Art-scène, Danse

Angelin Preljocaj : Annonciation (1995), Centaures (1998) et Eldorado (création 2008)

preljocaj

Le Théâtre de la Ville présente trois pièces du célèbre chorégraphe Angelin Preljocaj : Annonciation (1995), Centaures (1998) et Eldorado (création 2008). Une soirée de danse à moitié concluante !

Angelin Preljocaj nous avait émerveillés en 2005 avec les Quatre Saisons (de Vivaldi). Il convainc moins cette année,

« Annonciation » est la pièce la plus convaincante des trois. Deux danseuses dansent avec un grand respect du tempo. La musique allie sons futuristes cybernétiques et chœur de Vivaldi. Les gestes sont mesurés, les bras se tendent lentement. Les danseuses évoluent à la façon de robots un peu engourdis dont l’un transmet son énergie à l’autre comme par magnétisme. La lenteur des gestes, qui confine à la langueur, met en valeur les corps et les mouvements des danseuses.

Preljocaj adopte dans cette œuvre un style particulièrement épuré : la musique est minimaliste, les « costumes » très simples, et aucun artifice ne vient s’interposer entre danse et spectateurs (on est très loin des machines infernales d’Alain Platel).

Jusqu’ici, tout va bien.

« Centaures » est une œuvre pour deux danseurs. Deux hommes chauves et presque nus forment un amas informe de membres, puis ils évoluent dans un corps à corps lent et profondément intense.

Il n’y a ici ni saccade ni brusquerie dans le geste ; pourtant une force contenue impressionnante émane de ces danseurs : ils dégagent une puissance maîtrisée et animale (très beaux mouvements à quatre pattes, comme des lézards).
Preljocaj n’a pas besoin d’artifices chorégraphiques ou scéniques pour convaincre : les deux danseurs sont simplement habillés d’une lumière ocre et la scène est vierge de tout décor.

La danse parvient, assez miraculeusement, à faire oublier une musique pénible.
Le public, à ce stade de la soirée, est conquis : les applaudissements sont particulièrement nourris et tout le monde a l’air satisfait.

Malheureusement, après 15 minutes d’entracte commence le calvaire : « Eldorado ».

Douze danseurs sont collés à douze stèles réparties tout autour de la scène. Deux danseuses se détachent de leur socle. Puis deux autres prennent le relais, puis deux autres encore… Chaque duo évolue en silence.

Jusqu’ici, tout va bien.

Sauf qu’il arrive un moment où tous les corps tapis dans l’ombre se rejoignent au milieu de la scène pour danser au son d’une inaudible musique, alternance de sirènes (façon pompier, mais en moins fort quand même) et de complainte métalliques (comme des longs soupirs de cyborg). On dirait qu’un Charly Oleg maniaco-dépressif a composé la musique avant de l’interpréter sur son vieux synthé.

Du côté des danseurs, il y a trop de mouvements sur scène, ça part dans tous les sens, trop de sons simultanés, et l’on n’arrive plus à suivre.

Et là, franchement, on a envie que ça s’arrête !

du 26 fév. au 8 mars 2008

theatredelaville-paris.com

 

Previous ArticleNext Article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

? * Le temps imparti est dépassé. Merci de saisir de nouveau le CAPTCHA.