Apocalipsync nous fait passer de l’autre côté du miroir. Littéralement. Au début du spectacle, nous observons Luciano Rosso à travers son miroir (grossissant). Une journée commence. Une longue journée. Un jour sans fin. Un jour de confinement COVID.
Luciano Rosso (qui n’est pas, comme pourrait le faire croire son nom, italien mais argentin, vivant en France) a dû s’ennuyer pas mal pendant le confinement. Pour ne pas devenir fou, il a choisi de transformer en spectacle fou ce quotidien qui ne l’était pas moins. Sur une durée d’une heure, il nous fait revivre ses semaines de confinement, mais avec jubilation cette fois ! Tout y passe, des cours de gym qu’on n’arrive pas à suivre jusqu’à la communication officielle, sans oublier la glande devant la télé.
Le performer est un spécialiste du lipsync (la synchronisation labiale, ça ressemble à du playback, mais pas que sur du Mariah Carey !). Sur scène, c’est comme si tous les bruits prenaient possession de son corps (au sens diabolique du terme). Luciano Rosso incarne tous les sons parasites qu’il entend : le chien des voisins, les voisins eux-mêmes, les médias, tout un bestiaire désopilant etc. Coincé dans son appartement carcéral, Luciano Rosso est comme à un hyper-acousique qui deviendrait prisonnier de tous les sons parvenant à ses oreilles.
Ce spectacle atteint un niveau jamais vu au plan de l’expressivité presque brute et de la synchronisation avec la bande son. Mais Luciano Rosso n’est pas seulement un athlète des zygomatiques, il ajoute aux grimaces un engagement corporel complet. C’est l’ensemble de ses muscles qui sont mobilisés dans ce show qui fait parfois penser au Ministry of Silly Walk des Monthy Pythons. Il est d’ailleurs présenté comme acrobate et danseur, quand lui se définit tout simplement comme quelqu’un de curieux.
Tout repose sur le talent de l’artiste. Avec un rideau de douche géant et un siège gonflable pour tout décor, ce spectacle tient dans une valise ! D’ailleurs, il traversera bientôt les frontières car il est en cours d’adaptation en italien et en anglais.
J’imagine que la vocation de Luciano Rosso, qui est autodidacte, a démarré un peu comme un blague quand, alors qu’il n’était encore qu’un gamin espiègle, il faisait des grimaces devant sa glace ou jouait à faire du doublage décalé et sauvage sur les feuilletons. Sauf que chez lui, la grimace et l’expression du visage prennent une dimension dingue et sont élevées au rang d’art.
L’ambition de Luciano Rosso est de nous remonter le moral, ce qui n’est pas une mince ambition en ce moment. Il y parvient parfaitement. Il nous rend heureux pendant une heure. Jim Carrey peut bien aller se rhabiller !
Jusqu’au 02 avril 2023 à 18h30
Théâtre du Rond-Point, Paris 9ème
durée 1h00