Game over man!
Ha ha ha, Netflix et ses nanars, c'est du bonheur!
He oui, amateurs de spectacles déviants, rien de tel qu'un petit abonnement à Netflix pour se faire plaisir. On ne comprend plus bien ce qu'il se passe dans le monde de la distribution, mais les plate-formes ont le grand mérite de devenir la niche des produits honteurs, des films ratés et des navets assumés.
C'est le cas de Game Over Man, un truc parodique produit par Seth Rogen, qui rejoint l'écurie Netflix après l'intrépide Adam Sandler. Les blagueurs pouet pouet ont trouvé leur refuyge. Donc l'ami Rogen aide ses copains à faire des comédies graveleuses et qui l'assument, Man!
Dans Game Over Man, tout se passe en dessous de la ceinture. On y parle de caca, de zizi et tout fluide qui sort du corps. On fume de la drogue et on dit des choses horribles avec un ton farceur. Mais il ne faut pas crier trop tôt à la subversion. Game Over Man est un film crétin.
Il s'amuse à parodier Piège de Cristal mais il n'invente rien. Les blagues qui sentent le slip, sortent surtout de vieux placards. Le trio comique est une version délavé de Seth Rogen, sans nuance mais avec plein d'idées bêtes derrière la tête. Ils ont bien la bonne idée de sortir de vieilles gloires comme Daniel Stern, Rhona Mitra ou Shaggy, ce qui fait bien marrer.
Mais autrement c'est de la grosse blague d'obsédé sexuel. Sous couvert d'immmaturité salutaire, on se prend une vague de mauvais goût absolument ahurissante. On se noie sous un magma scatologique servi par des artistes contents de rester au stade anal. Game Over, man! La partie est bien trop longue pour être défendable!
Avec Adam Devine, Anders Holm, Blake Anderson et Neal McDonough - 2018 - netflix
Amateur
Chronique sur le basket, Amateur en dit long sur la perversité du système.
Le film de Ryan Koo ne va pas vous apprendre grand chose: le fric et le sport ne font pas toujours bon ménage. Rapidement les ambiguités de l'argent s'enroulent dans la beauté du sport, du geste parfait, de l'effort collectif. Amateur montre donc les dessous un peu sales du basket ball.
On s'en doutait à la vue des milliards que brassent ce sport. La sélection ne se fait pas vraiment par le talent mais par les erreurs plus ou moins commises par chacun. Sans surprise, Ryan Koo nous montre un univers impitoyable.
Il suit le parcours de Terron Forte, élève taciturne mais basketteur surdoué. Un coach lui donne sa chance. Il se retrouve loin de ses parents et doit faire sa place dans une équipe plus agée que lui. Petit à petit, il comprend que les compromis sont difficiles. C'est donc une initiation assez classique à la vie, sa rudesse et ses désillusions.
Avec peu de moyens, le réalisateur réussit à nous passionner avec son héros atypique, discret et totalement acrroché à son téléphone portable. Les comédiens sont parfaits. On redécouvre Josh Charles, héros de la série The Good Wife et mentor d'un jeune gars désarmant de naturel. Avec sa perception connectée de l'existence, le gamin approche le système à sa manière et cela donne une film assez moderne, sympathique et qui parle assez justement de notre temps.
Rien de transcendant, mais un film qui explique qu'il n'y pas que des gens qui pensent que la Terre est plate dans ce sport spectaculaire!
Avec Michael Rayney Jr, Josh Charles, Sharon Real et Walter Anaruk - 2018 - Netflix
Canyon Alibi
Discret et élégant, Alain Gibert signe un délicieux deuxième album. Définitivement, ce type a la classe.
Il y a quelques années, on avait remarqué déjà l'élégance naturelle de ce binoclard droit et doué. Alain Gibert est un compositeur français au caractère bien trempé et aux idées sûres. Il aime la pop verbeuse, celle où le mot a autant d'importance que l'harmonie. Ce genre de gus est rare donc Alain Gibert, en un seul disque, est devenu un artiste assez précieux.
D'autres le trouveront pedant avec ses accords délicats, ses voix féminines et son univers de petits airs fins comme les détails que l'on peut observer dans une seconde pochette, aussi vintage que la première mais qui souligne l'art de vivre du bonhomme.
Et la musique, c'est sa vie. Il y observe le romantisme et le quotidien. Il scrute nos émotions désuetes et tous nos vagues à l'âme qui secouent ses paroles, assez singulières. L'air de rien, le musicien semble touche à l'essentiel comme savent le faire nos grands chanteurs comme Daho ou Souchon.
Il cache son intelligence derrière des refrains simples, presque anecdotiques, dans lesquels nos pensées viennent chercher un écho ou un effet miroir. Cela fonctionne à merveille. Les arrangements nous transportent. La gourmandise des accords est constante. Alain Gibert récupère sans problème les aisances mélodiques de la pop et une fausse candeur de la chanson française. Il se glisse dans un costard que l'on croyait poussiéreux mais a qui il rend un éclat agréable et sensible. Nostalgique mais pas vieillot, le style d'Alain Gibert est irrésistible.
L'autre distribution - 2018
Game Night
Les Américains sont de grands enfants: ils n'arrivent pas à séparer la fiction de la réalité. C'est le constat de cette comédie policière très réussie.
Game Night est une excellent surprise. Ne vous privez pas de ce plaisir primaire. Ne vous fiez pas à l'hideuse affiche ou même au pitch suspect. Un couple passionné par les jeux de société, Annie et Max, passent le vendredi soir à s'amuser avec leurs copains. Le frère de Max débarque et les ennuis commencent...
On ne vous en dit pas plus car le scénario est une excuse. Les joutes verbales entre les comédiens sont hilarantes et ces derniers se donnent à fond pour nous faire croire à un cluedo géant. Le couple et leurs potes vont se retrouver dans une sombre histoire mafieuse. Et des situations étonnantes et souvent drôles. La dernière partie d'ailleurs est totalement inutile entrainant le récit vers le cinéma d'action comme si les deux réalisateurs avaient peur de nous ennuyer avec leur concept simple.
Confondre le jeu et la réalité. Finalement le film en dit beaucoup sur les Américains et cette société du jeu. Planqué dans leur banlieue tranquille, le couple de héros échappe à ses problèmes en jouant. De manière compulsive et immersive. Ils entrainent avec eux des copains. C'est le coté très amusant de ce film finalement choral.
Echantillon d'une partie de la société américaine, les protagonistes ont finalement des oeillères sur les vrais problèmes qui les obsèdent au fond (la famille, la solitude, l'amour). Game Night n'est qu'un aimable divertissement mais il sonde peut être malgré lui l'Amérique post Trump, autre animal yankee totalement aveugle sur ce qu'il y a autour de lui.
Avec Jason Bateman, Rachel McAdams, Jesse Plemmons et Kyle Chandler - Warner Bros - 18 avril 2018 - 1h39