Chanson du jour: sure

De pluie, de Nutella et donc de crue


Ah bah ça ! Comme si les morts de Johnny et de France Gall ne suffisaient pas à notre malheur collectif ! Voilà que le Dieu tout puissant qui dicte non seulement les breaking news sur BFM TV mais qui, comme chacun sait, bien sûr, nous attaque en premiers, nous les français, quooiiiiii, évidemment qu’il fait ça, voilà qu’il nous inflige un temps de chiotte depuis 1 mois, une crue de Seine comme rarement et des bagarres de concitoyens pour du Nutella dès les premiers jours de 2018 !

Evidemment que j’aurais pu parler des attentats quotidiens au Mali qui ont encore fait 50 morts la semaine dernière, bien sûr que j’aurai pu évoqué en 2 pages les désolations humaines de migrants qui s’échouent en Méditerranée tous les jours avec des pertes de vies que l’on ne compte même plus, mais vous croyez sincèrement que c’est le plus important !?! Bien sûr que non ! Alors ! Ouvrez les yeux.

D’abord le temps, sincèrement, non mais vous avez vu ce truc, pluie pluie pluie, et attention, c’est pareil partout, moi par exemple j’ai eu une collègue dont la sœur à son beau-frère qui après son divorce est parti dans le sud, et bien elle est formelle !!! Elle l’a eu au téléphone pas plus tard que la semaine dernière pour lui fêter en retard la bonne année, car il parait que l’on peut la souhaiter jusqu’au 31 janvier, si si ça se fait, et bien il lui a dit qu’ils avaient mauvais temps, même dans le sud ! Nous, encore, on pourrait se dire que bon, hein, mais eux, dans le sud, quand même, hein ! Bah alors !

Du coup, forcément, qui dit manque de lumière de soleil de bronzage de ciel bleu, dit taciturne morosité déprime burn out arrêt de travail manque de patience agacement sur les nerfs à fleur de peau à n’en n’a marre a mais ras le bol, ah tiens voilà qui re-pleut ah non c’est pas possible ah mais c’est pas vrai, donc re arrêt de travail enfin sauf pour faire les soldes car bon faut pas déconner quand même, comment ça des morts au Mali, oui enfin bon de quoi ils se plaignent eux ils ont du soleil tous les jours ; du coup re-agacement ah ça oui, et pour se prémunir d’une éventuelle pauvreté bah du coup précipitation (au sens se précipiter pas les précipitations météorologiques) dans le premier Intermarché proche de la rocade ouest car on y a vu une promo lunaire, à défaut de soleil, avec du Nutella à -70% ! oui Madame !!! Ah c’est pas ces feignasses de syriens migrants qui l’auront celui là ; donc du coup on prend sa Dacia break, on fait monter Brandon Kevin et Killian, plus le chien, si si c’est bien dans une Dacia, et direction l’Intermarché. Manque de bol, car bien sûr même quand l’horizon offre un peu d’éclaircies faut toujours un truc qui déconne et voile les plaines bleues, la moitié du village était au courant de la promo d’enfer ; le manque de luminosité collective se fait alors sentir, re re agacement, manque de vigils, c’est mon pot non c’est le mien, non ta gueule je l’ai vu avant toi, non moi d’abord, arrête où je t’en colle une, quoi comment ça les émeutes au Vénézuela, hein c’est quoi le rapport, file moi ce pot, tiens dans ta tronche de pauvre, j’suis pas si pauvre sale con, retourne dans ta Dacia, de toute façon t’es cocu, hein quoi si y’a un rapport, les mômes restaient où vous êtes, Papa va pas se laisser emmerder par ce connard de Jean-Claude, bim bam boum tiens prends ça, baston générale, elle est belle la France, ça aurait Marine ça serait pas la même, quoi les migrants, si un peu de leur faute quand même.

Du coup, émeute sur le parking de l’Intermarché, jet de boue et d’urine sur la Dacia du mec qui a kidnappé 80% des pots de Nutella en loose, le mec rentre chez lui, met près de 8h à nettoyer sa voiture, rigole et tout à l’égout bouchés par la flotte boueuse, pluie battante, canalisation remplie de boue, débordement, inondation, rejet dans la rivière du coin, qui elle-même se déverse dans la Seine à 180km de Paris, plus re-pluie, plus re-re-boue, Seine qui déborde, agacement, taciturne morosité déprime burn out arrêt de travail manque de patience agacement sur les nerfs à fleur de peau à n’en n’a marre a mais ras le bol, Parti Socialiste en déconfiture, le Mali toujours pas on s’en fout, baisse des audiences d’Europe 1 car sujets de fond, alors que nous on veut 12 minutes de météo non mais alors, mort du patron historique d’Ikea, non mais du coup on va faire quoi de nos dimanches, intégrale de Johnny en rupture, spéciale France Gall sur France 3, Slam à 18h, une soupe et au lit, une crue sur le lie, la coupe est pleine, non le Mali toujours pas.

Allez j’vous embrasse.

Hugo, l’Interview, Essaion

Une expérience inédite et envoûtante.

Il fallait, d'une part, le talent de Yves-Pol Deniélou et sa passion pour Victor Hugo pour réaliser une aussi fine compilation des écrits du grand homme. Il fallait, d'autre part, l'ingéniosité et la sensibilité de Charlotte Herbeau pour délivrer ces écrits d'une façon aussi subtile et touchante, sous la forme de réponses à un interview.

Questionné sur son enfance, sa vie sentimentale, sa vocation d'écrivain, son rapport à la religion, son analyse du temps présent, Victor Hugo se révèle simultanément autoritaire, espiègle, préoccupé, doux et charmeur. Au-delà de tout le reste: avare de liberté. Car au-delà de magnifiques morceaux choisis de la plume de Hugo, la puissance et l'envoûtement de "Hugo, l'interview" réside dans la rencontre intime qui est proposée, l'espace d'une heure, avec le corps et l'esprit du grand homme. C'est aussi le caractère insolite du spectacle qui séduit. Faire revenir l'esprit de Hugo, aujourd'hui, dans le coeur du Paris (le théâtre de l'Essaïon est à deux pas du Centre Pompidou et de l'Hotel de Ville), c'est forcément écouter son oeuvre sous un nouveau prisme, notamment celui des évènements que la France et sa capitale ont traversé depuis qu'elle a été écrite. D'éternel et transcendant, Hugo se révèle alors visionnaire: "Que Paris la ville de la révolution, qu'une telle ville, qu'un tel foyer de lumière, puisse être violé, brisé, pris d'assaut, par qui? par une invasion sauvage? Cela ne se peut. Cela ne sera pas. Jamais. Paris triomphera, parce qu'il représente l'idée humaine et parce qu'il représente l'instinct populaire".

Défi relevé avec brio pour Yves-Pol Deniélou et Charlotte Herbeau. Amateurs de littérature, d'histoire ou de politique, n'hésitez pas!

Au théâtre de l'Essaion

Jusqu'au 1er mai 2018
Les lundis et mardis à 19h30 jusqu'au 1er mai

https://www.hugolinterview.fr/

 

chanson du jour: everybody wants to be famous

Aromanticism

Bon bah voilà, en 2017, le R&B a connu une forte rénovation de fond en comble. On oublie les stars des charts et on se concentre sur quelques pousses qui promettent de belles récoltes glamour. On commence par Moses Sumney, incroyable chanteur qui donne des frissons.

C'est le genre de voix qui vous interpelle en une seule phrase. Elle est belle. Elle peut être chaude. Elle est d'une profondeur incroyable: on est ravi de tomber dedans. Le type peut être passionnant en lisant un annuaire. Il en fait la brillante démonstration avec la chanson Don't Brother Calling, où une nappe de cordes laisse la place totale à une voix envoutante.

Effectivement, on est sous le charme rapidement. Agé de 26 ans, Moses Sumney ne croit pas aux nouvelles technologies, aux tendances électro, aux bidouillages modernes. Il pousse la chansonette pour nous offrir de belles émotions, mélancoliques et courageuses.

Le bonhomme se livre. Son vague à l'âme est d'une beauté que l'on ne connaissait plus depuis longtemps. Il a une classe folle ce Moses Sumney. Il parle des amours lointains et décortique la solitude avec des chansons tristes mais jamais molles.

Elles s'explorent. A chaque écoute, on redécouvre son intimité et ses couches d'harmonies qui construisent un cocon soul dans lequel on vous conseille vraiment de vous lover. Beaucoup d'artistes regardent dans le rétroviseur pour puiser de belles idées mélodiques. Ici, c'est plus complexe tellement le chanteur joue sur son honnêteté. Et sa douceur.

C'est un album qui soigne les maux au coeur et vos envies de musique. C'est beau. C'est calme. C'est fascinant. Moses Sumney est un prophète d'un R&B apaisé, qui vous veut obligatoirement du bien.

Jagjaguwar - 2017

Pentagon Papers

La presse, les femmes, le président autoritaire, Pentagon Papers parle très bien du présent en observant le passé. Et au passage, Spielberg rappelle quel virtuose il peut être!

On dit souvent que Steven Spielberg est l'inventeur du blockbuster, avec le succès de Jaws dans les années 70. Il fut bien le roi d'Hollywood. Certes, il veillit mais son oeuvre continue d'avoir du sens et on est stupéfait par l'actualité de son nouveau film qui, comme bien souvent, regarde dans le rétroviseur: Spielberg, humaniste, aime les histoires bienveillantes du passé.

On lui a beaucoup reproché sa naïveté naturelle, mais, aujourd'hui, un film comme Pentagon Papers fait du bien au moral. Il fait aussi du bien aux vrais amateurs de cinéma. Car c'est un film qui ne doit pas être vu sur une plate forme de streaming ou sur un dvd.

C'est du vrai cinéma. Une conversation téléphonique devient un combat spectaculaire en quelques cadres et quelques notes de musique (John Williams revient aux affaires en petite forme mais le job est fait). En toute franchise, il ne se passe pas grand chose dans le film: une bande de journalistes un peu à la ramasse et leur patronne découvrent un dossier brulant sur la Maison Blanche et la politique américaine à l'égard du Vietnam. Nous sommes au début des années 70 et Nixon est aux affaires...

Les journalistes vont donc se battre pour affronter le pouvoir en place et défendre la démocratie. Le refrain est connu. Mais les trompettes ne sont pas triomphantes, la partition est jouée avec finesse. Le manichéisme est plus feutrée. Pas besoin d'en faire des tonnes. C'est Spielberg tout de même. A la différence des politiciens, il apprend de ses erreurs.

Pour lui, toute émotion peut devenir une image et il le prouve avec ces discussions nébuleuses et passionnées qui vont nous donner le tourni et nous emporter dans une réussite éclatante du cinéaste. Il faut dire qu'il est aidée par Meryl Streep et Tom Hanks, tous les deux fantastiques. Mais Spielberg a l'art de trouver la bonne trogne de second plan. Et ils forment un spectacle, ces journalistes aux yeux bouffis et aux habits beiges. Spielberg les filme dans un tourbillon maitrisé et fascinant. Une spirale de micro événements qui va finir par un semblant de justice.

Le journaliste est téméraire et courageux. Le politicien est véreux et dangereux. La démocratie a besoin de journalistes. C'est entendu mais on le redit, Spielberg libère son talent pour cette noble cause avec un enthousiasme incroyable. Le suspense est mineur mais le thriller fonctionne bien. On s'inquiète pour un fait divers qui va bousculer la Maison Blanche mais qui se sentait tellement inattaquable à cette époque.

Difficile de ne pas penser à aujourd'hui. D'autant que son film est très féministe. Curieux, comme Spielberg continue de sentir les choses. C'est souvent le signe des plus grands. Presque intimiste pour un Spielberg, Pentagon Papers prouve à quel point le cinéma est une inspiration, un souffle et surtout un plaisir immédiat donc essentiel!

Avec Tom Hanks, Meryl Streep, Tracy Letts et Bruce Greenwood - Universal - 24 janvier 2018 - 1h50

Chanson du jour: I love LA

The Passenger

ET ENCORE UNE FOIS ON RETROUVE LIAM NEESON DANS SON ROLE DE PREDILECTION QU'IL TIENT DEPUIS PRESQUE 10 ANS. LE SOLITAIRE ABORDABLE, QUI N'A RIEN A PERDRE ET DONC PRET A TOUT POUR SAUVER LA PLANETE.

ALORS CETTE FOIS CI, CA SE PASSE DANS UN TRAIN ET C'EST BIEN LA PREMIERE FOIS EN COLLABORANT DE NOUVEAU AVEC JAUME COLLET SERRA. ON LUI DOIT DEJA DES COURSES POURSUITES DANS L'AVION, A BERLIN OU A NEW YORK. DES FILMS EFFICACES MAIS TOUJOURS AVEC LA MÊME LIGNE DIRECTIVE: LIAM SAUVE LE MONDE!

ET CA ON S'EN DOUTAIT, IL N'Y A PAS DE GRANDE DEMARCHE SCÉNARISTIQUE, NON PAS QU'ON EN DEMANDE DE TROP MAIS C'EST A SE DEMANDER CE QUE CE DUO VA POUVOIR NOUS INVENTER DE PLUS. ET BIEN, LES CASCADES, LES COURSES ET LES COUPS DE FEUX SE FONT CRESCENDO!

CE QUI NOUS LAISSE UNE BONNE HEURE DE REPIT ET CA C'EST UNE BONNE NOUVELLE, POUR LA 2EME HEURE, JE NE POURRAIS EN DIRE AUTANT. TOUT COMMENCE AVEC UNE ENIGME QUE L'ON IMPOSE A NOTRE CHER LIAM. C'EST PAS MAL FICELÉ ET AGREABLE MAIS PAS HYPER CREDIBLE.

AVEC TOUS LES ÉVÈNEMENTS ACTUELS, SI JE VOYAIS UN GARS FAIRE DES ALLER RETOUR NON STOP, DANS UN TRAIN DE BANLIEUE, J'APPELERAIS LA POLICE DE SUITE ET VOUS AUSSI MAIS IL N'EN EST RIEN. TOUS L'OBSERVE LA A DEAMBULER COMME SI DE RIEN N'ETAIT.

CA SE REGARDE ET DE TOUTE EVIDENCE, CA COMBLERAIT N'IMPORTE QUEL DIMANCHE SOIR, MAIS ON FINIT PAR SE LASSER DE CETTE ENIEME FILM A LA SAUCE NEESON. HEUREUSEMENT, VERA FARMINGA ET PATRICK WILSON, DUO INSÉPARABLE DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES MAINTENANT, VIENNENT AGREMENTER CE BON TELEFILM. CE N'EST NI PLUS NI MOINS QUE LES FILMS PRECEDENTS.

CA MANQUE D'ENVERGURE ET CA ME RAPPELLE JUSTE COMBIEN LES FILMS D'ACTIONS DES ANNEES 90 ME MANQUENT.

AVIS AUX AMATEURS

Avec Liam Neeson, Vera Farmiga, Patrick Wilson et Elizabeth McGovern - StudioCanal - 24 janvier 2018 - 1h44

Le Révizor, Nicolas Gogol, Paula Giusti, Montansier

(c) Dominique Vallès

 

L’histoire se passe il y a très longtemps « quelque part entre la Russie et l’Argentine ». Le bourgmestre d’une petite ville est informé de la visite prochaine, impromptue et incognito, d’un inspecteur du gouvernement. Et comme tous les notables locaux ont quelques « petits péchés » sur la conscience, ils se démènent pour dissimuler le chaos qui règne dans la ville. Au tribunal, les gardes élèvent des oies dans le hall tandis que le juge, passionné de chasse, y a installé un chenil. A l’hôpital, les (trop) nombreux malades sont soignés sans médicaments car, s’ils doivent guérir, ils guériront.

 

Or justement, se sont récemment installés dans un auberge un saltimbanque fauché comme les blés, Ossip, et son pantin. Les deux inconnus sont immédiatement pris par nos braves mais malhonnêtes notables pour l’inspecteur (le Révizor) et son serviteur. Ossip comprend vite l’aubaine qui se présente et emmène la ville dans un tourbillon mythomaniaque. Plus les mensonges sont gros et plus la ferveur se déchaine car tous pensent avoir à faire à « quasi un général, tant qu’à faire, un généralissime ».

 

Le Révizor effraye les hommes et charme les femmes, et les événements surnaturels se multiplient. A l’hôpital les malades « guérissent comme des mouches », tandis que l’argent remplit miraculeusement les poches d’un Ossip qui prétend collecter les pots de vin pour son soi-disant maître : « mon maître, il aime que le manger il soit le plus mieux », et il aime qu’on me traite avec égards « moi qui ne suit qu’un esclave ».

 

Si l’histoire du « Révizor ou l’inspecteur du gouvernement » de Nicolas Gogol est bonne, la représentation proposée dans le magnifique Théâtre Montansier de Versailles (un bijou de théâtre à l’italienne) est excellente à plusieurs égards. Le décor est sobre mais nous n’avons pas besoin de plus pour nous projeter volontiers dans l’histoire. L’interprétation des comédiens est juste : tous dosent parfaitement le ridicule de leur personnage pour nous faire rire sans cabotinage. La scène où les hommes viennent tour à tour corrompre Ossip est très drôle ; il y a juste ce qu’il faut de rythme et d’absurdité pour ne pas verser dans une bouffonnerie trop lourde. Le travail avec la marionnette mérite lui-aussi le détour, particulièrement le tango argentin dans lequel il emporte les femmes subjuguées par le charme qu’elles lui prêtent. Enfin, la musique jouée en direct se met au diapason et au service de l’action, sans se mettre en avant.

 

Si le Révizor passe dans votre ville, courrez céder à sa folie !

 

 

chanson du jour: deadly valentine

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