Image au mur

Image au mur, deuxième album de Grand Blanc, nous scotche!

On a le droit de les regarder de travers, les quatre de Grand Blanc, groupe qui vient de Metz! Ils appartiennent à cette gigantesque comète qui est apparu dans la galaxie francaise avec La Femme, Feu Chatterton etc. Tous ces groupes qui profitent de l'electro ou du rock pour enchanter le bitume et mettre la poésie dans une génération qui a la tête dans les réseaux sociaux.

On aime bien leur prise de risque! Effectivement le groupe n'a pas peur de faire des grands écarts entre les styles. Il n'y a pas de barrière chez Benoit, Camille, Vincent et Luc. Tout est ouvert. Leur disque est effectivement truffé de petites surprises, de virages inattendus et des idées folles

Ca, les autres le font aussi. Mais Grand Blanc donne l'impression d'être totalement libre. On adore le coté punk de Belleville et l'aspect sophistiqué de Los Angeles, la chanson qui suit. On est sensible aux échanges vocaux, masculins et féminins, simples ou tout en échos sixties. Il y a de la science dans ce quatuor

Finalement, ils vivent pleinement leur musique. Il y a quelque chose d'organique dans chaque morceau. C'est habité et beaucoup moins posé que certains groupes à moustaches taillées, casquettes dépareillées et filles au milieu.

Les chansons sont des évocations justes sur les fanstasmes, les envies contemporaines. Ils percent au milieu d'un monde un peu bancal, des réalités sensibles et des vérités assez poétiques. La complexité musicale n'empêche pas la construction d'une chambre avec vue, au calme, qui nous fait aimer le présent. Ce qui est déjà beaucoup!

A+LSO - 2018

High Water 1

C'est la guerre des clans ou quoi? D'un coté, Chris Robinson a monté son brotherhood pour défendre son blues de gentil allumé en sortant des albums tous les jours quasiment. De l'autre coté du rock sudiste, on croise Rich Robinson, le frangin qui se cache dans plusieurs projets pour sortir lui aussi des chansons comme un robinet qui fuit.

Les deux hommes sont toujours inspirés mais ne travaillent plus ensemble. L'ombre des Black Crowes ne fait que planer dorénavant. Pourtant Magpie Salute ressemble beaucoup au groupe des frères Robinson. D'abord il réunit des anciens comme le vénérable Marc Ford et le bassiste Sven Pipien. Eddie Harsch, pianiste des Crowes, est décédé au tout début de la formation.

Ensuit le chanteur, John Hogg, est un hurleur digne de Chris Robinson. La texture de voix. La façon dont il colle aux guitares, le bonhomme a du talent mais pas vraiment le charisme du céleste chanteur.

Si Chris est dans les vapeurs du blues rock, Rich affirme au fil de ses projets, une écriture plus simple, terre à terre. On est donc dans le riff rageur, la mélodie accrocheuse, l'acoustique rassurant et la voix qui porte. Mais ca ne soulève pas non plus l'enthousiasme.

On devine la joie de jouer ensemble mais on ne trouve pas de surprise ou de grande nouveauté. Tout le monde est à sa place. Le boulot est fait mais ca manque une peu de fougue. Le démon du rock est un peu diminué avec ces anciens corbeaux du bon vieux rock'n'roll houleux et dangereux.

Ce n'est jamais mauvais. Mais hélas, pas de surprise. On pourrait attendre un peu plus car les talents sont là. Cela tombe bien: une seconde partie est attendue dans quelques mois!

Provogue - 2018

Solaris, Stanislas Lem, Théâtre de Belleville

 

Un mystérieux message est envoyé au psychologue Kris Kelvin par son ami Gibarian lui demandant de venir le rejoindre sur la station d’observation en orbite autour de la planète Solaris. Une fois sur place, il va rapidement sombrer dans la paranoïa collective de l’équipage suite à d’étranges apparitions dans la station.

« Nous nous envolons dans le cosmos, préparés à tout, c’est-à-dire à la solitude et à la mort. La pudeur nous retient de le proclamer, mais par moments nous nous jugeons admirables. Mais nous ne voulons pas conquérir le cosmos, c’est un mensonge. Nous n’avons pas besoin d’autres mondes. Nous avons besoin de miroirs ».


Serions-nous revenu à l’époque des épreuves de philosophie ? Et pour cause, Stanislas Lem a posé les bases solides d’une science-fiction philosophique en écrivant le roman phare du genre Solaris en 1961. Bien que la toile de fond du récit soit une lointaine planète et l’exploration scientifique dans l’espace, il s’agit avant tout de questionner l’esprit de l’être humain. Dans Solaris, chaque membre de l’équipage se retrouve confronté face à ses contradictions et ses culpabilités via l’envoi de fantômes par la planète Solaris.

La tension psychologique monte au sein de la station au fur et à mesure que les protagonistes se rendent compte qu’il n’y plus de lieu sûr. Leur intégrité physique et psychique est menacée dans ce huis-clos oppressant. Ces apparitions sont-elles envoyées par la planète Solaris ou seraient-elles simplement des productions de leur propre esprit ?L’océan de la planète Solaris force ces scientifiques à basculer entre trouble émotionnel et froideur scientifique afin de trouver un échappatoire salvateur.

La mise en scène de Rémy Prin réussit le pari ambitieux d’adapter une pièce de science-fiction au théâtre. L’association des costumes, des décors et des effets son et lumière est réussie et nous permet d’être transportés dans l’histoire. La simplicité des éléments garantit de ne pas tomber dans une scénographie exagérée, ridicule qui n’aurait eu comme unique effet de faire décrocher le spectateur.

Rémy Prin sollicite l’imagination du spectateur comme en écho à ce que vive les protagonistes. Avec peu de moyens, nous sommes transportés dans ce voyage scientifique qui se révèle être en « rêve » une exploration poétique intérieure.

 

 

Solaris
Septembre 2018

De Stanislas Lem – Adaptation pour la scène de Rémi Prin & Thibault Truffert
Production Cie Le Tambour des Limber

Théâtre de Belleville

I m your man

I ll Pretend

Raw Silk Uncut Wood

Bon on est presque tous d'accord pour remettre le prix du meilleur titre d'album et le titre de plus belle pochette à la jolie Laurel Halo mais est ce que son disque vaut le coup?

La musicienne est un petit cliché à elle tout seule. Une intello de l'electro. Une digne descendante de Brian Eno. Comme lui, l'Américaine trouve l'inspiration dans les soirées berlinoises et cultivent un gout certain pour un son à l'horizontal, proche de l'ambient... qui a dit de l'ennui?

Car la jeune femme est douée. On va vite utiliser les adjectifs, avant gardiste et expérimental pour la présenter. Elle fait effectivement une musique pas facile d'accès, très synthétique, mais il y a de l'envie et une douce recherche d'harmonie.

C'est ce qu'on aime bien dans son quatrième essai, Raw Silk Uncut Wood. Passionnée par la science fiction et particulièrement Philip K.Dick, Laurel Halo nous emporte donc dans un univers où les notes sont angoissantes. La musique est faussement apaisée. C'est ce qu'on aime ici: à la réécoute, on entend de nouvelles choses.

Comme beaucoup de disques expérimentaux, on retrouve si on le veut tous les angoisses existentielles dans des nappes synthétiques et quelques instruments qui se veulent plus organiques. Une fois de plus, cela fait un peu trop stéréotypés mais Laurel Halo a le "je ne sais quoi" qu'il faut pour s'écarter discrétement des sentiers battus.

Il y a une poésie sonore qui se fabrique devant nous. Ce n'est pas facile d'accès mais la douceur et l'humanité, à l'image de sa jolie pochette, trouve leur place dans cette expérimentation minimaliste et fascinante. Si vous avez du courage, sachez qu'il sera recompensé!

Latency - 2018

Miss sarajevo

Sierra Burgess is a Loser

Hommage sincère au cinéma de John Hughes. Jouant avec les clichés, ce film pour adolescents peut être vu par les plus grands.

Les ados, on le sait est une espèce étrange qui se comporte toujours de manière surprenante. Le monde adolescent est un reflet miniature et caricatural de notre monde moderne. Les lycées sont des sociétés de castes et d'humiliation.

Cela peut donner ainsi la mythique saga des American Pie comme les envolées poétiques de Gus Van Sant (et son magnifique Elephant). Ce petit monde fascine les adultes, les producteurs et on ne compte plus les films sur le sujet.

Depuis les années 80, il y a une référence qui s'impose sur le sujet: John Hughes. En quelques films, il a fait le tour de la question. Entre interrogations existentielles et délires potaches. John Hughes a marqué une génération de spectateurs.

Et cela se voit de Sierra Burgess is a Loser de Ian Samuels. On croise des stars de l'époque comme Alan La folle journée de Ferris Bueller Ruck et Lea Retour vers le futur Thompson. Le scénario lui fait dans la tragi comédie avec une aisance appréciable.

Sierra Burgess a un père écrivain, des pulls trop larges et une passion pour la poésie. Bien entendu, ca ne fait pas d'elle, la star du lycée. Elle se met à dos la pom pom girl du bahut. Mais suite à un quiproquo, Sierra est courtisée par un beau quaterback et elle va devoir se rapprocher de la jolie fille pour survivre à cette épreuve inattendue.

Récit iniatique assez classique, le film pulvérise l'état des gamins d'aujourd'hui, complètement largués au milieu des réseaux sociaux et de parents un peu trop égoistes ou anxieux pour les comprendre. On pense à évidemment à Hughes car au delà de choix eighties un peu chichiteux, c'est une romance assez clairvoyante, aigre et douce.

Les gamins sont de la dynamite à manipuler avec précaution, ce que fait le cinéaste. Les émotions sont traités avec sensibilité et cette version "high school" de Cyrano ne cherche pas à plaire qu'au jeune public. L'intello n'est pas si gauche et la bimbo n'est pas si bête. C'est sans grande surprise mais c'est très bien fichu et joué avec beaucoup de nuances. Une réussite mineure mais réussite tout de même!

Avec Shannon Purser, Kristine Froseth, RJ Cyler et Noah Centineo - 2018 - Netflix

Kin: le commencement

Kin: le commencement ou le début de la dégringolade industrielle.

Ce qu'il y a d'amusant en été, c'est d'observer toutes les daubes qu i viennent s'incruster dans nos salles obscures comme des frelons excités par la lumière. Kin: Au Commencement ressemble bel et bien au produit estival dont personne ne sait trop quoi faire.

Les producteurs de Stranger Things ont donné de l'argent à deux frangins pour qu'ils allongent leur court métrage en film bandant et rentable. Josh et Jonathan Baker ont clairement du talent mais ils ne sont pas des magiciens du blockbuster!

Kin se donne un style sophistiqué. Il y a des néons pour faire réaliste ou pour faire arty. Il y a des extraterrestres qui se font le look des Daft Punk. Il y a James Franco. Et Dennis Quaid! Il y a de la référence en pagaille aux années 80 avec son jeune héros qui se retrouve en possession d'une arme venue d'une autre planète.

Les bonnes choses sont là. Il faut ajouter le joli travail du directeur de la photographie, qui filme Détroit avec classe. On entend aussi les notes du groupe Mogwai pour illustrer tout cela. Kin: au Commencement a des atouts indéniables.

Mais rien ne fonctionne vraiment. Les deux frères ne sont pas à l'aise et s'enfuient dans un récit mollasson. La SF n'est qu'une excuse à une course poursuite avec quelques gamins en perdition. C'est Terminator (y a meme un assaut de commissariat) pour midinettes en fait.

Il y a aucune incarnation dans ce film sans grande saveur hélas. On sent que les producteurs rêvent d'un succès à Twilight et autre aventure adolescente avec du fantastique tout autour. Mais ils privilégient la facilité plutot que la conviction et le plaisir. Bref, tout cela est un peu trop mécanique pour que cela fonctionne. Le box office donne raison: Kin est un gros bide. Dommage.

Avec Myles Truitt, Jack Reynor, Zoe Kravitz et James Franco - SND - 29 aout 2018 - 1h38

Nouvelle génération

Une histoire d'amitié entre un enfant et une machine! Ca vous dit quelque chose. Ce film d'animation pique des idées aux autres mais s'en sort pas trop mal au bout du compte!

C'est une production encore americano chinoise. Le site d'échanges et milliardaire, Alibaba, est à la manoeuvre. Il diversifie ses activités visiblement. Mais ne prend aucun risque. Donc Nouvelle Génération va devenir l'ersatz de tout ce qu'il se fait ses dernières années.

Les Nouveaux Héros font donc une jolie partouze avec Le Géant de Fer. Dans un futur proche, une jeune fille se rebelle dans une société bien tristounette et consumériste, où le comble de l'extase est de posséder le dernier robot domestique à la mode.

Elle va pourtant se retrouver en posséssion d'un prototype très dangereux mais surtout très naif. Ensemble, ils vont vivre une aventure incroyable qui va les mettre en face d'épreuves de plus en plus impressionnantes.

Car lorsque l'on possède un robot rien que pour soi, au début, on ne pense qu'à se venger de ceux qui nous ennuient. Notre héroïne auxc cheveux violets va s'amuser puis comprendre que son ami synthétique est particulièrement convoité.

Poursuites.Explosions. Bastons. On va avoir droit à tout et les auteurs du film, deux animateurs sur la production Tim Burton, Numéro 9, ne vont pas se faire prier pour nous en mettre plein la vue. Le film ressemble à beaucoup d'autres. Mais il en fait des tonnes pour exister et cela fonctionne plutot bien. On ne s'ennuie jamais. Le film n'est pas niais et semble avoir de l'estime pour son spectateur (meme s'il regarde Netflix).

C'est déjà cela. Le film raconte d'ailleurs dans sa première partie, le monde actuel, avec une fantaisie colorée mais un fond de dépression bienvenu. Le constat est amer même si le traitement de cette histoire est assez trépidant.

Finalement Nouvelle Génération ne rabat pas les cartes mais les distribue avec un certain dynamisme que l'on n'attendait pas dans ce genre de production assez mercantile, du moins en apparence!

Netflix - 2018

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