Juliette Binoche dans le rôle titre d’Antigone au Théâtre de la ville. Affiche prometteuse… Dommage que la réalité sonne faux.
Suite à la mort de ses deux frères dans une lutte pour le pouvoir sur Thèbes, Antigone brave l’autorité de son oncle, le roi Créon. Pour assumer ce qu’elle estime son devoir de sœur, elle brave l’interdiction arrêtée par un récent décret royal et ensevelit le corps de son frère Polynice. A l’aube de sa vie, elle fait ce qui lui semble juste : sauver l’honneur de sa famille. Apprenant son geste, Créon la condamne à mort.
Tragédie grecque par excellence, Antigone est ici transposée dans le monde contemporain en costume-cravate, jupe et talons. Entre le salon type Habitat au premier plan et les images de piétons dans la grande ville et autres déserts de sable, les acteurs s’évertuent à faire résonner en anglais le texte de Sophocle. Et le tout sonne faux.
Et d’une parce que Juliette Binoche ne convainc pas. Elle crie, affiche une tête sombre, ne parvient pas à transmettre l’innocence et la fougue d’Antigone. Et de deux car la tragédie grecque se marie mal avec le moderne en l’absence de finesse. La transposition est maladroite, sans émotion et lente. Les comédiens se tombent dans les bras, se caressent frôlant le sentimentalisme déplacé. Et enfin car à trop vouloir mêler les codes actuels au théâtre antique, on fait perdre de sa force au tragique.
Reste l’universalité du mythe et sa façon de nous interpeller. Antigone questionne la loi et son bienfondé. La scène avec son frère mort possède un effet de réel saisissant. On perçoit la révolte du faible contre le fort, la déchéance du roi enfermé dans ses principes. Face aux morts insensées, aux condamnations injustes, quels sont ceux qui aujourd’hui s’élèvent ?
jusqu’au 14 mai 2015
en anglais surtitré