Albert Edelfelt est un peintre finlandais du XIXème siècle (1854-1905). Installé en France, il garda toute sa vie un lien indéfectible avec sa terre natale et acquit en son temps notoriété et reconnaissance internationale.
Aujourd’hui injustement méconnu du grand public, cet immense artiste est mis à l’honneur au Petit Palais, jusqu’au 10 juillet prochain. L’exposition Albert Edelfelt, Lumières de Finlande, qui regroupe une centaine d’œuvres, est très bien faite et suffisamment bien agencée pour qu’on puisse se plonger dans la contemplation d’un tableau sans être gêné par les autres visiteurs.
Le talent me manque malheureusement pour décrire comme je le voudrais la joie qui fut la mienne de retrouver les œuvres de ce peintre que j’avais découvert lors de l’exposition Échappées nordiques, proposée en 2009 par le Musée des Beaux-Arts de Lille.
Portraitiste hors pair, Edelfelt a rencontré le succès et est devenu à son époque un peintre recherché. Il faut dire qu’avec lui, les sujets, comme la composition, sont simples (au sens d’exempts de toute prétention).
Ainsi, le fameux portrait de Louis Pasteur – qui illustre classiquement les manuels scolaires – témoigne de la parfaite compréhension qu’avait Edelfelt de ses modèles.
Lors du Salon de 1886, ce portrait – qui représente le savant au travail, à sa paillasse – a éclipsé celui proposé en même temps par François Lafon et qui était beaucoup plus « officiel » et académique. Le décalage était complet, et le génie d’Edelfelt a sauté aux yeux de tous !
Heureusement, le finlandais ne se contenta pas du rôle de portraitiste pour gens fortunés. Car, en s’installant à Paris, l’artiste s’est, au contact de Jules-Bastien Lepage, « converti » au pleinairisme, ce courant privilégiant l’observation de la nature et l’étude de la lumière. Et quelle lumière! Les œuvres sont limpides, il n’y a pas d’autre mot.
Chaque été, Edelfelt se rendait en Finlande où il trouvait matière à des scènes de la vie « simple », « authentique » comme on dit. La vie au grand air.
La technique picturale est classique mais irréprochable, que ce soit les huiles ou les pastels. Coloriste virtuose, Edelfelt restitue comme personne la luminosité franche du nord. Il y a toujours un détail d’une infini beauté: un paysage magnifique en arrière plan ou un charmant bouquet de fleur.
Avec toute l’empathie dont il était capable, Edelfelt traduisait en images les émotions de ses sujets, leur peine, leur accablement, leur joie teintée de nostalgie tant le bonheur est fugace. Les peintures témoignent du grand respect que l’artiste avait à l’égard de ses modèles. Qu’ils soient des gens simples ou des personnalités, on sent toute la considération qu’il avait pour eux. Il saisit les regards de façon exceptionnelle. Ah, le regard de la petite Berta qui plante ses beaux yeux bleus droit dans les vôtres ! Et celui de la bonne au Jardin du Luxembourg, toute attendrie par le bébé qu’on lui présente.
A chaque tableau, l’émotion nous saisit. Et si ses toiles sont plus lisses, si la touche est moins épaisse, et si le rendu est plus réaliste que chez les Impressionnistes, Edelfelt n’a absolument rien à leur envier, pas même à Monet (le plus grand d’entre eux, à mon humble avis).
Je parie qu’à peine sorti de l’exposition, vous aurez, comme moi, la nostalgie d’Edelfet et l’envie de très vite le retrouver.
Jusqu’au 10 juillet 2022
Petit Palais, Paris
Plein tarif : 11 euros
Tarif réduit : 9 euros
Gratuit : – 18 ans