Splendide interprétation de l’héroïne du roman de Tolstoï par Golshifteh Farahani.
Très rarement adapté au théâtre en français, le colossal roman de la grande littérature russe prend une cure de jouvence et de douceur persane sur les planches audacieuses de la Tempête.
Anna Karenina est mariée à un haut fonctionnaire avec qui elle a un garçon de six ans. Elle choisit de vivre ouvertement sa passion adultère avec Alexis Vronski, officier, en dépit des menaces de mise au ban de la société. Daria, enceinte jusqu’au cou apprend une nouvelle tromperie de son mari. Et Kitty a son cœur déchiré entre Lévine, jeune idéaliste propriétaire terrien épris d’absolu et Vronsky. Ces trois femmes naviguent entre désir d’émancipation, de bonheur et contraintes sociales et familiales. Et constatent combien un moment d’égarement d’une femme et d’un homme ne déclenche pas les mêmes bouleversements.
Dans un décor minimaliste, la mise en scène de Gaëtan Vassart mêle univers originel russe et français. Le côté décalé ne marche pas toujours. Son adaptation apporte cependant des touches d’humour et de modernité bienvenues au texte fleuve de Tolstoï.
Golshifteh Farahani est extraordinaire. Elle joue une Anna mélancolique et joyeuse, fragile et puissante, sensuelle et envoutante. L’actrice iranienne éblouit de sa voix chantante et nous révèle des talents de pianiste. Elle impressionne par sa mémoire d’un texte complexe traduit en français. Quand on pense qu’à son arrivée en France il y a huit ans elle ne parlait pas un mot de français… Son interprétation vibrante d’émotion n’est pas sans évoquer son émancipation personnelle des convenances sociales en Iran l’ayant conduit à l’exil. Vivement sa prochaine montée sur les planches entre deux montées des marches. Chapeau l’artiste !
Jusqu’au 12 juin 2016