We the people of the soil
Et si le meilleur groupe de rock old fashion était Landais?
Copains du groupe Fishbone, Phil et Malcom, du coté de Mont de Marsan, ont sorti les guitares et la batterie pour fonder The Inspector Cluzo. Dix ans plus tard, le duo est devenu une institution. Leur premier album était un bon gros concentré de rock et de funk à l'ancienne. Avec une envie certaine d'en découdre avec le son bien poli.
Ils ont évolué. Le rock est devenu plus prononcé et l'expérience paysanne des bonhommes a fait de leur son, un rock du terroir, sincère et fier. Les deux gaillards se lachent en concert et leurs chansons sont de gros morceaux âpres et lyriques. Bref, du rock comme aux Etats Unis mais avec une saveur bien franchouillarde.
Impossible de résister au charme de The Inspector Cluzo. Les Rockfarmers ont le rock souriant, généreux et simple. Les paroles sont douces et servis sur des riffs incroyables. Le duo se la joue justicier cette fois ci. Ils nous réconcilient avec la production française. De Gascogne, ils nous proposent une énergie électrique absolument séduisante.
Ils en font trop. Parfois. Mais ils sont assez désarmants avec leur rock binaire qui sent bon la chlorophylle et les cuites au vin. L'herbe est plus verte ailleurs. Pourtant le champ du groupe a la même saveur que les grandes prairies américaines, celles d'autres barbus comme ZZ Top par exemple. En tout cas, le groupe depuis dix ans, cultive un petit coin de paradis rock!
Fuckthebassplayer records - 2018
World’s Strongest Man
A 20 ans, il était avec les Riri, Fifi et Loulou de la Britpop. Il fut la tête chantante d'un groupe unique en son genre. Une vingtaine d'années plus tard, Gaz Coombes semble avoir trouvé la maturité. Finalement c'est une bonne nouvelle.
La pochette est belle. Un homme allongé le long d'une piscine. Est il en train de dormir? Est il en train de méditer? Est il mort?
Le leader de Supergrass apparaissait un peu paumé après la fin du groupe en 2010. Il sort deux albums. Les qualités sont là mais pas forcément la conviction. Pour son troisième essai, on doit reconnaitre qu'il y a quelque chose de changé chez Gaz Coombes, ancien chanteur rigolard, musicien faussement jemenfoutiste. Au delà des grands succès du groupe, certains albums sont simplement monumentaux et méritent une revalorisation dans le catalogue de la Britpop.
Mais revenons au présent. Gaz Coombes y est très à l'aise. Enfin. Son disque est moderne mais les guitares font un retour assez spectaculaire. Elles vibrent aux atermoiements du chanteur qui dans sa démarche rappelle un peu Jack White et ses bidouillages.
Il triture les genres pour se fabriquer sa propre musique. C'est moins pompier que l'Américain mais le chanteur est plus détendu. Il suffit donc le voir allonger le long de la piscine. A 42 ans, il ne fait plus le clown. Il assume sa vie: ses enfants, la disparition de sa maman, la dépression ou la masculinité. Il se met à nu sur des refrains absolument bouleversants.
Pas de clownerie qui ont fait sa gloire. Coombes est un homme de 42 ans, un peu usé par le succès mais pas du tout abattu. Il met à plat tout son être. Il s'interroge toujours et encore sur sa musique. Il se remet en question. Il dépasse enfin son statut de gloire des nineties. Il se repose sur des mélodies douces mais pas molles. Gaz Coombes arrive à s'affirmer sur des refrains élégants et intimistes.
C'est vraiment la bonne surprise du printemps. C'est beau de vieillir. Après les disparitions en série de stars du rock, le disque de Gaz Coombes est une étincelle de vie, un éclat de création, une belle exploration du rock et sa richesse. Le rayon de soleil qui nous manquait un peu!
Caroline - 2018
Anon
Andrew Niccol continue de faire son boulot d'artisan amateur de science fiction. Chez Netflix, il semble se faire plaisir!
Il va donc une fois de plus nous dire que le futur a tout pour être flippant si on regarde notre présent. Minority Report de Spielberg à coté de Anon, c'est Disneyworld. Pour Niccol, le Monde ne sera plus q'un grand supermarché où l'individu ne devra pas avoir la moindre zone d'ombre.
Avec les technologies, tout le monde peut voir ce que pense les autres. C'est comme ça et cela facilite la vie de la police. Le taciturne inspecteur Sal Friedland se connecte aux pensées des autres et résoud tous les crimes. Sans faire beaucoup d'effort.
Jusqu'au jour où une série de meurtres violents sont commis. Là, le représentant de l'ordre va devoir mener une vraie enquète et faire des découvertes qui vont remettre en cause sa façon "de voir les choses". Cette remise en question a le charme sublime d'Amanda Seyfried donc on est ravi de le suivre!
Comme dans Bienvenue à Gattaca, S1mOne ou Time Out, Le réalisateur Andrew Niccol est obsédé par la science et ses dérives. Il continue de décrire un monde neutre, gris et désincarné. Son héros, joué par un Clive Owen qui ne s'est pas remis des Fils de l'homme (chef d'oeuvre en matière d'anticipation réaliste), rentre dans un jeu de doutes, de faux semblants et de réalité de moins en moins virtuel. Bref, c'est le grand déballage sur le futur qui fait peur et qui fait de nous de simples consommateurs, obligés de se conformer aux normes, aux réseaux, à la société.
Ce nouveau film n'ajoute pas beaucoup d'idées nouvelles sur le thème mais il a le mérite d'une certaine élégance en empruntant beaucoup aux films noirs avec une femme fatale et un homme de loi désorienté. Une lenteur impose un aspect existentiel. Faire cela à notre époque, c'est du courage. Et si Niccol n'est pas le meilleur réalisateur, c'est un type convaincu de son art et son discours, ce qui est déjà pas mal.
avec Amand Seyfried, Clive Owen, Colm Feore et Sonia Walger - netflix - 1h40
Firepower
Mine de rien, cela fait bientôt cinquante ans que Judas Priest défend le metal à l'ancienne, avec des guitares fantaisistes et un chanteur à l'accent des temps anciens.
C'est en 1969 que Judas Priest débute sa carrière de grands hurluberlus du rock'n'roll. Les clichés du hard rock? Il les embrasse. Il les sublime. Il les respecte. Les sirènes de la mode peuvent chanter: eux c'est du cuir noir, de la guitare de bucheron et une batterie énervée!
Et ca dure. Les papys en ont encore sous le coude comme le prouve donc ce Firepower où l'on a tous les poncifs du genre et ce n'est du tout désagréable. Avec Iron Maiden, le groupe de Ian Hill et Rob Halford garde le temple du heavy metal.
Il y a tout le bestiaire et toutes les attitudes de cette musique musclée mais désormais vieillotte. Nous sommes dans les flammes de l'enfer, le mal est partout et on pourrait encore attaquer le groupe de messages subliminaux et de démons à cornes.
Le cuir, les clous et l'electricité, voilà le secret de Judas Priest. Le duo de guitares fonctionne encore. Le batteur perd le controle de son instrument et Halford continue de hurler avec style. C'est bien vintage. Très rigolo à écouter.
Mais il y a aussi la conviction car le groupe a quelques années au compteur. Si vous êtes allergiques au gros rock qui tache, fuyez cet album enflammé mais si vous voulez vous transporter dans une autre époque, où le lyrisme et l'exagération ont leur place, he bien, ce Firepower est une preuve de croyance assez jubilatoire. A cinquante ans, ils sont pas mal ces petits vieux tout de meme!
sony music - 2018
The Avengers: infinity War
Gloire à toi Thanos, méchant violet et tyran de toutes les galaxies! En deux heures et demi, il nous fait traverser le meilleur et le mauvais de tout l'univers Marvel, initié il y a dix ans par le succès d'Iron Man.
Pour le mauvais, on va essayer d'aller vite: Avec tous les procédés techniques, l'image semble s'assombrir. Le directeur de la photo semble avoir beaucoup de mal pour éclairer des planètes lointaines et l'Afrique fantasmée de Black Panther. Les frères Russo, responsable de quelques Marvel, sont aux manettes et ils n'ont pas beaucoup de style. Tout comme la musique, assez insipide et pourtant signé par Alan Silvestri. Et on passe vite sur l'interprétation très peu concerné de Robert Downey Jr, plus effacé qu'un personnage numérisé.
Mais bon, avec les frères Russo, c'est fluide et l'écriture est simple. Ils arrivent à gérer tous les super héros qui s'organisent une géante orgie pour que tous les geeks de la planète jouissent en même temps. Ca fonctionne: le film est un énorme succès qui assure des suites pour les décennies à venir. Désolé pour les ronchons qui trouvent tout cela un peu trop industrialisé! Faudra s'y faire.
Donc notre ami Dr Strange recoit dans la tronche un Hulk tout angoissé: il vient de se prendre une fessée de la part de Thanos, dictateur mélancolique qui veut mettre la main sur des petits cristaux colorés qui proviennent du Big Bang. Ils donneraient des pouvoirs illimités à Thanos le caractériel. Un peu comme si tu donnais la direction du Monde à Donald Trump ou son double Nord Coréen!
Donc Iron Man, Captain America et ses copains se lèvent contre le despote de l'espace mais les Gardiens de la Galaxie viennent aussi à la rescousse. Et ce qu'il y a de rigolo, c'est donc le mélange des franchises avec une grosse intrusion de la science fiction dans l'univers plus concret des super héros.
Les Russo tombent dans le panneau: il y a trop de personnages. Ils deviennent des accessoires. Comme l'un des personnages, ils sont presque destructurés, réduits à servir une histoire qui pourraient personnellement se passer d'eux. Seul, Thor a droit à un traitement à peu près réussi: il ne perd pas trop de sa mythologie.
Les Russo ne pensent peut être qu'à leur nouvel star: le massif et triste Thanos. Il est vrai que l'on est surpris par la profondeur de ce personnage vaguement shakespearien mais mis en valeur avec beaucoup d'affection. Le genre de méchant que l'on adore. Josh Brolin prète sa voix et ses traits. L'idée est grandiose.
Pendant que l'on accumule les héros, la solitude de Thanos est plaisante et donne lieu aux scènes les plus emphatiques. Pour le reste, c'est l'inévitable conflit du bien contre le mal avec un maximum de rebondissements pour que le récit s'étale sur deux films longs qui vont en mettre plein la vue. Mais ce n'est pas parce que l'on vous en met plein les mirettes, que l'on ne se fout pas un peu de votre gueule! On verra ca au prochain Avengers!
Avec Robert Downey Jr, Josh Brolin, Chris Pratt et Zoe Saldana - Marvel - 25 avril 2018 - 2h30