1 heure 23’14 » et 7 centièmes, Jacques Gamblin, Bastien Lefèvre, Rond-Point

 

Un théâtre de gymnase où, à la façon gréco-romaine, on travaille l'esprit autant que le corps

Un gymnase quasi-vide, seulement deux bancs et des bandes de ruban adhésif de diverses couleurs collées au sol. Coach ultra-investi, Jacques Gamblin, prépare méticuleusement sa séance. D'emblée, on le sent perfectionniste limite maniaque, caricatural, on commence à sourire. Arrive Bastien Lefèvre, son élève, sur-motivé. Là aussi, l'exagération des traits de caractère est plaisante.

La séance commence par une phase de chauffe quasi-muette où l'on découvre deux hommes en symbiose, l'élève exécutant instinctivement et sans jamais ciller les instructions de son maître, pourtant incompréhensibles pour le commun des mortels. On commence à rire de l'absurdité de la situation. Puis, progressivement, le maître hausse le niveau d'exigence et l'élève rencontre enfin une difficulté. L'exercice semble pourtant des plus simples du strict point de vue de la mécanique corporelle mais c'est l'esprit qu'il faut maintenant apprendre à connaître, à surmonter. Alors que l'élève s'entête, s'exaspère en silence, le coach en appelle à son esprit et s'en fait la voix. Tel Rabelais avec Gargantua, Virgile avec Dante ou Jiminy Cricket avec Pinocchio, il conduit son élève à la conscience de lui-même et ainsi à dépasser ses peurs et ses doutes. Et ce qui ne semblait jusque là qu'un banal exercice physique et un spectacle assez léger prend alors l'ampleur inattendue et la profondeur d'une réflexion métaphysique. Usant du mime, de la danse, et de l'humour (absurde surtout), les deux hommes en appellent à réfléchir, à se connaître, à avoir conscience de soi-même, faute de quoi nous ne parviendrons jamais à nous dépasser.

1 heure 23'14'' et 7 centièmes est une pièce étonnante, subtile, qui amène progressivement à son propos. L'idée est excellente, le rendu très agréable. On regrette juste de ne pas arriver plus tôt dans le vif du sujet car quelque chose nous dit, qu'avec leurs talents conjugués, Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre n'auraient eu aucun mal à nous emmener encore plus loin dans la réflexion et à nous charmer totalement.

Un spectacle de et avec Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre
Jusqu'au 18 mars 2018
Au théâtre du Rond-Point

www.theatredurondpoint.fr / www.ventscontraires.net

chanson du jour: call out your name

Geostorm

Geostorm est un chef d'oeuvre, parmi les gros navetons couteux et complètement débiles. Un pur moment de bonheur!

Dean Devlin fut longtemps le scénariste du plus démolisseur des cinéastes, l'impayable Roland Emmerich. On lui doit donc le scénario de Moon 44, Universal Soldier, Stargate, Independence Day et Godzilla. Devlin est lié au film catastrophe et à la destruction massive. Il est donc logique que pour son premier film, il décide de nouveau de malmener la planète et les pauvres humains.

Il faut dire que les hommes sont encore responsables de la situation critique. Le film n'est pas d'accord avec Donald Trump: le climat est détraqué et il faut agir! Un scientifique bourru invente un système de sattelites pour proteger la Terre des catastrophes à répétition.

L'inventeur est tout de même viré par son propre frère et va vivre dans une caravane en buvant de la bière durant trois ans. Heureusement pour sa santé et son foie, le petit frangin a besoin de lui: les satellites débloquent et le Monde est encore en danger. L'amateur de houblon doit repartir dans l'espace pour empêcher les géotempêtes, une réaction en chaines de catastrophes météoroliques. Franchement Emmerich doit être jaloux de ce scénario ravageur!

Avant la spectaculaire (presque) fin du Monde, Devlin respecte les codes avec des bureaucrates complètement dépassés, des politiciens aveugles, des enfants aux yeux mouillés et des milliers de victimes dont on se fout: ce qui compte ce sont les images impressionnantes.

A ce prix, Devlin sacrifie toute logique et toute originalité: cela rend le film extrêmement con et totalement attachant. Car il semble daté dès la première image. Le film réunit des tas d'acteurs compètents (Ed Harris et Andy Garcia quand même) pour défendre des dialogues hilarants et des scènes téléphonés où ils font les gros yeux ou ouvrent la bouche d'effroi face à l'ampleur des dégats.

Heureusement il y a Abbie Cornish, actrice à la filmographie complètement délirante, volupteuse mais très loin de Jane Campion avec qui elle a débuté dans le sublime Bright Star. Mais il y a surtout le roi de le pépite ratée, le champion du gros budget bien loupé, le fromage de tête des films qui puent: le robuste Gerard Butler.

Une fois encore, il est la preuve évidente que l'on voit un super nanar international qui dépasse la stratosphère de tout bon sens et réalisme. Devlin a dû remonter le film: les incohérences sont assumés, l'intrigue se perd dans un complot grotesque. Bref, c'est une pluie d'erreurs qui s'abat sur cette série B. Un nanar qui décoiffe en tout cas et un dvd indispensable!

Avec Jim Sturgess, Gerard Butler, Abbie Cornish et Ed Harris - Warner Bros - 2017

chanson du jour: bitter red

Chanson du jour: the joke

Luna de Papel

Le groupe bordelais est un farouche vestige des années 90. Pour son dixième album, Les Hurlements d'Léo sont toujours coriaces et amateurs d'un rock libre.

20 ans que ca dure. Les Hurlements d'Leo continue son petit bonhomme de chemin à travers le rock français. On avait découvert le groupe au milieu des Têtes Raides, des Ogres de Barback ou la Tordue. Tout un élan musical qui a disparu depuis! Pourtant eux, ils continuent coute que coute!

Les Hurlements d'Leo survivent aux mutations de la musique. Leur dernier opus est aidé par un financement participatif et ca semble décupler leurs ambitions. Luna de Papel est un disque généreux. Les membres du groupe ont toujours des envies de surprendre et c'est l'une des réjouissances de l'album.

Luna de Papel est une oeuvre énergique. Les musiciens ne baissent pas les bras et continuent de développer leur petit univers lumineux, entre punk, rock et douces utopies. Sur des instruments très différents, ils font face aux injustices et chantent toujours des espoirs ou des illusions.

Ce sont encore des guerriers. Ils ne veulent pas se reposer. Ils invitent leurs compagnons. Ils se défoulent sur des riffs débridés. C'est un feu d'artifice cet album. Si on l'esprit grincheux, on peut toujours dire qu'il n'y a rien de très nouveau ici. Oui mais ce groupe combat. Toujours et encore. Dans sa catégorie. Populaire et héroïque. 20 ans plus tard, ils ne se taisent toujours pas et cette idée est rassurante!

ZN/IRFAN - 2018

Chanson du jour: way out of no way

chanson du jour: my zoo

Tout nait tout s’achéve dans un disque

Gontard serait il le vengeur masqué tant attendu dans la musique française?

Toujours planqué derrière son masque de lapin, Gontard continue de fabriquer son petit univers minimaliste et nihiliste. Son troisième opus nous replonge dans l'oeuvre de ce "petit ouvrier du rock" passionné par son art et chroniqueur de nos solitudes.

La noirceur! Voilà le grand sujet de cet artiste cru et sans concession. Depuis Fauve, le constat franc et direct est très à la mode mais Gontard est un peu plus punk que les adeptes du talk over. On devine chez lui un humour noir et un sens de la dérision presque salvateur.

La musique, elle, est jubilatoire, attachée aux pensées diverses et variées de l'auteur masqué. Très rock, toujours sans fioriture, c'est un son organique, collé à l'émotion... Ce n'est pass la joie chez Gontard mais il incruste dans sa déprime organisée des cuivres et des idées qui réchauffent. On entend et apprécie ce rock d'écorchés qui se cachent dans le rock français et qui ferait bien de sortir à la lumière du succès.

Toujours conjugué au crépuscule, le troisième disque de Gontard est pourtant lumineux. Il y a cette énergie qui transcende toutes les petites misères. Les angoisses, les déceptions, les cruautés, tout ce qui collent à nos baskets, semblent sublimer par la volonté du lapin punk, prêt à bondir sur le moindre refrain. Théâtral, ce disque est une très jolie bizarrerie à écouter et réécouter!

Ici d'ailleurs - 2018

La Forme de l’eau

TOUT EST BON DANS LE TORO ? ! ET BIEN OUI ET NON ! CE NOUVEAU CONTE DONT LUI SEUL A LE SECRET, ENTRE PARFAITEMENT DANS SA FILMOGRAPHIE QUI ALLIE L'ALLEGORIE FANTASTIQUE A LA POESIE BAROQUE, COMME POURRAIT LE FAIRE DANS SON PROPRE STYLE, TIM BURTON QUE J'APPRECIE TOUT AUTANT.

MAIS REVENONS EN A NOTRE TORO OU DEVRAIS JE DIRE A CE MONSTRE TOUT DROIT SORTIE DU LAC POUR S'AMOURACHER D'UNE HUMAINE. ON EST TRÈS LOIN DE "CRIMSON PEAK" QUI RESTE A MON EGARD SON CHEF D'ŒUVRE ABSOLUE MAIS L'INTENTION Y EST TOUT AUTANT.

NÉANMOINS CE POÈME EST MOINS SPECTACULAIRE ET FASCINANT QUE CA AURAIT PU L'ÊTRE. MIS A PART LA MUSIQUE QUE JE N'AI PAS APPRÉCIÉ ( ET QUI M'A PLUS FAIT PENSER A DU "AMELIE POULAIN", AU DEBUT EN TOUT CAS), IL N'Y A PAS DE FAUSSE NOTE SUR LE DÉCOR, LES COULEURS ET LA MISE EN SCÈNE.

C'EST DU GUILLERMO COMME ON AIME MAIS LUI QUI M'AVAIT HABITUÉ A TOUTES UNE PALETTE D'EMOTIONS ET D'ÉMERVEILLEMENT, M'A LAISSÉ COMPLETEMENT DE MARBRE, A ME NOYER DANS LA FUTILITÉ DU RECIT. TOUT EST BEAU MAIS BEAUCOUP TROP TRANQUILLE.

JE M'ATTENDAIS A CE QUE LA PREMIERE RENCONTRE AVEC LA "BÊTE" SOIT PLUS FORMIDABLE QUE CA ! ET MEME SI CA COLLE PARFAITEMENT AVEC L'INDIFFÉRENCE ET LA NORMALITÉ ABORDÉE DANS LE FILM. UNE HISTOIRE D'AMOUR PEU IMPORTE SA FORME COMME DANS "LA BELLE ET LA BÊTE" FINALEMENT.

LES PERSONNAGES NE SONT PAS SI ATTACHANTS QUE CELA. SALLY HAWKINS TOMBE AMOUREUSE A LA PREMIERE PALME POSÉE SUR LE VERRE, ET NE POUVANT PAS PARLER, ELLE SE FAIT COMPENSER PAR OCTAVIA SPENCER QUI N'ARRÊTE PAS DE JACASSER MAIS C'EST LOIN D'ÊTRE PASSIONNANT. LA BÊTE, MI HOMME MI AMPHIBIEN EST DÉLICIEUSEMENT MIGNONNE MAIS C'EST TOUT SE QU'ON EN RETIENT, AUCUN PERSONNAGE N'EST VRAIMENT DÉVELOPPÉ ET C'EST BIEN DOMMAGE.

CE QUI ME DÉRANGE LE PLUS, C'EST QUE PRESQUE TOUTES CES DIFFÉRENCES SONT EXPOSÉS, LA MUETTE, L'HOMO, LA FEMME NOIRE, L'ESPION....ALORS LE MESSAGE EST QU'ENSEMBLE ON EST PLUS FORT CERTES, MAIS BIEN QUE CE NE SOIT VRAI, CA N'A RIEN DE RÉVOLUTIONNAIRE ...

L'AMOUR REND AVEUGLE DIT-ON AUSSI, LA PAUVRE ELLE LES CUMULE DONC ! RHHO CA VA ! EN MÊME TEMPS ELLE CROIT QUOI LA PETITE SALLY, QU'ELLE VA LE RAMENER CHEZ ELLE, LE FAIRE VIVRE DANS SA BAIGNOIRE EN LUI OFFRANT DES ŒUFS AU PETIT DÉJ ? BAH OUI, CA A BEAU ÊTRE UN JOLI RÊVE ÉVEILLÉ, UN JOLI MESSAGE SUR LA DIFFÉRENCE ET LA SOLITUDE ENDORMIE SOUS UNE MARÉE MONTANTE, LA CRÉDIBILITÉ SUR CETTE HISTOIRE, EN PREND UN PETIT COUP POUR MOI..... CETTE FORME DE L'EAU M'A LAISSÉ DU MAUVAIS CÔTÉ DE LA SURFACE.

AVIS AUX AMATEURS

Avec Sally Hawkins, Doug Jones, Michael Shannon et Richard Jenkins - 20th century fox - 21 février 2018 - 2h03

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