend dans ce disque!
The Hu furent l’un des premiers groupes venus de loin pour nous faire rougir les oreilles à coups de guitares et de traditions bien locales. Tel Gengis Khan, les Mongols nous ont d’abord fait sourire puis ils ont fait plier notre ironie avec des morceaux costauds qui pouvaient rivaliser avec les gros noms de la scène métal.
C’est un groupe à prendre au sérieux et c’est ce que l’on fait avec un second album qui déborde d’ambitions d’invasion sur toute la planète, de riffs majestueux et de guitares qui galopent dans les steppes. Habilement The Hu amènent leurs techniques vocales mongoles dans un son accessible au plus grand nombre.
Ils diffusent donc leur culture avec un élan qui force le respect. Ils ont l’air très fiers en mêlant inspirations rock et traditions folkloriques. Cela va souvent plus loin que l’exotisme amusant. C’est de la pure attitude et c’est un rock exubérant qui ne déconnecte jamais des origines du groupe. Si vous connaissez des groupes de black death du Groenland ou du metal des Philippines, n’hésitez pas! Ça nous lave les oreilles et ça nous permet de voir au-delà des conventions et des frontières!