Spécial Noel: Eartha Kitt

Django

Etienne Comar, ambitieux, est allé chercher le barbu Australien Warren Ellis pour nous faire replonger dans le talent fou de Django Reinhardt. Ca fonctionne!

Réalisateur du biopic sur le célèbre guitariste, Etienne Commar est un dingue de jazz manouche. Logiquement, pour la musique de son film, il a pris le meilleur. Le trio Rosenberg se charge donc des reprises. C'est irréprochable. Techniquement, la virtuosité nous emporte.

C'est bien le minimum. Le plus curieux finalement, c'est la nature du producteur de la BO: Warren Ellis. Australien, complice de Nick Cave, il s'interesse aux musiques de films depuis plusieurs années. Il obtient même un César chez nous pour la bande son du film Mustang.

Il aime les objets décalés et pourtant il se révèle assez strict pour Django. C'est impressionnant mais ca ne chavire pas vers quelque chose de différent. Le classicisme prend le dessus. Ce n'est pas désagréable. Au contraire. Il reprend même une oeuvre inachevée du guitariste, sorte de requiem.

Mais quand on connait un peu Warren Ellis, on est tout de même un poil déçu. Et le rock alors? Heureusement les Néerlandais Rosenberg Trio font le boulot. On n'a pas le coté vieillot des enregistrements de Reinhardt mais ils s'éclatent dans le répertoire du mentor du jazz.

Ca fonctionne, ne vous inquiétez pas. Le disque est parfait pour les soirées d'hiver. Il est feutré et délicat. Son enthousiasme est sympathique jusqu'à un final plus sombre. Reste toujours que l'on aurait un petit peu de folie... et ce n'est pas le cas.


Impulse - 2017

Chanson d’actu: Noel

Happy Birthdead

CA COMMENCE TRES BIEN DANS L'AMBIANCE COMME IL FAUT AVEC UN LOGO UNIVERSAL QUI TOURNE EN BOUCLE ET QUI ASSUME DEJA TOUTE L'IDEE DU FILM QUI EST VRAIMENT ALLECHANTE.

LA MORT EN BOUCLE OU LE DERNIER JOUR DU RESTE DE TA VIE POUR TOUJOURS, ENCORE ET ENCORE, A MOINS QUE L'ON NE TROUVE POURQUOI ON SE FAIT BUTER LE JOUR DE SON ANNIVERSAIRE . UN CONCEPT QUI NE MANQUE PAS DE SOUFFLE ET QUI POUR LE MOMENT REVISITE SURTOUT DANS LE GENRE HORRIFIQUE.

L'HEROINE EST CRAQUANTE ET ATTACHANTE ET C'EST LE GRAND ATOUT DU FILM, ET ON NE VA PAS S'EN PRIVER. ON A VRAIMENT UN RETOUR DE SLASHER COMME "DETENTION", "SOUVIENS TOI L'ETE DERNIER" OU MÊME "SCREAM" ET ÇA, ÇA FAIT VRAIMENT PLAISIR.

ON A VU PAS MAL DE TRES BONS FILMS D'HORREUR MAIS FINALEMENT TRES PEU DANS CE SOUS GENRE ET SURTOUT SOUS CET ANGLE. EN BREF HEIN, LE FILM A TOUT POUR PLAIRE, AVEC UNE VRAIE IDEE ET DES JUMP SCARE CLASSIQUES BIEN PLACÉS QUI ONT BIEN FAIT LEUR EFFETS.

C'EST JUSTE DOMMAGE QUE LES DIALOGUES DU DEBUT AVANT QUE TOUT NE COMMENCE A ETRE UN GROS BORDEL, ACCUMULENT CERTAINS CLICHÉS ASSEZ VULGAIRES ET PEU NÉCESSAIRES. LE FILM AURAIT PU ETRE TRANSCENDÉ AU DELA DE CA PUISQUE LA SECONDE PARTIE, UNE FOIS QU'ELLE COMPREND CE QUI LUI ARRIVE VRAIMENT, EST TRES APPRECIABLE.

UN PETIT SLASHER QUI OSE INNOVER, DROLE, MALIN ET SUFFISAMMENT EFFICACE POUR QU'ON SE LE MATE ENCORE, ENCORE ET ENCORE. POUR CEUX QUE CA INTERESSE DE NE PAS ME LE FETER C'EST LE 23 MARS MERCI.

AVIS AUX AMATEURS

Avec Jessica Rothe, Israel Broussard, Ruby Modine et Charles Aitken - 15 novembre 2017 - Universal - 1h37

Spécial Noel: Fernandel

War of the Planet of the apes

Une partition robuste qui montre enfin l'étendue du talent d'un compositeur à l'ombre des géants. Une bataille est enfin remportée pour Michael Giacchino.

On va profiter de la fin d'année pour vous causer un peu des musiques de film, genre dont on ne parle pas ou peu d'habitude. Et pourtant entre les sound design, les compilations rock et les partitions classiques, il y a toujours quelque chose à découvrir dans ce petit monde si feutré et surveillé par l'industrie du cinéma.

Michael Giacchino est un vieux complice de JJ Abrams. Grace au succès de ce dernier, il prend la tête d'orchestre pour des blockbusters de plus en plus costauds. Mais on lui a souvent reproché de reprendre des thèmes sur des franchises (Star Trek, Star Wars) et de les gonfler à coups d'élans lyriques.

C'est pour la franchise de La Planète des Singes qu'il réussit le mieux à s'émanciper. Il avait réussi le précédent épisode. Il explose tout dans ce dernier volet, martial à souhait qui débute avec un morceau de 10 minutes qui fait trembler les murs!

Le reboot de la série va au delà de toute espérance. La musique en fait tout autant. Rarement on a été pris par des violons stridents et des tambours exaltants. Giacchino a vite fait oublier l'effort de Patrick Doyle sur le premier épisode. En quelques notes, il nous emmène dans un monde animal, sulfureux et dangereux.

On retrouve le coté sauvage de la série Lost qu'il avait animé en musique. Il joue constamment sur les ruptures de ton. Il amène une guitare électrique. Il s'éclate littéralement et cela se ressent dans l'énergie communicative du disque. Ce n'est pas un registre sage et classique. L'auteur joue les aventuriers lui aussi comme les héros plus ou moins poilus du film.

Tous les styles se téléscopent dans la partition sans être une bouillie sans forme. Il y a une vraie harmonie dans l'ensemble. Au delà de la performance, il y a l'émotion que procure les mélodies, tribales ou tendres. De toute facon, elles dressent les poils.

Sony Classical - 2017

« LES TONDUES », Perrine LE QUERREC, Jacques CAUDA

 

La quatrième de couverture donne le « la » époumoné de ces « Tondues » à qui l’écrivaine Perrine Le Querrec lègue ses mots et le peintre Jacques Cauda son crayon à dessin. « N’a-t-on jamais demandé aux hommes s’ils avaient couché avec une allemande, les a-ton transbahutés sur des charrettes à travers villes et villages sous les huées ? A-t-on jugé leur sexualité, a-ton jugé leur chair, leur pénis, leur cœur ? »
Ceux qui se targuaient de clamer hier « Je suis Charlie », auront-ils le cran (sic) de clamer aujourd’hui « Je suis tondu » ? A défaut de tignasse, je n’en mettrais pas ma main à couper, mais qu’importe…

En un peu plus de trente pages courageuses (merci aussi à l’éditeur Z4), un épisode sinistre de l’histoire de France passe la mémoire enfouie des hommes à la Marie-Rose pour rendre moins lisse le crâne de l'infamie.

En même temps que tombent les chevelures tombent les masques des maîtres de l’exemplarité et rebondit le destin des femmes à travers les siècles. Le duo Le Querrec / Cauda scalpe au sécateur le non dit intemporel des outrages faits au « sexe faible ». Quand l’une écrit avec le vif de ses entrailles, l’autre fomente ses noirs dessins. Perrine s’exprime en urgentiste, Jacques décolore le trait. A chacun, chacune, sa partition dans un témoignage essentiel : donner à entendre pour effacer le silence de la langue, donner à voir pour gommer le silence des yeux. « Le silence des femmes. Ce silence de la peur de la honte un silence séculaire la langue mordue la tête tondue. Silence reste à ta place attends mon retour attends ton tour sur la ligne brisée de ton départ sans espoir d’arrivée. Et les cheveux tombent et les femmes tombent et la raison tombe et l’humanité tombe et je tombe le corps attaqué au sommet ».

A l’heure où les extrémismes de tout poil font sortir du bois la bête du totalitarisme, Perrine Le Querrec et Jacques Cauda nous appellent à bien plus que la vigilance, ils crient la rage de résister et le refus du laisser-faire. Leur crédo universel renvoie dos à dos le dévoiement des religions alibis de l’horreur, le diktat sexuel, le plaisir trouble du bourreau face à sa victime, l’oppression originelle du fort sur la faible.

« L’ennemi est désigné c’est l’ennemie, la femme c’est l’ennemie la faute le trouble l’incendie les bombes la menace. La chevelure c’est l’ennemie. Baudelaire. La poésie. La liberté. La sensualité. L’être profond. Les violences varient. Les violences spécifiques. A coups de ciseaux à coups de fouet à coups de pierre à coups d’acide à coups de rasoir à coups d’insultes à coups de verges. »

Loin des philosophes bénis oui-oui habiles à couper en quatre les cheveux de la réalité pour légitimer le déni, à contre courant des castes revanchardes pseudo-féministes, ce livre va au-delà de la demande d’égalité des sexes. Il est un vibrant plaidoyer pour le respect du « moi » de la femme, son essence et son intégrité, dusse-t-il en coûter aux hommes le partage du pouvoir qui va avec, et le vertige de la peur qui change de camp.

« Nous sommes métisses / Nous sommes l’épouvante et la puissance / L’utopie et la faille / L’inégalité flagrante vivante souffrante vibrante rayonnante / Nous sommes une bouche le langage – des seins un cœur- des bras l’étreinte – des cuisses la force – des yeux la perception – deux cerveaux l’intelligence – un sexe la vie / Une chevelure / Une femme. »

« Les Tondues » Z4 Editions. 12 euros.

Battle of the sexes

Le sexisme ce n'est pas beau. L'homophobie ce n'est pas bien. Battle of the Sexes enfonce des portes ouvertes mais le fait avec des raquettes de tennis et un goût certain pour le vintage. Ca se regarde donc.

Jonathan Dayton et Valérie Faris sont les auteurs du remarquable Little miss Sunshine, film étalon qui a donné tous les tics du cinéma indépendant. Désormais les deux auteurs en sont un peu victimes. Ils ne font plus vraiment qu'un copié collé de leur style.  On ne peut pas leur en vouloir.

On leur en veut quand même un petit peu avec Battle of the Sexes et sa dénonciation lourdingue de la misogynie et de l'Amérique trop viril du début des années 70. Les nuances sont totalement absentes  et la libération de la femme est un enjeu un peu trop appuyé.

Depuis Mad Men, tout a été dit sur le sexisme avec un style rétro. Et l'étude était d'une subtilité tout autre. Là c'est franchement grotesque et caricatural. D'un coté, il y a un vieux tennisman qui s'ennuie et qui fait le guignol pour faire parler de lui et pimenter sa retraite. De l'autre, il y a une championne qui découvre qu'elle aime les femmes et qui ne supporte pas les inégalités entre les hommes et les femmes.

Heureusement il y a Steve Carell qui s'amuse comme un petit fou et Emma Stone qui joue la combattante avec une conviction rare. Les deux composent un duo impeccable. Cela sauve totalement le film et c'est l'intérêt essentiel du film. Leur jeu est vraiment jubilatoire. C'est l'attraction de Battle of the Sexes.

Tout comme la reconstitution ensoleillée des années 70 en Californie. Les survétements, les motels, les voitures tout y est pour plonger dans la fin d'une époque et le début d'une révolution. Le féminisme va bien aux années 70. C'est un peu trop stéréotypé certes mais le spectacle est visuellement ravissant.

Ce n'est pas un film sur le sport mais sur une période. Le tennis est une excuse pour un discours que l'on a peut être un peu trop entendu. Cependant le film s'apprécie comme une sucrerie californienne et remporte le match... euh notre adhésion!

Avec Emma Stone, Steve Carell, Sarah Silverman et Andrea Riseborough - 20th century fox - 22 novembre 2017 - 2h02

Special Noel: Band Aid

Jazz Loves Disney 2

Voilà le genre de disque que l'on devrait détester. En période de fête, il est plus que réjouissant!

Disney truste tout l'entertainment dans le Monde entier. Des gentils dessins animés jusqu'aux super héros envahissants en passant par les Jedi de tout poil. L'industrie aux grandes oreilles est devenue tentaculaire et on observe d'un mauvais oeil son arrivée en fanfare dans l'univers feutré et indépendant du jazz et ses artistes hors normes.

Pourtant les musiques de Disney sont sensibles au rythme jazz et les arrangements vont bien aux grosses sucreries des long métrages qui nous agressent plus ou moins. Lorsque l'on va chercher dans le vieux répertoire de Disney, le boulot est maché: le jazz était à la mode et une nouvelle interprétation ne demande pas trop d'effort. Mais beaucoup de talents.

Il y en a dans Jazz Loves Disney: Jamie Cullum, Madeleine Peyroux ou encore George Benson. Et plein d'autres. Venus de la pop comme Selah Sue ou Thomas Dutronc. Les interprétes se succèdent et rendent un hommage Big Band assez chaleureux pour faire la différence. Rapidement le disque semble être de saison. Il est généreux et en plus le style va bien aux fêtes de fin d'année. Les choix sont plus ou moins délicats mais à chaque fois, on se fait avoir!

Ce n'est pas du grand oeuvre: Les compilations ont toujours un aspect foutraque. Cependant c'est du standard élégant et parfois capricieux. On a des petites surprises qui font toute la différence. Les artistes ont des styles variés et s'adaptent avec jubilation au titre choisi! Il y a des pointes soul et surtout personne ne semble se trahir en touchant à la guimauve de certains morceaux. La gourmandise est d'abord musicale et cela s'entend.

Le premier volume était déjà réussi. Le second continue de séduire avec cette apparente humilité qui fait plaisir à écouter. C'est un peu décousu mais le charme est indéniable et on retrouve presque une innocente tendresse pour Mickey et tous ses amis.

Universal - 2017

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