A peu près
Ne vous fiez pas au titre: le premier album de Pomme est hyper travaillé. C'est tout à son honneur.
Haute de sa petite expèrience, la jeune Pomme pousse très vite vers les hauteurs. Sa voix est impressionnante. Elle va chercher ouvertement vers la forêt folk et elle a observé les vieux chênes que sont Joan Baez ou Karen Dalton. C'est désuet. C'est surtout courageux de chanter de cette manière car les harmonies sont osées et pas si vieillotes que ça!
Le grain de voix a quelque chose de vintage. Il est clairement inspiré par l'Amérique mais la demoiselle est bien française. Comme beaucoup de chanteuses ces derniers temps, elle n'a pas honte de faire dans la variété française sans renier ses petites particularités.
Pomme a la bonne idée de ne pas abuser de l'héritage des années 80 mais profite des structures limpides de la variété avec des histoires d'amour déçues et des petits moments poésies innocents, très doux. C'est tout le charme de la demoiselle. Les morceaux d'A peu près échappent ainsi à la mode.
Dans un monde qui va vite, où l'on doit découvrir une artiste française majeure par semaine, ce tempo plutôt calme et détendu fait toute la différence. Pomme impose son rythme. Elle grimpe en haut du panier. Car elle est franche et fraiche. Elle met toute son âme dans son chant. Les orchestrations sont délicieuses. La fragilité du personnage jure parfaitement avec le style folk moderne qui montre les bases très solides de l'artiste. Il y a quelques moments creux mais A peu près est maîtrisé et plutot fascinant.
Polydor - 2018
Hungerford
Le found footage toujours et encore. Avec trois potes et un logiciel d'effets spéciaux, tu peux toi aussi devenir le futur Peter Jackson ... ou le plus moisi des réalisateurs.
C'est peut être dans cette catégorie qu'il faudre installer le chevelu Drew Casson qui visiblement s'ennuyer dans sa petite ville grise du Royaume Uni. Il a un bon look décalé: sorte de fan de grunge perdu dans les années 2000. Il a des potes aussi sexy qu'un sandwich dans une station service. Il a en tout cas une caméra légère qui fait de lui un génie pour tenter de faire quelques dollars comme Paranormal Activity.
Mais bon, notre apprenti cinéaste veut faire la différence avec le budget d'un pinte de Bud light. Ce n est pas gagné: il invente une histoire de bestioles qui transforment les humains en monstres violents. Inventer c'est un bien grand mot je vous l'accorde. Les gros insectes venus d'ailleurs et des zombies maquillés chez Sephora, cela donne bien évidemment un nanar sans le sou assez jouissif.
Car Drew a quand même trouvé quelques amis pour filmer son incroyable cavalcade dans une fin de monde au rabais. Ils se filment donc faire les couillons pendant vingt minutes, sorte d'hommage moche des Branchés Débranchés et toutes les autres imbécilités couillonnes de feu Rik Mayall, star de l'humour trash anglais.
Puis ils se lancent donc dans une invasion de monstres, mal foutus, mal maquillés, mal joués et c'est hilarant. On s'interroge sur la volonté de Drew Casson, qui a réussi à vendre son film. Il doué pour la vente. Rien ne peut être sauvé dans ce film. Ce nouveau réalisateur a une âme de commercial, pas d'artiste.
Avec Georgia Bradley, Drew Casson, Tom Scarlett et Nigel Morgan - Wild Bunch - 2014
Psychokinesis
Le réalisateur du Dernier Train pour Busan revient et continue de mettre beaucoup de tendresse dans le film de genre. Cette fois ci la guimauve étouffe les ambitions.
Mais c'est aussi ce que l'on aime chez nos courageux Coréens (du sud): ils osent. Ils confrontent leur cinéma commercial à celui des Etats Unis. Ils n'ont pas peur d'aller sur le terrain du cinéma américain et se fabriquent des blockbusters riens qu'à eux. Et cela donne de bonnes surprises.
Comme ce fut le cas du Dernier Train pour Busan, film de zombies assez réussi et attendrissant par sa mignonne histoire de famille qui se recompose face à l'adversité et une foi indéniable pour le genre très à la mode ces dernières années. Sang Ho Yeon, le réalisateur, remet le couvert avec le film de super héros.
Ici, c'est un super looser! Il a abandonné sa famille. Il a un job sinistre. Il est porté sur la boisson. Pourtant cet imbécile va boire de l'eau contaminée par un astéroïde qui va lui donner le pouvoir de télékinésie. Incroyable. Quand il apprend que son ex femme est morte dans d'étranges conditions, il tente de renouer le contact avec sa fille...
Mais il aura du fil à retordre (pardon c'était facile). Il a des pouvoirs incroyables mais il doit affronter un gang au service d'une vilaine compagnie chinoise qui veut expulser sa fille de son restaurant. Les rapports sont tendus entre le père et la fille puis les choses se relaxent et une touche affective finit par se répandre sur la fiction assez conventionnelle autour du thème du super héros et ses responsabilités.
Le réalisateur hélas n'a pas la même ambition que pour son film précédent. C'est bien joué. Le ton doux amer est agréable. Il se laisse tout de même un peu dépasser par le drame personnel et oublie la partie divertissante. On s'ennuie pas mal finalement. La première partie intrigue. Le cinéma coréen est complaisant dans le bon sens comme dans le mauvais.
Le film dépeint très bien ses personnages puis ne semble plus trop quoi savoir en faire. On attend donc sagement que ca se passe et on risque vite d'oublier ce nouveau super héros asiatique qui s'excuse peut etre trop d'exister.
Avec Seung-ryong Ruy, Eun yung Shim, Jung-min Park et Yu-mi Jung - 2018 - Netflix
Under the radar
Né d'un père britannique, l'Angevin Jamie Gallienne balance un rock sans concession et sacrément emballant. Sous le radar mais au dessus de la moyenne!
Quand il était petit, Jamie Gallienne écoutait les classiques du rock. On ne les cite plus. Devenu un grand amateur de musique, il a rencontré un grand monsieur discret du rock. Ken Strigfellow. Complice de REM, le bonhomme est connu pour être un membre des Posies, groupe phare du grunge dans les années 90. Depuis, on le croise sur de nombreux projets en France. Il a une science sûre de la musique.
Cela s'entend dans le très pointu Under the Radar qui impressionne énormément pour un premier essai. Jamie Gallienne a de la bouteille mais son premier disque a tout de même une saveur particulière qui rend le disque, très singulier.
Pourtant Stringfellow aux commandes, ca ne veut pas dire de la grande nouveauté. Mais plutôt l'affirmation d'un goût très sûr. En anglais, Jamie Gallienne s'éclate sur des refrains classiques mais bien troussés. Son groupe ne cherche jamais à épater et surveille toujours la bonne mélodie.
Il n'y a pas d'esbroufe ou une envie maladive d'être à la pointe de la hype. La présence de Stringfellow se fait sentir sur toutes les petites nuances de chansons en apparence classiques. Il y a de la passion et de la recherche dans des titres pop rock presque existentiels. On entend bien un artiste à travers les morceaux.
Faussemnt aimable, Under the Radar nous fait le coup du petit disque qui, l'air de rien, s'accroche à ta platine. Et il n'y a pas de raison de l'arracher!
Pias - 2018
Larguées
HA, L’ILE DE LA REUNION! SES PAYSAGES, SES PLAGES, SA MER D’HUILE, SES PALMIERS, SES FLEURS, SES RHUMS ARRANGÉS, SA NOURRITURE, SA CULTURE... ET SES “CONNASSES”, 3 PLUS PRÉCISÉMENT !
CAMILLE COTTIN ET SA SOEUR EN ROUTE POUR L’ILE POUR REMONTER LE MORAL DE LEUR MÈRE, FRAÎCHEMENT LARGUÉE PAR SON MARI QUI EST PARTI AVEC UNE JEUNETTE, UN CLICHÉ QUI N’EST PAS PRET DE S’ARRETER ET QUI CONTINUE D’INSPIRER LE CINÉMA.L’OCCASION PARFAITE POUR FAIRE CONNAISSANCE AVEC 3 PERSONNALITÉS TRES DIFFÉRENTES.
CAMILLE COTIN EST UNE FABULEUSE CONNASSE AVEC UN ROLE ENCORE ECRIT POUR ELLE. LA SOEUR, UNE DEUXIEME CAMILLE, UNE CONNASSE AUSSI QUI NE SAIT VRAIMENT PAS PROFITER. ET PUIS MIOU-MIOU QUI TENTE DE REPRENDRE LE DESSUS. LE FILM EST ATTENDRISSANT, GENTIL, BIENVEILLANT ET POURRAIT ME FAIRE PENSER A MOI ET MA FRANGINE.
LES DIALOGUES SONT DROLES, LES SITUATIONS TRES COCASSES. AUTANT DIRE QUE TOUT LE FILM TIENT SUR COTTIN ET C’EST PAS A MOI QUE CA VA DEPLAIRE. ALORS OUI TOUT AURAIT PU SE PASSER EN ÎLE DE FRANCE, MAIS C’EST MOINS DÉPAYSANT ET EXOTIQUE QUAND MÊME.
APRÈS CA RESTE UN FILM FRANÇAIS QUI PROLONGE LES VACANCES ET MÊME SI AU LOIN ON ENTEND LE BRUIT DES VAGUES ET DES OISEAUX QUI FONT PIOU-PIOU, ON N’Y REVIENDRA SÛREMENT PAS, JE PARLE DU FILM BIEN SUR, POUR LE RESTE...
AVIS AUX AMATEURS
Avec Miou Miou, Camille Cottin, Camille Chamoux et Olivia Cote - Pathé - 18 avril 2018 - 1h30
Ready Player One
Spielberg a proposé le trip ultime pour les geeks de tout poil qui ne pourront pas se remettre de son dernier film de science fiction. Pour une fois, Spielberg a laissé son complice John Williams pour profiter de la science d'Alan Silvestri.
Car dans les années 80, Silvestri c'était simplement la référence. On lui doit la plupart des musiques pour le cinéaste Robert Zemeckis et il a travaillé avec tous les réalisateurs importants de cette décennie: John McTiernan, Garry Marshall ou James Cameron.
En lui demandant de mettre en musique son Ready Player One, Spielberg demande donc à Alan Silvestri de faire ce qu'il a fait de mieux. De la grande musique orchestrale avec des trompettes enlevées et des coups de Trafalgar entrecoupés de petites flutes rassurantes.
Evidemment on pense beaucoup à la série des Retour vers le futur. Ce n'est pas un plagiat mais plutôt un hommage. Il aurait été plus amusant de demander à un auteur plus récent de proposer sa propre vision de la musique des films Amblin et de tous les films cultes des années 80.
Dans le film, un certain nombre de tubes viennent nous faire le coup de la mélancolie mais la musique de Silvestri a pour but de faire avancer l'action. Là, Silvestri sait y faire. Sa musique est parfois pompière mais elle a quelque chose d'exalté qui fait plaisir à entendre.
Le compositeur n'a aucun mal à retrouver cette douce utopie qui se cache dans les mélodies rebondissantes et les orchestres enthousiastes. Cela manque peut être de thèmes. Silvestri recycle avec une réelle habileté mais ne cherche pas à faire dans la nouveauté. C'est un peu paresseux.
Néanmoins, la BO de Ready Player One amuse beaucoup par cette volonté de flatter nos oreilles, en réveillant le maximum de Madeleines de Proust. Attention à l'indigestion tout de même!
Decca - 2018
Geography
L'album le plus cool de ce printemps 2018.
En ce moment, si vous voulez donner l'adjectif "cool" à quelqu'un, vous pouvez l'offrir les yeux (mais pas les oreilles) fermés au Londonien Tom Misch. roi du bidouillage, il possède une géographie musicale très aléatoire et se perd de cette manière dans le bon gout.
Tom Misch a une méche et des vétements cools. Il a une bonne gueule. Son petit filet de voix lui permet de faire le petite crooner blanc bec avec un certain style. Il connait ses classiques soul mais il sait surtout jongler avec les boucles, les beats et les instruments.
Ca fait un petit bout de temps qu'on avait remarqué le jeune homme. Il sort enfin son premier album après des EP assez réjouissants. Au sons actuels, il arrive par magie à faire revivre un peu l'acid jazz des années 90 qui faisait de Londres une capitale du Jazz.
Au début de son disque, Tom Misch se perd dans Paris mais il capture en effet tous les effets de l'acid jazz pour le resservir avec une virtuosité bien moderne. C'est le genre d'artiste qui ne préfère pas choisir entre pop, electro, jazz ou soul. Il ajoute même des touches urbaines pour bien marquer son territoire, entre les capitales européennes. Il y a évidemment chez lui une ouverture d'esprit incroyable, le style populaire anglais, les petites touches electrop presque allemandes ou le fourre tout à la francaise. Alorsoui, il fait un peu de tout.
Et il le fait bien. Un artisan solide et convaincu. Si les genres sont des pays, alors la géographie de Tom Misch est très bizarre, inhabituelle, revue et corrigée.
Beyond the groove - 2018