Gala, Jérôme Bel, Théâtre du Rond-Point

Voué aux arts contemporains et à la rencontre des disciplines, le spectacle « Gala » ouvre le Festival d’Automne qui se tient à Paris jusqu’en Décembre. Ce spectacle questionne les notions d’arts et de spectacle via le prisme de la pratique amateur.

« Gala » est un spectacle que Jérôme Bel a créé en 2015 suite à une série d’ateliers effectuée en Seine-Saint-Denis. Lui, qui n’enseigne pas, a accepté de participer à un projet de travail avec des amateurs. Cette expérience a été l’opportunité de questionner les limites de la pratique artistique : qu’est-ce que le beau, qu’est-ce qui peut être qualifié d’art ? En définitive, qu’est ce qui fait qu’un spectacle peut être considéré comme spectacle ?

« Gala » s’ouvre sur une série d’image de scène théâtrale à travers les âges et les styles. Le point de vue varie du spectateur aux « artistes ». Cette ouverture dure pratiquement 10mn comme si le public devait être préparé à réfléchir sur les notions de représentation théâtrale, de spectateur et d’artiste.

La consigne est simple, la même pour tous, répéter chacun à son tour le mouvement de danse écrit sommairement sur un panneau à l’avant-scène. Des genres très différents sont utilisés et traités à égalité.
Dans la première partie, certains amateurs s’en sortent mieux que d’autres mais il y a un décalage flagrant avec les interventions menées par les professionnels. Boudinés dans des justaucorps lamés et des jambières, on oscille entre le rire et la gêne. Les rires fusent et s’apparentent parfois à de la moquerie.
Qu’est-ce que nous pouvons attendre d’une personne corpulente qui réalise un saut ? Qu’est-ce que nous pouvons attendre d’une personne qui chante « Moi, je veux mourir sur scène » avec une voix chevrotante avec comme seule aide, la musique qui vient de son portable ? Nous avons la vague impression d’assister à un gala de danse d’une fin d’année scolaire sauf que nous ne sommes pas les parents de l’un des participants.

Et puis la seconde partie arrive. La petite troupe doit reproduire la proposition d’un amateur ou d’un professionnel. Dès lors, on dépasse le cadre de la technique pure pour découvrir que la danse peut-être un moment de partage. Comme l’exprime Jérôme Bel : «Chacun porte des savoirs – non pas chorégraphiques, mais «dansés» – savoirs plus ou moins sophistiqués selon les personnes». L’objectif n’est pas de gommer la frontière entre professionnels et amateurs mais de proposer une vision de la représentation et du spectacle.
Cette seconde partie est apparue plus intéressante car on se situe dans le partage : chacun peut illustrer son « soi » dansant alors qu’auparavant, on avait l’impression d’assister à une reproduction impossible.

De prime abord, je me positionne en tant que spectateur qui veut se nourrir de beauté conventionnelle et souhaite être émerveillée visuellement. C’est pourquoi, je me suis demandée l’intérêt d’assister à ce spectacle à plusieurs reprises.
Mais finalement, je suis ressortie attendrie par l’énergie et le courage de ces artistes d’un soir. Ils prennent du plaisir et le partage avec le public. On ressort touché avec plein de questionnements. Finalement, en suscitant de l’émotion et en touchant le spectateur, Jérôme Bel a bien réussi son pari.

 

Du 04 au 15 Octobre 2017

Théâtre du Rond Point

 

Sourds doués, Théâtre Trévise


Quatre Surdoués cravatés jouent de la clarinette, de la trompette, du cor et de la clarinette basse sans oublier de jouer d’eux-mêmes. Avec assurance sur scène et une équipe de choc : du metteur en scène au magicien, de la chorégraphe au chef de chant, ils offrent un spectacle de jeu musical et théâtral où l’on ne s’ennuie pas un instant.

De la joie, de l’amitié, du gaguesque.

Du loufoque au psychorigide qui mène à la baguette en passant par l’ébahi et le farceur, leurs caractères se complètent. Avec leurs instruments à vent ils font rire…et chanter !
Ils passent à leur aise d’un univers à l’autre : fanfare, Contes d’Hoffman, Reine des neiges, valse d’Amélie Poulain, tango... Ils esquissent même des pas de danse quand le cœur leur en dit. Le travail sur la lumière est remarquable. Il fait briller les cuivres et résonner la trompette.

Il en a fallu des heures de gammes pour en arriver à cette maitrise-là. Et des soirées de délire pour atteindre cette complicité. Des jeunes débutants au conservatoire aux mélomanes aguerris en passant par les assoiffés de rire, tous les publics, si vous voulez faire le plein de bonne humeur, courrez les écouter !

 

Les Sourds-doués

Jusqu'au 18 décembre 2017

Théâtre Trévise

Hallelujah anyhow

Il y a des disques qui ne veulent rien si ce n'est que vous soyez bien dans votre peau. Ce genre de disque n'est pas remboursé par la sécurité sociale mais devrait l'être. Une bouffée d'air frais américaine:un voyage pas cher et réussi

Parce qu'il y a des musiciens qui ne cherchent qu'une chose: l'harmonie et la mélodie. Les membres de Hiss Golden Messenger semblent appeler par cette volonté. Leurs chansons sont gentilles. Elles ne sont pas lisses. Elles vous charment naturellement avec une humilité qui les ferait passer presque pour des bouseux de la Caroline du Nord!

MC Taylor est à la tête de Hiss Golden Messenger: il est sur la pochette dessiné et pleine de fleurs. Clairement il n'a que des bonnes intentions. Il chante l'Amérique de John Mellencamp et semble être un lointain cousin des Jayhawks, première référence en country dite moderne ou contemporaine. Le groupe appartient au fameux genre de l'Americana.

Il y a donc des rimes avec Gasoline et des histoires sur les petites gens de ce vaste pays, incroyable et fascinant. C'est un rock stéréotypé mais pas du tout désagréable. Taylor imite Dylan à la perfection et la musique ne veut que caresser nos oreilles avec des délicats arrangements électriques et un piano élégant. C'est de la musique écrite au bord des routes poussiéreuses, au milieu d'une nature imposante, peuplée de sentiments troubles et de beaux refrains mid tempo.

Le groupe est très premier degré et c'est ce qui le sauve de la caricature. Il croit vraiment en ses chansons douces et graves à la fois. Ca sonne parfois un peu trop "radio pour la route 66", mais l'ensemble ressemble à un travail bien fait et réalisé avec du coeur. On n'a rien pour une traversée de cette Amérique des campagnes, qui continue d'écouter Springsteen et Dylan. Mieux qu'un voyage touristique!

Merge - 2017

Journée internationale des toxicomanies

Anarchy and alchemy

On continue de se souvenir de ce joyeux temps où Suede sexualisait la musique, où Pulp se moquait de ses contemporains, où Blur et Oasis se faisait la guerre, avec la sortie discrète du nouvel album de Echobelly, premier amour pour beaucoup de lads!

Car pendant que les Gallagher insultaient le leader de Blur, une autre gueguerre version féminine existait au pays de la britpop avec la blonde des Cranberries et la brune d'Echobelly. D'un coté, il y avait l'Irlandaise un peu réac et de l'autre l'indienne aux yeux d'amande installée en Angleterre.

En plus d'avoir une jolie voix, Sonya Madan avait de quoi charmer les plus taciturnes des auditeurs. Comme beaucoup de groupes, les débuts furent tonitruants puis tout s'est compliqué. Le groupe a disparu définitivement en 2004.

Mais Sonya Madan et le guitariste Glenn Johansson se sont retrouvés pour des concerts acoustiques puis ont recommencé à écrire. C'est à Abbey Road qu'ils enregistrent avec deux nouveaux complices une série de chansons plus matures, moins sautillantes mais encore intéressantes.

Après la nostalgie, vient un esprit combattif que l'on entend peu dans la pop actuelle. Le groupe conserve ce charme londonien, ouvert sur tout et sur parfois n'importe quoi. La voix est moins malicieuse mais plus posée. Les chansons elles sont encore courageuses malgré une structure assez simple. On n'est plus dans les hits joyeux des débuts. Certains seront décus, d'autres apprécieront ces retrouvailles inattendues.

Le disque donne une impression de lenteur. Un retour en douceur peut être. Ce n'est pas mou mais on échappe vraiment à une redite des débuts. On est un peu trop loin peut être du style initial. Pas désagréable. Mais comme lorsqu'on revoit un premier amour, on peut être un peu frustré.

Fauve - 2017

Journée internationale du hamburger

Le monde secret des Emojis

Quel monde étrange, votre téléphone. Il y a une vraie vie dedans. Et cela donne un film qui n'oublie jamais d'être publicitaire.

Ce que l'on ressent c'est tout de même une succession de publicités pour des franchises qui cartonnent déjà sur nos smartphones. Ils sont tellement intelligents que Textopolis abrite tous les émojis qui nous permettent de ne plus écrire et de nous faire comprendre avec des petites images mignonnes et inoffensives!

Gene est donc le petit être jaune qui doit représenter l'émotion, BOF! Mais il n'y arrive pas. Il est capable de représenter beaucoup de sentiments. Il devient aussitot une anomalie et met en péril le bon fonctionnement du portable d'Alex, un adolescent qui en pince pour une lycéenne et qui aimerait bien communiquer avec elle.

Donc tout le monde doit faire des efforts pour parler, se dire les choses, vivre ensemble! C'est le beau message de ce film qui célèbre un moyen de communiquer assez régressif même s'il est ludique et rigolard. Une petite contradiction qui n'empêche pas le film de mettre en avant l'utilisation du portable mais aussi en sous texte, la transformation du langage et la difficulté des rapports humains. Les adultes seront sceptiques; les enfants eux, seront aux anges.

Il y a de la musique qui balance. Il y a du rythme et peu de temps mort. C'est leur univers. Coloré. Mignon comme tout. Et surtout ultra franchisé! Le monde secret des emojis est un pur produit de consommation. Il ne renie même pas ce statut. A l'image des émojis, il y a moyen de rire... jaune!

Sony Pictures - 18 octobre 2017 - 1h20

Kicking up the dust

Il n'y a pas que le shoegazing dans la vie! La Britpop refait parler d'elle avec le retour de vieilles gloires sur le devant de la scène. Teenage fanclub lachait un nouveau chef d'oeuvre l'année dernière. Les Charlatans montrent toujours qu'ils existent.

Liam Gallagher refait parler de lui avec un album solo. Son premier. Il prend certainement toute la place car il y en a d'autres qui reviennent comme Cast, le groupe de John Power, idole de Noel Gallagher.

Pour le guitariste d'Oasis, Cast est le Who des années 90. Le compliment fait date et le groupe continue son bonhomme de chemin après un arrêt de dix ans, en 2001 et 2011. Ancien bassiste des mythiques The La's, John Power a tenté une carrière solo sans grande conviction. Il se sent plus fort avec ses copains de Cast.

A bientôt cinquante ans, le leader de Cast ne fait plus de la grosse britpop efficace qui vous transformerait automatiquement en supporter du FC Liverpool. Ses nouvelles chansons sont plus rock, plus aventureuses, éloignées des débuts turbulents et tonitruants du groupe.

Power et ses fidèles complices tentent un style plus bariolé avec un peu de funk et pas mal de rock. C'est convaincant. On veut bien croire qu'à 50 balais on a l'envie d'aller voir un peu ailleurs.

Ce n'est toujours pas maitrisé mais c'est agréable de voir que cyniquement Power et les siens n'essaient pas de reproduire bêtement les hits qui ont fait la gloire perdue. On entend des types passionnés et pas du tout blasés. Leur musique ne ressemble pas aux Who mais comme eux, ils savent que la pop est une forme de musique que l'on peut triturer comme on veut. Enfin eux, ils tentent! C'est déjà ça!

Cast recordings absolute - 2017

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